Cette fois, l'impasse est totale. Une impasse annoncée. En concluant à
Gaza un accord avec le Hamas sur la formation d'un gouvernement d'union
"d'ici à cinq semaines", l'OLP a signé la fin des négociations entre
Israël et l'Autorité palestinienne. De toute façon, elles étaient en
carafe depuis longtemps sur l'ensemble des questions au coeur du
conflit. Nétanyahou s'était déjà interrogé au sujet de Mahmoud Abbas :
"Veut-il la paix avec le Hamas ou la paix avec Israël ?". Des scènes de
liesse ont éclaté dans la bande de Gaza après l'annonce de l'accord.
C'est en effet sous la pression d'une base de plus en plus excédée par
le surplace des négociations que les deux organisations ont décidé de
s'unir, même si ce n'est pas la première fois que ce type d'accord est
signé. Le ping-pong diplomatique ne cesse jamais, chacun accusant
l'autre d'être à l'origine d'une "nouvelle provocation".
Dernièrement, le refus d'Israël de libérer un ultime contingent de
prisonniers palestiniens a conduit l'autorité palestinienne à répliquer
en demandant son adhésion à une série de traités internationaux. Puis,
c'est Israël qui a répliqué en menaçant de sanctions financières,
Mahmoud Abbas annonçant qu'il pourrait dissoudre l'OLP. Dans ce cas,
Israël aurait dû administrer elle-même les territoires palestiniens !
Ensuite, c'est Israël qui décide de suspendre le transfert aux
Palestiniens de droits de douane qu'il perçoit en leur nom. Sans cet
argent, les fonctionnaires palestiniens ne peuvent plus être payés. Ce
ping-pong pseudo-diplomatique ne pouvait évidemment que provoquer la
fureur d'une base palestinienne qui, depuis 21 ans, date des accords
d'Oslo, attend sans jamais rien voir venir, sinon la continuation du
processus des implantations dont le but évident est de transformer le
territoire palestinien en une peau de léopard ingérable. Un processus
avivé par la relance le 1er avril d'un appel d'offres pour la
construction de 700 logements à Jérusalem-Est.
Tout ceci a conduit le secrétaire d'État américain, John Kerry, très
patient jusque-là, à pointer les responsabilités israéliennes dans cette
dégradation. Même si les responsabilités sont évidemment partagées
entre radicaux palestiniens et radicaux israéliens, l'exigence de la
reconnaissance d'un État juif - et plus simplement de l'État d'Israël -
apparaît comme une façon d'exiger que les Palestiniens admettent leur
défaite et reconnaissent le droit exclusif des Juifs à la propriété sur
ce pays. Il y a cette spirale quelque chose de suicidaire. Que veut
Nétanyahou ? Alors que cinq de ses prédécesseurs ont choisi la voie
politique, lui semble choisir une voie suicidaire, celle d'un État
binational dans lequel les Israéliens seraient bientôt minoritaires, vu
la faiblesse de l'immigration des Juifs en Israël.