Une délégation de représentants INRA (ainsi que
CIRAD, CNRS, IRD et IRSTEA) conduite par F.Houllier, PDG de l’INRA,
s’est rendue en Israël du 17 au 19 mars 2014, et a rencontré plusieurs
hauts dirigeants israéliens : le Ministre de l’Agriculture et du
Développement Rural, le Ministre des Sciences, de la Technologie et de
l’Espace, et le Directeur scientifique du Ministère de l’Agriculture1.
Selon l’interview donnée par F. Houllier à la Chambre de Commerce
France-israël2, cette visite avait pour objectif de « Renouer la
collaboration avec Israël, aider le pays à affronter les problèmes liés
au changement climatique, apprendre de sa technologie, utiliser la
complémentarité des deux pays ».
La
CGT-Inra s’interroge sur les conséquences qu’aura cette collaboration
institutionnelle renforcée, alors que le gouvernement israélien poursuit
et intensifie sa politique de colonisation, d’expulsion et de
discrimination des agriculteurs palestiniens, que ce soit dans les
territoires palestiniens occupés de Cisjordanie (et notamment les
colonies agricoles israéliennes dans la vallée du Jourdain au potentiel
hydro-agricole majeur) et de Gaza, ou en Israël même (expulsion en cours
de milliers d’éleveurs Bédouins dans le Néguev).
Le
développement de l’agriculture israélienne s’effectue en effet depuis
des dizaines d’années au prix de la destruction de l’agriculture et de
la souveraineté alimentaire palestinienne, créant ainsi un marché captif
pour l’économie israélienne. Dans son interview, F. Houllier déclare
par exemple que « tout système qui permettra de mieux distribuer l’eau,
de
mieux la recycler et la purifier quand elle a été polluée, sera
susceptible de réduire la tension sur l’eau ». Mais ces bons sentiments
affichés résistent-ils une seconde à la réalité du contexte
hydro-agricole en Israël-Palestine, qui a été largement décrite dans de
nombreux documents, mais qui est totalement ignorée dans les
déclarations
de notre PDG ?
Ainsi, le rapport parlementaire
sur « La géopolitique de l’eau » (rapporteur J. Glavany, 2011) indique :
« C’est pourquoi sans règlement politique global, on voit mal comment
ce qui est devenu un véritable "conflit de l'eau" pourrait trouver une
solution. /…/ Or, l'eau est devenue au Moyen-Orient bien plus qu'une
ressource : c'est une
arme. Pour comprendre la nature de cette « arme » au service de ce « nouvel apartheid 3 », il faut savoir, par
exemple, que les 450 000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d’eau que 2,3 millions de Palestiniens. »
Ainsi,
chaque année, les colonies israéliennes déversent 35 millions de mètres
cube d’égouts (40% du total en Cisjordanie) dans l’environnement,
endommageant les champs palestiniens et polluant leurs ressources d’eau.
A Gaza, le blocus israélien maintient en dessous de la norme
ONU l’approvisionnement en eau potable de 1,7 millions de Palestiniens,
et empêche le traitement des eaux usées 4.
Sans remettre en cause
toutes les collaborations directes qui peuvent exister entre
scientifiques, la CGT-Inra dénonce le soutien que cette initiative
institutionnelle de la direction
générale de l’INRA apporte à la
politique de l’Etat israélien. La CGT-Inra réaffirme son soutien à la
lutte du peuple palestinien, et à l’appel de 2005 de la société
palestinienne à une résistance non violente par le mouvement « Boycott,
Désinvestissements, Sanctions » jusqu’à ce que l’Etat d’Israël respecte
le droit international, les droits de l’Homme et les droits nationaux du
peuple palestinien.
Syndicat National CGT-INRA RN 10 – Porte de
St Cyr 78210 Saint Cyr l‘Ecole - Tél : 01.39.53.56.56 - Fax :
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3- Apartheid et détournement de l’eau organisé notamment par Mekorot [la compagnie de l’eau israélienne], et
par l’armée et les colons (destruction des citernes de stockage des Palestiniens, …) (NDLR)
4- selon « http://www.thirstingforjustice.org/ », 2013