23-01-2011
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, l'a si bien dit. Nous avons affaire au plus mauvais gouvernement israélien de tous les temps. Et ce n'est pas seulement à cause du fait que Tel-Aviv tarde à faire ses excuses à propos de son piratage d'Etat au large de Ghaza. Si le gouvernement Netanyahou est considéré comme le plus nul parmi tous ses prédécesseurs c'est par la faute de certains de ses ministres qui n'auraient rien à faire en politique.
En tête de liste, le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman. Pour Tayyip Erdogan, le chef du parti Beïtouna, il constitue un problème pour l'Etat hébreu et les Israéliens ont le devoir de s'en débarrasser au plus vite. Si, évidemment, ils souhaitent se rabibocher avec la Turquie et, plus important encore, conclure la paix avec les Palestiniens, à défaut de la signer avec les Arabes.
Il faut dire qu'avec Lieberman, on a tout vu et tout entendu. Du bon coup de pied qu'il est pressé de donner aux arabes israéliens à la paix pas avant les dix années (au mieux), le chef de la diplomatie aurait-il quelque chose à envier à Michèle Alliot-Marie, la nouvelle patronne du Quai d'Orsay, qui collectionne les bourdes ? François Fillon aurait eu raison, en ne voulant pas d'elle de son gouvernement.
Quant à Avigdor Lieberman, Benjamin Netanyahou ne peut se passer de lui. Déjà que le transfuge du parti travailliste israélien, Ehud Barak, n'a pas pris de précautions d'usage pour informer le Premier ministre Netanyahou de ses vœux à créer son propre parti.
Compte peu, donc, si le ministre israélien des affaires étrangères continue d'être traité d'imbécile en diplomatie, un attribut que lui collait un diplomate chinois. Ou que Tayyip Erdogan espère son départ pour sa nullité avérée. «Bibi» n'a pas d'autre choix que de le couver, bien au chaud,
son éventuelle défection fera le bonheur de Tzipi Livni qui s'impatiente de voir pointer des élections législatives anticipées. Pieds et poings liés, Benjamin Netanyahou ne peut faire autrement si ce n'est écouter les sottises de son chef de la diplomatie. Il vient de lancer une tarte putride à la figure de Mahmoud Abbas qui se dit disposé à reprendre les pourparlers directs si Washington se décide à reconnaître les frontières de 1967. Pour cela, il faudrait d'abord que la Syrie montre sa volonté à aider à la stabilité du
Liban, au sein du nouveau groupe de contact, sous la baguette de Nicolas Sarkozy. D'ici là, Avigdor Lieberman ne cesserait d'enchaîner ses balivernes.
Après maintes réflexions, de haute facture, il a fini de rédiger un accord de paix provisoire pour le futur Etat palestinien. Durable, celui-ci, au moins ? Très loin des exigences palestiniennes, le génie Lieberman prévoit ainsi l'établissement futur de la Palestine sur 50% du territoire de la Cisjordanie, avec des frontières non permanentes. Même le partant Ehud Barak s'en offusquerait.
Lui, qui offrait à feu Yasser Arafat, à Camp David, 94% de ce même territoire. Quel sacré Lieberman qui tient à gagner du temps pour faire en sorte que l'expansionnisme israélien devienne, demain, irréversible. N'aurait-il pas autre chose à faire ? Si les mauvaises idées pouvaient elles aussi finir au fond d'une poubelle.
Par Anis Djaad