07/12/2010
Alors que le processus de paix au Proche Orient est dans l’impasse, l’Argentine et le Brésil viennent de reconnaître l’État palestinien. L’Uruguay annonce qu’il le fera en 2011.
Un ouvrier sur un site de construction d'une colonie à l'est de Jérusalem, jeudi 2 décembre (Photo : AP/Bernat Armangue).
Face à l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix au Proche-Orient, la tentation de reconnaître l’État palestinien à l’ONU fait son chemin.
La France a ainsi envoyé la semaine dernière une délégation du Quai d’Orsay dans les Territoires pour étudier les options qui s’offrent à l’Autorité palestinienne. Et Paris a récemment rehaussé le statut diplomatique de la délégation générale de la Palestine, accordant à son représentant, Hael Al Fahoum, le titre d’ambassadeur, comme l’avaient fait précédemment d’autres pays européens.
En octobre dernier, à Jérusalem, celui qui était alors ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, n’avait pas fermé la porte à une telle reconnaissance : « La communauté internationale ne saurait se satisfaire d’une impasse prolongée. Je crois que l’on ne peut pas écarter par principe l’option du Conseil de sécurité », avait-il déclaré au quotidien palestinien Al-Ayyam.
La France a ainsi envoyé la semaine dernière une délégation du Quai d’Orsay dans les Territoires pour étudier les options qui s’offrent à l’Autorité palestinienne. Et Paris a récemment rehaussé le statut diplomatique de la délégation générale de la Palestine, accordant à son représentant, Hael Al Fahoum, le titre d’ambassadeur, comme l’avaient fait précédemment d’autres pays européens.
En octobre dernier, à Jérusalem, celui qui était alors ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, n’avait pas fermé la porte à une telle reconnaissance : « La communauté internationale ne saurait se satisfaire d’une impasse prolongée. Je crois que l’on ne peut pas écarter par principe l’option du Conseil de sécurité », avait-il déclaré au quotidien palestinien Al-Ayyam.
«Nous espérons que d’autres pays suivront cette voie»
Mardi 7 décembre, c’est l’Argentine, et avant elle le Brésil, qui ont procédé à cette reconnaissance. « Le moment est venu de reconnaître la Palestine comme un État libre et indépendant à l’intérieur des frontières de 1967 », a déclaré Buenos Aires.
Ce succès diplomatique pour les Palestiniens est le fruit de la tournée de Mahmoud Abbas en Amérique latine, l’an dernier, au cours de laquelle le président Lula et son homologue argentine Cristina Kirchner s’étaient engagés à reconnaître l’État palestinien. Une décision jugée « très regrettable et décevante » par Israël.
L’Uruguay devrait suivre en 2011, ainsi que le Paraguay, l’Équateur et le Pérou. « C’est un pas important vers la réalisation d’une solution à deux États, se réjouit le porte-parole du gouvernement palestinien, Ghassan Khatib. Nous espérons que d’autres pays suivront cette voie et que le processus culminera au Conseil de sécurité des Nations unies », qui peut être saisi par un ou plusieurs de ses membres.
Ce succès diplomatique pour les Palestiniens est le fruit de la tournée de Mahmoud Abbas en Amérique latine, l’an dernier, au cours de laquelle le président Lula et son homologue argentine Cristina Kirchner s’étaient engagés à reconnaître l’État palestinien. