Par Jessica Purkiss
Mercredi 24 septembre, les fidèles musulmans ont fait leurs prières de l'aube dans les rues, le troisième lieu saint de l'Islam ayant été placé en état de siège par les soldats. Une pluie de balles caoutchouc-acier s'est abattue sur ceux qui refusaient d'arrêter de prier, touchant trois écoliers dans leurs salles de classe. Un gamin de onze ans a échappé à une tentative d'enlèvement dans un quartier voisin. Un homme a démoli sa maison de ses propres mains pour éviter les amendes colossales qu'il encourt si le gouvernement qui a signé l'ordre de démolition s'en charge.
C'est une journée à Jérusalem, le siège des lieux les plus saints pour quelques-unes des principales religions du monde. Jérusalem-Est, la soi-disant capitale d'un Etat palestinien, a été annexée par Israël, qui l'a déclarée sa capitale indivisible en 1980. Ils l'ont encerclée d'un mur et ont appliqué un système strict de permis qui en bloque l'accès à de nombreux Palestiniens de Cisjordanie .
Depuis lors, le gouvernement israélien s'est embarqué dans un projet de "judaïsation", démolissant sans fin des maisons palestiniennes de la ville pour faire de la place à un nombre croissant de colons israéliens - pour marquer la ville comme capitale d'Israël et éradiquer son identité palestinienne. Le sentiment de frustration déborde et de fréquents affrontements entre les jeunes Palestiniens et la police et l'armée israéliennes armées jusqu'aux dents transforment la ville en champ de bataille.
Ce fut un été de protestations à Jérusalem-Est. Trois colons israéliens ont été kidnappés [près d'Hébron, ndt] le 12 juin, déclenchant une chasse à l'homme menée par les soldats israéliens qui ont fouillé et saccagé des milliers de maisons ; les corps des jeunes colons ont été découverts deux semaines et demi plus tard. La semaine qui a commencé avec leurs funérailles s'est terminée avec celles d'un jeune Palestinien. Le corps calciné de Mohammed Abu Khdeir, 16 ans, du quartier de Shu'fat àJérusalem-Est a été découvert le 2 juillet ; il avait été enlevé par des extrémistes israéliens pour venger le meurtre des trois colons israéliens. Les jours qui ont suivi son enterrement ont vu des manifestants laisser libre cours à leur révolte dans les rues de Jérusalem Est, exigeant justice et changement.
A peine quelques jours plus tard, Israël lançait son offensive militaire surGaza. Le déclenchement de l'opération "Bordure de protection" a conduit à ce que certains ont décrit comme le soulèvement des habitants palestiniens de la ville le plus fort et le plus durable depuis une décennie. Dans les manifestations, Mohammed Sunuqrut, 16 ans, a été blessé à la tête par une balle "à bout en mousse" (1) et est mort de ses blessures une semaine plus tard.
De l'enlèvement de Mohammed Abu Khdeir au cessez-le-feu à Gaza, 56 jours plus tard, au moins 727 habitants ont été arrêtés à Jérusalem-Est et on évalue à 260 le nombre d'entre eux qui ont moins de 18 ans - la plupart accusés de jets de pierre ou d'avoir participé aux manifestations. 58 mineurs sont toujours derrière les barreaux, tandis que l'été de protestations se transforme en un automne apparemment plus calme.
Selon le Centre d'information Wadi Hilweh, à Silwan, quartier palestinien deJérusalem-Est situé au cœur du "projet de judaïsation" d'Israël, la plupart des mineurs arrêtés ont 12 ans et plus, mais il y a eu de nombreux cas d'arrestations d'enfant de 8 et 9 ans. Mahmoud, un employé du Centre, a déclaré : "Quand ils arrêtent les enfants, ils leur enseignent comment survivre aux interrogatoires, comment ne rien dire, comment agir pendant les interrogatoires. Ils enseignent la haine à nos enfants." Après avoir souligné que des enfants de plus en plus jeunes descendent dans les rues pour manifester, il ajoute : "Ce que ces enfants deviendront dans l'avenir est fait par Israël."
La situation émeut également Defence for Children International-Palestine(DCI-P), une ONG de défense des droits des enfants basée en Cisjordanie. "Le pic dans le nombre d'enfants arrêtés à Jérusalem-Est depuis l'assassinat de Mohammad Abu Khdeir en juillet est extrêmement préoccupant, d'autant que beaucoup d'entre eux ont moins de 15 ans," a dit Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation à DCI-Palestine. "Les jeunes Palestiniens à Jérusalem-Est, à qui le système des tribunaux militaires israéliens nie déjà systématiquement les droits, sont maintenant traités de plus plus durement par les autorités israéliennes."
Depuis juillet, le bureau du procureur de district de Jérusalem a, selonHa'aretz, institué une politique plus sévère concernant ces détenus - demandant la détention provisoire jusqu'à la fin de la procédure. La nouvelle politique, mise en place peu de temps après la mort de Mohammed, s'applique également aux mineurs et des dizaines ont été emprisonnés pendant un mois ou deux avant que leur procès ne commence.
Depuis lors, le gouvernement israélien s'est embarqué dans un projet de "judaïsation", démolissant sans fin des maisons palestiniennes de la ville pour faire de la place à un nombre croissant de colons israéliens - pour marquer la ville comme capitale d'Israël et éradiquer son identité palestinienne. Le sentiment de frustration déborde et de fréquents affrontements entre les jeunes Palestiniens et la police et l'armée israéliennes armées jusqu'aux dents transforment la ville en champ de bataille.
