Tareq Abdel-Razzaq, 37 ans, propriétaire d’une société d’import-export, est accusé d’avoir collaboré avec deux agents israéliens recherchés actuellement à travers un mandat d’arrêt. Son procès devra commencer le 15 janvier 2011. Il est accusé d’avoir fourni aux deux Israéliens, de mai 2007 à mai 2010, des informations sur des Egyptiens, des Syriens et des Libanais travaillant dans le domaine des télécommunications, et d’avoir sélectionné ceux susceptibles de coopérer avec le Mossad, les services secrets israéliens. Les trois hommes sont accusés d’espionnage et de mise en danger des intérêts supérieurs de l’Egypte ainsi que d’exercice d’activités qui auraient pu mener à la rupture des relations avec la Syrie et le Liban. Selon les enquêtes du Parquet de sûreté de l’Etat, Tareq Abdel-Razzaq est entré en contact en 2007 avec le Mossad, par courrier électronique, lorsqu’il était en Chine où il cherchait du travail en tant qu’entraîneur de kong fu. Il a ensuite rencontré, la même année en Thaïlande, les deux présumés agents israéliens, qui lui ont demandé de fonder en Chine une société d’import-export qui servirait de couverture à ses activités au profit du Mossad. Cette société aurait ensuite annoncé, via Internet, qu’elle avait besoin de fournisseurs syriens d’huile d’olive et de pâtisserie, ce qui a permis à Tareq Abdel-Razzaq de se rendre en Syrie à plusieurs reprises, afin d’y rechercher des personnes qui pourraient collaborer avec les renseignements israéliens. Il a ensuite été chargé de gérer un site Internet spécialisé dans les offres d’emplois, qui proposaient du travail dans le domaine des télécommunications en Egypte, en Syrie et au Liban, dans le but de trouver des candidats pour travailler pour le compte du Mossad. L’accusé a révélé avoir reçu 37 000 dollars en échange de renseignements sur des Egyptiens travaillant dans des entreprises de télécommunications. Ses aveux ont permis le démantèlement de trois cellules travaillant pour le compte d’Israël au Liban et en Syrie, où un agent aurait été exécuté le mois dernier. Pour sa part, Israël a nié avoir connaissance de l’affaire. « Nous ne sommes pas familiers avec ces accusations », a déclaré Yigal Palmor, du ministère des Affaires étrangères. « Nous aurons à examiner la question, afin de comprendre de quoi il s’agit ».
Au cours des quinze dernières années, les services de renseignements ont démantelé 25 réseaux d’espionnage et arrêté 64 espions égyptiens et israéliens. Azzam Azzam, et Chérif Al-Filali sont les plus célèbres d’entre eux. Azzam était un druze israélien arrêté en 1996 au Caire, et condamné un an plus tard à quinze années de travaux forcés. Il avait pour mission de recruter des Egyptiens et de collecter des informations sur les activités des usines qui se trouvent dans les nouvelles cités, comme celles du 6 Octobre et du 10 de Ramadan, et sur l’évolution économique dans ces villes. Al-Filali, ingénieur égyptien de 36 ans, est arrêté en 2000. Il devait regrouper des informations sur la situation économique, la stabilité politique en Egypte et le développement des forces navales.
Des observateurs s’arrêtent cependant sur le timing de la révélation de cette dernière affaire découverte en août dernier. Selon Emad Gad, du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, « c’est une réponse aux déclarations de certains responsables israéliens sur la capacité de l’Etat hébreu à agir à l’intérieur de l’Egypte. Ce procès est donc une preuve de la compétence des organismes de la sécurité nationale égyptienne », explique Gad. Lors de son discours, il y a deux semaines, devant les membres de son parti, le président Moubarak a rappelé que la paix n’excluait pas la vigilance sécuritaire.
Marianne Youssef