mardi 18 mars 2014

Obama reçoit Abbas pour tenter de débloquer le processus de paix

Libération, lundi 17 mars 2014 
Néta­nyahou avait été reçu à la Maison Blanche il y a quinze jours. Les Etats-​​Unis essaient tant bien que mal de relancer les dis­cus­sions entre les deux diri­geants, les exhortant de prendre des « déci­sions difficiles ».
Barack Obama a appelé le pré­sident de l’Autorité pales­ti­nienne, Mahmoud Abbas, à prendre des risques pour la paix, en le recevant à la Maison Blanche pour tenter de débloquer le pro­cessus avec Israël.
De son côté, le diri­geant pales­tinien a affirmé au pré­sident des Etats-​​Unis que l’Etat hébreu pouvait montrer son « sérieux » dans ces négo­cia­tions, actuel­lement enlisées, en libérant un qua­trième et dernier contingent de pri­son­niers, confor­mément à ses enga­ge­ments de juillet 2013.
Deux semaines après avoir accueilli le Premier ministre israélien, Benyamin Néta­nyahou, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le pré­sident des Etats-​​Unis y ren­contre Mahmoud Abbas, sur fond de crise aiguë en Ukraine qui a mobilisé l’équipe de poli­tique étrangère américaine.
L’exécutif amé­ricain a affirmé dans la matinée que « le pré­sident [Obama] a[vait] l’intention de dis­cuter des progrès dans les négo­cia­tions israélo-​​palestiniennes » avec son hôte, et d’aborder avec lui les mesures des­tinées à « ren­forcer les ins­ti­tu­tions qui pourront sou­tenir l’établissement d’un Etat palestinien ».
Plus pré­ci­sément, les entre­tiens entre Abbas et Obama doivent porter sur « l’accord-cadre » traçant les grandes lignes d’un accord de paix, que négocie avec les deux parties le secré­taire d’Etat John Kerry afin de les per­suader de pour­suivre les pour­parlers au-​​delà du 29 avril. Cet « accord-​​cadre » tra­cerait les grandes lignes d’un règlement défi­nitif sur les ques­tions dites de « statut final » : les fron­tières, les colonies, la sécurité, le statut de Jéru­salem et les réfugiés palestiniens.
Dimanche, après des dis­cus­sions entre Kerry et Abbas, un res­pon­sable du dépar­tement d’Etat a affirmé que le chef de la diplo­matie amé­ri­caine avait exhorté son inter­lo­cuteur à œuvrer à réduire les énormes dif­fé­rends avec Israël. « Le secré­taire d’Etat a remercié le pré­sident Abbas pour son lea­dership et son par­te­nariat durant les der­niers mois et l’a encouragé à prendre des déci­sions dif­fi­ciles qui seront néces­saires dans les semaines à venir », a ajouté ce res­pon­sable, évo­quant des entre­tiens « francs et productifs ».
Méfiance extrême
Kerry « a éga­lement réaf­firmé que nous nous trou­vions à un tournant dans les négo­cia­tions, et alors que ces pro­blèmes datent de dizaines d’années, aucune des parties en pré­sence ne devrait laisser des déci­sions poli­tiques dif­fi­ciles se mettre en travers d’une paix durable », selon la même source. Kerry avait reconnu mer­credi n’avoir « jamais vu » un pareil niveau de méfiance entre les deux camps et qu’un règlement de paix, s’il restait « pos­sible », était « difficile ».
A la Maison Blanche, Abbas aura été précédé de deux semaines par le Premier ministre israélien Benyamin Néta­nyahou, que le pré­sident amé­ricain avait exhorté lui aussi à prendre des « déci­sions dif­fi­ciles », après une cin­glante mise en garde contre les « retombées inter­na­tio­nales » d’un échec pour Israël.
Obama s’est engagé auprès du Premier ministre israélien à exercer des pres­sions simi­laires sur les diri­geants pales­ti­niens, selon un res­pon­sable amé­ricain. Mais, se faisant l’écho des voix les plus à droite au sein du gou­ver­nement de Néta­nyahou, le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, a déclaré samedi que le pré­sident Abbas n’était « pas un par­te­naire pour un accord final ».
Les diri­geants pales­ti­niens ont exprimé de très fortes réserves sur les pro­po­si­tions amé­ri­caines, aux­quelles ils reprochent de trop s’éloigner du droit inter­na­tional, refusant en par­ti­culier caté­go­ri­quement la « recon­nais­sance d’Israël comme Etat juif » et le maintien illimité de troupes israé­liennes en ter­ri­toire palestinien.
Malgré les enga­ge­ments d’Obama et de nom­breuses ten­ta­tives de relance depuis, le dossier du pro­cessus de paix israélo-​​palestinien lui a résisté depuis sa prise de fonc­tions en janvier 2009.