Ce fut un été de protestations à Jérusalem-Est. Trois colons israéliens ont été kidnappés [près d'Hébron, ndt] le 12 juin, déclenchant une chasse à l'homme menée par les soldats israéliens qui ont fouillé et saccagé des milliers de maisons ; les corps des jeunes colons ont été découverts deux semaines et demi plus tard. La semaine qui a commencé avec leurs funérailles s'est terminée avec celles d'un jeune Palestinien. Le corps calciné de Mohammed Abu Khdeir, 16 ans, du quartier de Shu'fat àJérusalem-Est a été découvert le 2 juillet ; il avait été enlevé par des extrémistes israéliens pour venger le meurtre des trois colons israéliens. Les jours qui ont suivi son enterrement ont vu des manifestants laisser libre cours à leur révolte dans les rues de Jérusalem Est, exigeant justice et changement.
A peine quelques jours plus tard, Israël lançait son offensive militaire surGaza. Le déclenchement de l'opération "Bordure de protection" a conduit à ce que certains ont décrit comme le soulèvement des habitants palestiniens de la ville le plus fort et le plus durable depuis une décennie. Dans les manifestations, Mohammed Sunuqrut, 16 ans, a été blessé à la tête par une balle "à bout en mousse" (1) et est mort de ses blessures une semaine plus tard.
De l'enlèvement de Mohammed Abu Khdeir au cessez-le-feu à Gaza, 56 jours plus tard, au moins 727 habitants ont été arrêtés à Jérusalem-Est et on évalue à 260 le nombre d'entre eux qui ont moins de 18 ans - la plupart accusés de jets de pierre ou d'avoir participé aux manifestations. 58 mineurs sont toujours derrière les barreaux, tandis que l'été de protestations se transforme en un automne apparemment plus calme.
Selon le Centre d'information Wadi Hilweh, à Silwan, quartier palestinien deJérusalem-Est situé au cœur du "projet de judaïsation" d'Israël, la plupart des mineurs arrêtés ont 12 ans et plus, mais il y a eu de nombreux cas d'arrestations d'enfant de 8 et 9 ans. Mahmoud, un employé du Centre, a déclaré : "Quand ils arrêtent les enfants, ils leur enseignent comment survivre aux interrogatoires, comment ne rien dire, comment agir pendant les interrogatoires. Ils enseignent la haine à nos enfants." Après avoir souligné que des enfants de plus en plus jeunes descendent dans les rues pour manifester, il ajoute : "Ce que ces enfants deviendront dans l'avenir est fait par Israël."
La situation émeut également Defence for Children International-Palestine(DCI-P), une ONG de défense des droits des enfants basée en Cisjordanie. "Le pic dans le nombre d'enfants arrêtés à Jérusalem-Est depuis l'assassinat de Mohammad Abu Khdeir en juillet est extrêmement préoccupant, d'autant que beaucoup d'entre eux ont moins de 15 ans," a dit Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation à DCI-Palestine. "Les jeunes Palestiniens à Jérusalem-Est, à qui le système des tribunaux militaires israéliens nie déjà systématiquement les droits, sont maintenant traités de plus plus durement par les autorités israéliennes."
Depuis juillet, le bureau du procureur de district de Jérusalem a, selonHa'aretz, institué une politique plus sévère concernant ces détenus - demandant la détention provisoire jusqu'à la fin de la procédure. La nouvelle politique, mise en place peu de temps après la mort de Mohammed, s'applique également aux mineurs et des dizaines ont été emprisonnés pendant un mois ou deux avant que leur procès ne commence.
(Source : Silwanic).
Le jeune Mohammed Zaghal, 11 ans, qui a échappé à une tentative d'enlèvement à Al-Qods mercredi 24 septembre, grâce à l'intervention de passants palestiniens
(Source : Silwanic).
Indépendamment de la hausse des arrestations, Mahmoud dit que les enfants de Jérusalem-Est ne sont toujours pas en sécurité. Il affirme que depuis l'enlèvement de Mohammed, il y a eu 20 à 30 cas de tentatives d'enlèvements d'enfants palestiniens par des extrémistes israéliens dans les rues de Jérusalem-Est - dont une tentative, mercredi, sur un enfant de 11 ans, qui a été déjouée par des passants. Il estime qu'il s'agit d'une nouvelle tactique pour effrayer la population : "C'est un nouvel outil qu'ils utilisent contre nous, pour faire peur à nos enfants. Ils ne peuvent vraiment pas aller au magasin acheter des bonbons en sécurité."
Malgré cette évolution alarmante, ces tentatives ne sont pratiquement pas déclarées à la police israélienne. Mahmoud déclare : "Nous avons essayé la police, par le passé, mais quand des colons ont tué un habitant de Silwan, ils les ont libérés quelques heures après et l'affaire a été enterrée."
Il ajoute : "Les adolescents israéliens ont disparu et ils ont arrêté tout le monde ; nous avons un enfant palestinien tué et brûlé et il leur faut des jours et des jours pour arrêter quelqu'un."
(1) Un article du 17 mai 2013 paru dans The Jerusalem Post vantait la nouvelle utilisation des "sponge tipped bullets" en Cisjordanie : "Leur avantage est qu'elles ne sont pas létales, même tirées de près," disait le Major Yuval Yaron, chef du commandement central de la branche armes et technologie dans l'armée du régime sioniste (note ISM-France)
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM