RAMALLAH, 8 mars 2011 (IRIN)
Selon les agences onusiennes responsables de l’assistance aux Palestiniens de la bande de Gaza, où plus de la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire, la fermeture complète du passage de Karni à la frontière entre Israël et Gaza va encore compliquer les livraisons d’aide alimentaire à Gaza.
La fermeture du passage de Karni va aussi augmenter de 20 pour cent le coût de la provision de l’aide humanitaire, a dit Chris Gunness, porte-parole de l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies [pour les réfugiés palestiniens] à Jérusalem, à un moment où l’UNRWA doit déjà faire face à un déficit budgétaire de plus de 50 millions de dollars.
Quelque 750 000 Palestiniens reçoivent une assistance alimentaire de l’UNRWA à Gaza, sur environ un million de réfugiés vivant sur le territoire.
Karni, qui est contrôlé par Israël, est le seul passage commercial disposant des infrastructures nécessaires pour laisser passer à Gaza un grand nombre de camions. Fermé aux camions depuis juin 2007, le tapis roulant servait à transférer les céréales, jusqu’à ce que les autorités israéliennes annoncent sa fermeture complète le 2 mars.
Kerem Shalom, un point de passage commercial moins important, situé à l’extrémité sud de la frontière entre Gaza et Israël, n’a pas les installations pour permettre l’entrée d’un grand nombre de camions, selon le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA). C’est désormais le seul endroit par lequel l’aide humanitaire et les produits commerciaux peuvent pénétrer à Gaza.
« Le passage de Kerem Shalom n’a pas la capacité de répondre aux besoins de Gaza ; il doit y avoir plus d’un point de passage opérationnel pour importer l’aide humanitaire et les produits commerciaux pour le million et demi de Gazaouis, » a dit le porte-parole de l’UNRWA. « Obliger les organisations humanitaires à passer par le goulot d’étranglement de Kerem Shalom ne va guère contribuer à soulager les souffrance de la population gazaouie. »
Il a ajouté que l’approvisionnement de Gaza n’équivalait toujours qu’à 40 pour cent de son niveau d’avant juin 2007.
Déplacement du tapis roulant
Le commandant Guy Inbar, coordinateur israélien des activités du gouvernement dans les territoires (COGAT), a dit à IRIN que le COGAT avait décidé de transférer le tapis roulant de Karni à Kerem Shalom.
« Le tapis roulant de Karni ne marchait que deux jours par semaine, pour des raisons de sécurité, pour laisser entrer des céréales et des granulats pour le bâtiment, » a dit M. Inbar. « Le transfert du tapis roulant augmentera le nombre de jours ouvrés par semaine et les types de marchandises qui peuvent être importées. »
Kerem Shalom a une capacité de 300 camions par jour, mais parce que les « demandes palestiniennes [sont] limitées », a t-il ajouté, il n’entre quotidiennement à Gaza que de 170 à 180 camions.
« Si Israël ferme le passage de Karni et utilise le tapis roulant à Kerem Shalom pour faire entrer les marchandises, il faut s’attendre à ce que cela revienne plus cher, en raison des tarifs plus élevés et de la distance accrue que les camions devront parcourir pour atteindre le point de passage, » a dit à IRIN Jean-Noël Gentile, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) pour Gaza. A Gaza, l’agence fournit une assistance alimentaire à quelque 313 000 bénéficiaires non-réfugiés.
« Les principaux facteurs de l’insécurité alimentaire à Gaza sont le manque de pouvoir d’achat et la montée des prix alimentaires, ainsi qu’une économie dépendant presque entièrement du secteur public et de l’aide humanitaire, » a dit M. Gentile. « Le blocus est la raison pour laquelle il n’y pas de croissance durable dans les conditions actuelles, » a-t-il ajouté.
Israël a resserré son blocus de Gaza, pour des raisons de sécurité, après la prise de contrôle du territoire par le Hamas en 2007. En fermant les frontières de façon prolongée, Israël a restreint les importations de fuel et de produits commerciaux, ainsi que l’entrée de la plupart des matériaux de construction et des matières premières, indique OCHA dans son rapport.
Le taux de chômage à Gaza tourne actuellement autour de 50 pour cent, selon le Bureau central palestinien des statistiques (PCBS)
Peu d’aliments riches en protéines
Samia Afaneh, une réfugiée de 40 ans du quartier de Sheikh Radwan à Gaza-Ville et les 10 membres de sa famille, reçoivent une assistance alimentaire de l’UNRWA tous les trois mois, dont de la farine, de l’huile, du lait en poudre et du sucre.
Le mari de Samia travaillait à un des points de passage israéliens, mais depuis le resserrement du blocus, il est sans emploi. « Même avec l’assistance, mes enfants sont sous alimentés, » a dit Samia. « On a diagnostiqué chez moi une anémie durant ma grossesse et aussi chez une de nos filles. »
Samia a dit que sa famille ne pouvait pas s’offrir d’aliments riches en protéines. « Nous ne pouvons nous permettre qu’un kilo de poisson ou deux poulets par mois pour nourrir 10 personnes, » a t-elle dit.
Le PAM est en train de faire une enquête au niveau des familles pour publier un rapport en mai : il doit examiner si l’allègement du blocus par Israël depuis juin 2010 a affecté les prix, la disponibilité des denrées alimentaires et les moyens de subsistance à Gaza.
Depuis l’assouplissement du blocus, Israël a autorisé l’entrée à Gaza d’un nombre limité de matériaux de construction. Israël a approuvé 43 projets de l’UNRWA, ce qui représente 11 pour cent du total du plan de travail proposé par l’agence, indique OCHA.
« Depuis la deuxième moitié de 2010, certains granulats ont été autorisés à entrer à Gaza par le passage de Karni, mais le nombre de jours d’ouverture du point de passage ne permet pas de laisser entrer à la fois les granulats et des quantités suffisantes de blé et d’alimentation animale, » a dit M. Gentile du PAM.
Des prix alimentaires en forte hausse
Il n’y a pas assez de blé à Gaza , ce qui affecte la distribution par l’UNWRA et le PAM de l’aide humanitaire à près d’un million de bénéficiaires, car ces organisations achètent habituellement la farine aux moulins locaux. La dépendance des plus pauvres vis-à-vis de l’aide alimentaire a augmenté dans les derniers mois, suite à une hausse brutale du prix de la farine de blé (quelque 50 pour cent depuis août 2010), indique OCHA dans son rapport.
Dans la seconde moitié de 2010, l’indice des prix à la consommation alimentaire en Cisjordanie et à Gaza a flambé, reflétant la forte hausse des prix alimentaires sur le marché international, a dit l’Autorité palestinienne. Ces tendances sont censées se poursuivre en 2011, et au fur et à mesure que le CPI augmente, le niveau des revenus et du pouvoir d’achat à Gaza s’effondre.
Etant donné qu’à Gaza les dépenses alimentaires représentent 60 pour cent des dépenses totales des ménages, et que le niveau d’insécurité alimentaire atteint 52 pour cent, des centaines de milliers de Palestiniens supplémentaires tomberont dans la pauvreté et l’insécurité alimentaire, si les prix alimentaires continuent à grimper, a mis en garde l’Autorité palestinienne.
Entre 2007 et 2009, on a assisté à une hausse dramatique des dépenses relatives à l’alimentation sur le total des dépenses, qui a atteint 67 pour cent dans la bande de Gaza, alors que l’apport en calories est en baisse, selon le PCBS. Entre 2007 et 2009, l’apport calorique par habitant à Gaza et en Cisjordanie a baissé de 18 pour cent, indique le PCBS.
Abdel Salibi, 70 ans, qui vit au Beach Camp (camp de la plage) dans la ville de Gaza, et les cinq membres de sa famille, reçoivent une aide alimentaire de l’UNRWA. « Notre famille ne peut se permettre d’acheter de la viande qu’une fois tous les quelques mois, » a dit Abdel.
