Palestine - 8 mars 2011
Par Santiago González Vallejo
La progression continue de la colonisation israélienne sur ce qui reste de la Palestine historique rend un État palestinien non viable. Le rêve de voir une Palestine binationale, laïque et démocratique des premiers temps de l'OLP se heurte à la force du racisme sioniste, qui a toujours choisi la conquête et l'exclusion. Partant de là, les sionistes se sont acharnés à construire des colonies, voler les ressources, judaïser les conquêtes, en bref mettre l’État juif d'Israël au-dessus de toute autre considération, ce qui rend tout aussi irréaliste l'existence d'un État palestinien circonscrit à la Cisjordanie et à la Bande de Gaza.
L'OLP a reconnu Israël à Alger en 1988. Israël a reconnu plus tard l'OLP, pas la Palestine. C'est la raison pour laquelle la Conférence de Madrid et les Accords d'Oslo ont été signés de mauvaise foi de la part d'Israël. Et avant cela, pendant et après, la colonisation et les autres attributs du sionisme se sont poursuivis. La même chose s'est produite avec des gouvernements travaillistes du Likud (de l'Internationale socialiste, la même qui a accueilli le parti de Ben Ali, de Tunis, soit dit en passant), Kadima ou n'importe quels autres. Avec Bush, Clinton, Bush jr ou Obama. Avec l'OLP de 1988, après l'élection d'Arafat, celle de Mahmoud Abbas ou pendant la période actuelle de pourrissement. Mais aussi avec les Felipe González, Aznar ou Zapatero, Delors, Santer, Prodi, Barroso,...
Bien sûr, une partie de la responsabilité de ce vide revient aux dirigeants de l'OLP et de l'Autorité palestinienne, en particulier le Fatah, mais aussi les autres organisations, pour ne pas avoir mis sur pied des structures démocratiques qui représentent la totalité du peuple palestinien.
La fixation d'un minimum continuellement révisé, du côté palestinien, pour ne pas poursuivre les négociations d'un interminable "processus de paix" si la colonisation s'étendait avec de nouvelles colonies et l'extension du mur en Cisjordanie , révèle l'état de la situation. L’Europe, les États-Unis, la Russie, les Nations Unies, le Quartet, les parrains d'Annapolis, se taisent. Israël construit de nouvelles colonies ou agrandit les autres, évacue et expulse les habitants palestiniens de Jérusalem et d'ailleurs. L’Autorité palestinienne a construit son propre mur, pendant que l'épée du sionisme israélien avance. Et les Obama, Ashton et consorts sont en retard...
Ces jours-ci, les opinions publiques, bien que majoritairement lassées par un conflit sans fin, assaillies par l'actualité qui fait tous les jours les unes et qui fait oublier les précédentes, sont ballotées entre le mantra selon lequel des négociations existent, grâce aux mensonges des médias amis du statu quo et des valeurs occidentales, à savoir qu'il y a un processus de paix, et la connaissance que l'Israël de toujours (quel que soit le gouvernement sioniste) continue de faire de la conquête et de l'expulsion ses caractéristiques identitaires.
Cette perspective a poussé les dirigeants palestiniens à rechercher une troisième voie qui concilie le "on ne quitte pas la table des négociations", qui n'existent pas, tout en maintenant l'épouvantail qu'aime Israël et celui qui représente le Quartet, à savoir que oui, que non, que je n'irai pas aux réunions, que maintenant le Premier ministre de Cisjordanie Fayyad rencontre quelque Israélien, mais sans interrompre le jeu de cartes et sans révéler que l'Autorité palestinienne est une coquille vide qui contrôle la police - quand il faut - dans les bantoustans palestiniens et tout en continuant le jeu diplomatique qui consiste à demander la reconnaissance d'un État palestinien, si possible, dans les frontières de l'armistice de 1967, qui sont différentes et inférieures à celles fixées lors de la partition de la Palestine historique en 1947.
Cette tactique a eu un petit succès. Elle renforce symboliquement l'Autorité palestinienne, et pointe l'occupation israélienne comme étant le problème. Les initiateurs de cette action furent les républiques latino-américaines, à commencer par le Brésil, un acteur qui est entré sur la scène internationale, il est au G20, aspire à devenir membre permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies, et qui a soutenu d'autres mouvements internationaux d’autonomie internationale, comme le plan Brésil-Turquie et le contrôle de l'industrie nucléaire iranienne. La reconnaissance de l’État de Palestine a été entérinée, selon une cadence qui a suivi une continuité informative, Argentine, Bolivie, Équateur, Chili - sans mentionner les frontières...
Le projet est de contourner le Conseil de Sécurité des Nations Unies, où on craint un veto des États Unis et un repli des autres membres du Quartet, pour aller à l'Assemblée Générale des Nations Unies pour... isoler Israël.
