Les combattants de la Résistance palestinienne ont-ils
déposé les armes et profitent-ils du cessez-le-feu qui vient de prendre
effet pour se reposer et/ou aller voir comment va leur famille ? Il
semble que non. Les combattants ne sont pas rentrés chez eux depuis un
mois et on ne connaîtra le sort de beaucoup d’entre eux que lorsque tous
les décombres auront été déblayés.
- Des partisans du Hamas crient des slogans anti-israéliens lors d’une manifestation dans la ville de Naplouse en Cisjordanie, en soutien au Hamas et contre l’offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza, le 4 août 2014 - Photo : AFP/Jaafer Ashtiyeh
Gaza – Pour se rendre compte de ce que font les
combattants, il suffisait de se promener dans Gaza le premier jour
(hier) du cessez-le-feu. Il y avait peu de monde dans les rues de Gaza,
sauf sur les marchés. Les Gazaouis transportaient des sacs d’aide
humanitaire et un peu de pain. On ne voyait pas la moindre arme, ni un
seul barbu dans les rues parce que la confrontation armée est toujours
possible, selon des sources sécuritaires.
Il est clair que le Hamas a pris des mesures de sécurité draconiennes
pour protéger la vie de ses combattants. Les branches militaires
palestiniennes n’ont apparemment aucune confiance dans les perfides
forces d’occupation qui ont déjà violé deux fois le cessez-le-feu en
ciblant des civils.
Al-Akhbar a rencontré fortuitement Abu al-Momen, un commandant de
l’unité des snipers des Brigades al-Qassam, la branche militaire du
Hamas au nord de la bande de Gaza. Abu al-Momen se trouvait sur la
plage, il venait de sortir d’une cache voisine d’où, selon ses dires, il
surveillait le rivage au cas où des hommes grenouilles de la marine
israélienne tenteraient de s’infiltrer. Cela s’était déjà produit deux
semaines auparavant mais un tir de barrage des combattants les avait
empêchés d’entrer.
Nous avons pu bavarder avec Abu al-Momen quelques minutes. La main
sur la gâchette de son fusil, il nous a confié que cela faisait
longtemps qu’il n’avait pas quitté son poste et que lui et se camarades
n’étaient pas rentrés voir leurs familles car ils avaient reçu l’ordre
strict de rester prêts au combat dans leurs postes respectifs tant que
le commandant de terrain ne leur avait pas transmis d’autres
instructions du haut commandement.
Al-Akhbar tient de source sûre qu’un officier d’une unité d’élite des
Brigades al-Qassam, dont le nom-de-guerre* était Samed, a été ciblé au
moment où il quittait sa cache pour faire un appel au walkie-talkie dans
le secteur de al-Khaznadar dans le nord-ouest de Gaza.
Selon cette source, les combattants ont des instructions très
strictes. Ils doivent être prêts au combat à tout instant. Ils ne
doivent jamais quitter leurs postes – particulièrement ceux qui sont sur
les lignes de front – et les unités de surveillance doivent opérer 24
heures sur 24.
Le commandant de terrain a enquêté, et il s’est avéré que l’endroit
où étaient cachés les combattants avait été pilonné par l’aviation
israélienne et que les combattants avaient été obligés de sortir pour ne
pas tous mourir. Mais un drone les a repérés tout de suite et a tué
Samed pendant qu’il téléphonait, ainsi qu’un autre combattant.
Tout en maintenant ces strictes mesures de sécurité, les factions
palestiniennes discutent avec les services secrets du Caire d’un accord
qui mettrait fin à la guerre et au siège. Parallèlement, les troupes
israéliennes se retirent de la plupart des territoires où elles étaient
entrées pendant l’Opération Bordure Protectrice lancée le 7
juillet. Les branches militaires de la Résistance palestinienne se
comportent donc comme si la guerre n’était pas finie. Elles se sont
engagées à riposter à la moindre incursion de l’ennemi pendant le
cessez-le-feu et c’est pourquoi elles ne baissent pas la garde.
Selon des statistiques semi-officielles, 80 % des plus de 1800
martyrs de Gaza sont des civils, surtout des femmes et des enfants. Il y
a eu moins de combattants tués dans cette guerre que dans les
précédentes grâce à des mesures de sécurité plus strictes. Les
Israéliens se sont révélés incapables de localiser les combattants et
cela explique sans doute en partie pourquoi ils ont ciblé et assassiné
tant de civils.
La branche armée du Jihad islamique, les Brigades al-Quds, a annoncé
la mort de 60 de ses combattants. Les Brigades al-Qassam et d’autres
factions ont fait de même. Mais aucune n’a encore pu présenter de
chiffres définitifs. Selon les Brigades Al-Quds, beaucoup de leurs
combattants ont été tués avec les civils, soit parce qu’ils ont été pris
par surprise soit parce qu’ils n’étaient pas au combat à ce moment-là.
Les Brigades Al-Qassam ont redit hier que leurs décisions et actions
futures auraient pour but de "réaliser les aspirations de notre peuple
que nous ne pouvons pas faire semblant d’ignorer."
Le mouvement a souligné que la phase actuelle était temporaire et a
ajouté : "Le comportement de l’ennemi déterminera le cours de la lutte
et son issue."
Notes :
* En Français dans le texteTraduction : Info-palestine.eu - Dominique Muselet