« Le toit de notre maison près du bord de mer, est toujours endommagé depuis la guerre [l’offensive israélienne de janvier 2009 sur Gaza qui a duré 23 jours], quand les Israéliens tiraient sur le camp », a-t-il dit, car les matériaux de construction sont rares sur le marché local.
La fermeture du passage de Karni va aussi augmenter de 20 pour cent le coût de la provision de l’aide humanitaire, a dit Chris Gunness, porte-parole de l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies [pour les réfugiés palestiniens] à Jérusalem, à un moment où l’UNRWA doit déjà faire face à un déficit budgétaire de plus de 50 millions de dollars.
Quelque 750 000 Palestiniens reçoivent une assistance alimentaire de l’UNRWA à Gaza, sur environ un million de réfugiés vivant sur le territoire.
Karni, qui est contrôlé par Israël, est le seul passage commercial disposant des infrastructures nécessaires pour laisser passer à Gaza un grand nombre de camions. Fermé aux camions depuis juin 2007, le tapis roulant servait à transférer les céréales, jusqu’à ce que les autorités israéliennes annoncent sa fermeture complète le 2 mars.
Kerem Shalom, un point de passage commercial moins important, situé à l’extrémité sud de la frontière entre Gaza et Israël, n’a pas les installations pour permettre l’entrée d’un grand nombre de camions, selon le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA). C’est désormais le seul endroit par lequel l’aide humanitaire et les produits commerciaux peuvent pénétrer à Gaza.
« Le passage de Kerem Shalom n’a pas la capacité de répondre aux besoins de Gaza ; il doit y avoir plus d’un point de passage opérationnel pour importer l’aide humanitaire et les produits commerciaux pour le million et demi de Gazaouis, » a dit le porte-parole de l’UNRWA. « Obliger les organisations humanitaires à passer par le goulot d’étranglement de Kerem Shalom ne va guère contribuer à soulager les souffrance de la population gazaouie. »
Il a ajouté que l’approvisionnement de Gaza n’équivalait toujours qu’à 40 pour cent de son niveau d’avant juin 2007.
Déplacement du tapis roulant
Le commandant Guy Inbar, coordinateur israélien des activités du gouvernement dans les territoires (COGAT), a dit à IRIN que le COGAT avait décidé de transférer le tapis roulant de Karni à Kerem Shalom.
« Le tapis roulant de Karni ne marchait que deux jours par semaine, pour des raisons de sécurité, pour laisser entrer des céréales et des granulats pour le bâtiment, » a dit M. Inbar. « Le transfert du tapis roulant augmentera le nombre de jours ouvrés par semaine et les types de marchandises qui peuvent être importées. »
Kerem Shalom a une capacité de 300 camions par jour, mais parce que les « demandes palestiniennes [sont] limitées », a t-il ajouté, il n’entre quotidiennement à Gaza que de 170 à 180 camions.
« Si Israël ferme le passage de Karni et utilise le tapis roulant à Kerem Shalom pour faire entrer les marchandises, il faut s’attendre à ce que cela revienne plus cher, en raison des tarifs plus élevés et de la distance accrue que les camions devront parcourir pour atteindre le point de passage, » a dit à IRIN Jean-Noël Gentile, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) pour Gaza. A Gaza, l’agence fournit une assistance alimentaire à quelque 313 000 bénéficiaires non-réfugiés.
« Les principaux facteurs de l’insécurité alimentaire à Gaza sont le manque de pouvoir d’achat et la montée des prix alimentaires, ainsi qu’une économie dépendant presque entièrement du secteur public et de l’aide humanitaire, » a dit M. Gentile. « Le blocus est la raison pour laquelle il n’y pas de croissance durable dans les conditions actuelles, » a-t-il ajouté.
Israël a resserré son blocus de Gaza, pour des raisons de sécurité, après la prise de contrôle du territoire par le Hamas en 2007. En fermant les frontières de façon prolongée, Israël a restreint les importations de fuel et de produits commerciaux, ainsi que l’entrée de la plupart des matériaux de construction et des matières premières, indique OCHA dans son rapport.
Le taux de chômage à Gaza tourne actuellement autour de 50 pour cent, selon le Bureau central palestinien des statistiques (PCBS)
Peu d’aliments riches en protéines
Samia Afaneh, une réfugiée de 40 ans du quartier de Sheikh Radwan à Gaza-Ville et les 10 membres de sa famille, reçoivent une assistance alimentaire de l’UNRWA tous les trois mois, dont de la farine, de l’huile, du lait en poudre et du sucre.
Le mari de Samia travaillait à un des points de passage israéliens, mais depuis le resserrement du blocus, il est sans emploi. « Même avec l’assistance, mes enfants sont sous alimentés, » a dit Samia. « On a diagnostiqué chez moi une anémie durant ma grossesse et aussi chez une de nos filles. »
Samia a dit que sa famille ne pouvait pas s’offrir d’aliments riches en protéines. « Nous ne pouvons nous permettre qu’un kilo de poisson ou deux poulets par mois pour nourrir 10 personnes, » a t-elle dit.
Le PAM est en train de faire une enquête au niveau des familles pour publier un rapport en mai : il doit examiner si l’allègement du blocus par Israël depuis juin 2010 a affecté les prix, la disponibilité des denrées alimentaires et les moyens de subsistance à Gaza.
Depuis l’assouplissement du blocus, Israël a autorisé l’entrée à Gaza d’un nombre limité de matériaux de construction. Israël a approuvé 43 projets de l’UNRWA, ce qui représente 11 pour cent du total du plan de travail proposé par l’agence, indique OCHA.
« Depuis la deuxième moitié de 2010, certains granulats ont été autorisés à entrer à Gaza par le passage de Karni, mais le nombre de jours d’ouverture du point de passage ne permet pas de laisser entrer à la fois les granulats et des quantités suffisantes de blé et d’alimentation animale, » a dit M. Gentile du PAM.
Des prix alimentaires en forte hausse
Il n’y a pas assez de blé à Gaza , ce qui affecte la distribution par l’UNWRA et le PAM de l’aide humanitaire à près d’un million de bénéficiaires, car ces organisations achètent habituellement la farine aux moulins locaux. La dépendance des plus pauvres vis-à-vis de l’aide alimentaire a augmenté dans les derniers mois, suite à une hausse brutale du prix de la farine de blé (quelque 50 pour cent depuis août 2010), indique OCHA dans son rapport.
Dans la seconde moitié de 2010, l’indice des prix à la consommation alimentaire en Cisjordanie et à Gaza a flambé, reflétant la forte hausse des prix alimentaires sur le marché international, a dit l’Autorité palestinienne. Ces tendances sont censées se poursuivre en 2011, et au fur et à mesure que le CPI augmente, le niveau des revenus et du pouvoir d’achat à Gaza s’effondre.
Etant donné qu’à Gaza les dépenses alimentaires représentent 60 pour cent des dépenses totales des ménages, et que le niveau d’insécurité alimentaire atteint 52 pour cent, des centaines de milliers de Palestiniens supplémentaires tomberont dans la pauvreté et l’insécurité alimentaire, si les prix alimentaires continuent à grimper, a mis en garde l’Autorité palestinienne.
Entre 2007 et 2009, on a assisté à une hausse dramatique des dépenses relatives à l’alimentation sur le total des dépenses, qui a atteint 67 pour cent dans la bande de Gaza, alors que l’apport en calories est en baisse, selon le PCBS. Entre 2007 et 2009, l’apport calorique par habitant à Gaza et en Cisjordanie a baissé de 18 pour cent, indique le PCBS.
Abdel Salibi, 70 ans, qui vit au Beach Camp (camp de la plage) dans la ville de Gaza, et les cinq membres de sa famille, reçoivent une aide alimentaire de l’UNRWA. « Notre famille ne peut se permettre d’acheter de la viande qu’une fois tous les quelques mois, » a dit Abdel.
« Le toit de notre maison près du bord de mer, est toujours endommagé depuis la guerre [l’offensive israélienne de janvier 2009 sur Gaza qui a duré 23 jours], quand les Israéliens tiraient sur le camp », a-t-il dit, car les matériaux de construction sont rares sur le marché local.