C'est là que la tactique palestinienne rencontre son principal problème. En 1988, lorsque le 15 novembre 1988, au Congrès d'Alger, l'OLP a reconnu Israël, 104 États ont reconnu la Palestine (1). Israël, et l'hypocrisie de la plupart de ces 104 gouvernements, et de ceux qui ne l'ont pas fait, a réussi à toujours plus se "normaliser", en rendant l'occupation à laquelle sont soumis les Palestiniens compatible avec un rehaussement des relations de ces mêmes États avec Israël pour finir par le traiter comme un État "normal".
Ces mêmes Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay, qui viennent de reconnaître la Palestine, ont signé avec Israël un accord, à travers le Mercosur, qui reconnaît l'application de la législation "interne" de chaque État pour la détermination de l'origine des produits. Et dans la pratique, cela n'a rien de symbolique, c'est l'acceptation des colonies.
L’Espagne a rehaussé le rang diplomatique de la Palestine. Mais sa normalisation avec Israël, dans le sens que nous venons de lui donner, est huilée par l'aide budgétaire de la Maison Séfarade d'Israël, l'accord grâce auquel Israël est entré à l'OCDE ou au CERN, en vendant ou en achetant des armes et autres accord militaires, au mépris des rapports internationaux de ses propres diplomates ou en modifiant les normes de la compétence universelle pour empêcher les procès des criminels contre l'humanité, sans réclamer à Israël des dommages pour les destructions de ses dons (l'aéroport de Gaza par exemple) ou en reconnaissant que la colonisation israélienne est un élément qui perturbe les "négociations", mais sans prendre une position qui ait des conséquences dans les relations, en camouflant son cynisme et son hypocrisie, comme le font tous les autres, en disant que des négociations israélo-palestiniennes existent, en niant que ce n'est qu'un prétexte pour poursuivre la colonisation, pendant qu'une élite palestinienne cache son impuissance et son bien-être.
Par conséquent, sans sous-estimer la bonne nouvelle qu'il y a des ministères des affaires étrangères qui prônent l'évidence, à savoir qu'un État palestinien doit exister et que les frontières de 1967 lui donnerait un minimum de viabilité, la société civile doit exiger de la cohérence de ses gouvernants dans les domaines pratiques, commerciaux, militaires, scientifiques, sportifs, et empêcher qu'on puisse traiter avec un État occupant comme s'il était "normal". La Campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions, sur le modèle de la lutte contre l'Afrique du Sud, est pertinente ; ne pas acheter de produits israéliens, isoler Israël économiquement et dans les autres domaines est un mécanisme adéquat pour que se produise une catharsis dans une société comme la société israélienne, qui ne veut pas reconnaître l'autre, le Palestinien, et ses souffrances.
La reconnaissance d'un État palestinien virtuel, qui n'existe que sur Facebook, ne préoccupe pas Israël. L'exigence du respect du droit international serait sa fin. Et c'est cela l'objectif.
(1)
- Liste des pays ayant reconnu un Etat palestinien sur Wikipedia
- Liste des pays reconnaissant un statut diplomatique particulier :
. Existence d'une Délégation générale palestinienne : France, Colombie, Autriche, Belgique, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Royaume-Uni.
. La représentation de l'OLP est protégée par l'immunité diplomatique d'autres ambassades arabes en Suisse.
Bien sûr, une partie de la responsabilité de ce vide revient aux dirigeants de l'OLP et de l'Autorité palestinienne, en particulier le Fatah, mais aussi les autres organisations, pour ne pas avoir mis sur pied des structures démocratiques qui représentent la totalité du peuple palestinien.
La fixation d'un minimum continuellement révisé, du côté palestinien, pour ne pas poursuivre les négociations d'un interminable "processus de paix" si la colonisation s'étendait avec de nouvelles colonies et l'extension du mur en Cisjordanie , révèle l'état de la situation. L’Europe, les États-Unis, la Russie, les Nations Unies, le Quartet, les parrains d'Annapolis, se taisent. Israël construit de nouvelles colonies ou agrandit les autres, évacue et expulse les habitants palestiniens de Jérusalem et d'ailleurs. L’Autorité palestinienne a construit son propre mur, pendant que l'épée du sionisme israélien avance. Et les Obama, Ashton et consorts sont en retard...
Ces jours-ci, les opinions publiques, bien que majoritairement lassées par un conflit sans fin, assaillies par l'actualité qui fait tous les jours les unes et qui fait oublier les précédentes, sont ballotées entre le mantra selon lequel des négociations existent, grâce aux mensonges des médias amis du statu quo et des valeurs occidentales, à savoir qu'il y a un processus de paix, et la connaissance que l'Israël de toujours (quel que soit le gouvernement sioniste) continue de faire de la conquête et de l'expulsion ses caractéristiques identitaires.
Cette perspective a poussé les dirigeants palestiniens à rechercher une troisième voie qui concilie le "on ne quitte pas la table des négociations", qui n'existent pas, tout en maintenant l'épouvantail qu'aime Israël et celui qui représente le Quartet, à savoir que oui, que non, que je n'irai pas aux réunions, que maintenant le Premier ministre de Cisjordanie Fayyad rencontre quelque Israélien, mais sans interrompre le jeu de cartes et sans révéler que l'Autorité palestinienne est une coquille vide qui contrôle la police - quand il faut - dans les bantoustans palestiniens et tout en continuant le jeu diplomatique qui consiste à demander la reconnaissance d'un État palestinien, si possible, dans les frontières de l'armistice de 1967, qui sont différentes et inférieures à celles fixées lors de la partition de la Palestine historique en 1947.
Cette tactique a eu un petit succès. Elle renforce symboliquement l'Autorité palestinienne, et pointe l'occupation israélienne comme étant le problème. Les initiateurs de cette action furent les républiques latino-américaines, à commencer par le Brésil, un acteur qui est entré sur la scène internationale, il est au G20, aspire à devenir membre permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies, et qui a soutenu d'autres mouvements internationaux d’autonomie internationale, comme le plan Brésil-Turquie et le contrôle de l'industrie nucléaire iranienne. La reconnaissance de l’État de Palestine a été entérinée, selon une cadence qui a suivi une continuité informative, Argentine, Bolivie, Équateur, Chili - sans mentionner les frontières...
Le projet est de contourner le Conseil de Sécurité des Nations Unies, où on craint un veto des États Unis et un repli des autres membres du Quartet, pour aller à l'Assemblée Générale des Nations Unies pour... isoler Israël.
C'est là que la tactique palestinienne rencontre son principal problème. En 1988, lorsque le 15 novembre 1988, au Congrès d'Alger, l'OLP a reconnu Israël, 104 États ont reconnu la Palestine (1). Israël, et l'hypocrisie de la plupart de ces 104 gouvernements, et de ceux qui ne l'ont pas fait, a réussi à toujours plus se "normaliser", en rendant l'occupation à laquelle sont soumis les Palestiniens compatible avec un rehaussement des relations de ces mêmes États avec Israël pour finir par le traiter comme un État "normal".
Ces mêmes Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay, qui viennent de reconnaître la Palestine, ont signé avec Israël un accord, à travers le Mercosur, qui reconnaît l'application de la législation "interne" de chaque État pour la détermination de l'origine des produits. Et dans la pratique, cela n'a rien de symbolique, c'est l'acceptation des colonies.
L’Espagne a rehaussé le rang diplomatique de la Palestine. Mais sa normalisation avec Israël, dans le sens que nous venons de lui donner, est huilée par l'aide budgétaire de la Maison Séfarade d'Israël, l'accord grâce auquel Israël est entré à l'OCDE ou au CERN, en vendant ou en achetant des armes et autres accord militaires, au mépris des rapports internationaux de ses propres diplomates ou en modifiant les normes de la compétence universelle pour empêcher les procès des criminels contre l'humanité, sans réclamer à Israël des dommages pour les destructions de ses dons (l'aéroport de Gaza par exemple) ou en reconnaissant que la colonisation israélienne est un élément qui perturbe les "négociations", mais sans prendre une position qui ait des conséquences dans les relations, en camouflant son cynisme et son hypocrisie, comme le font tous les autres, en disant que des négociations israélo-palestiniennes existent, en niant que ce n'est qu'un prétexte pour poursuivre la colonisation, pendant qu'une élite palestinienne cache son impuissance et son bien-être.
Par conséquent, sans sous-estimer la bonne nouvelle qu'il y a des ministères des affaires étrangères qui prônent l'évidence, à savoir qu'un État palestinien doit exister et que les frontières de 1967 lui donnerait un minimum de viabilité, la société civile doit exiger de la cohérence de ses gouvernants dans les domaines pratiques, commerciaux, militaires, scientifiques, sportifs, et empêcher qu'on puisse traiter avec un État occupant comme s'il était "normal". La Campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions, sur le modèle de la lutte contre l'Afrique du Sud, est pertinente ; ne pas acheter de produits israéliens, isoler Israël économiquement et dans les autres domaines est un mécanisme adéquat pour que se produise une catharsis dans une société comme la société israélienne, qui ne veut pas reconnaître l'autre, le Palestinien, et ses souffrances.
La reconnaissance d'un État palestinien virtuel, qui n'existe que sur Facebook, ne préoccupe pas Israël. L'exigence du respect du droit international serait sa fin. Et c'est cela l'objectif.
(1)
- Liste des pays ayant reconnu un Etat palestinien sur Wikipedia
- Liste des pays reconnaissant un statut diplomatique particulier :
. Existence d'une Délégation générale palestinienne : France, Colombie, Autriche, Belgique, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Royaume-Uni.
. La représentation de l'OLP est protégée par l'immunité diplomatique d'autres ambassades arabes en Suisse.
Traduction : MR pour ISM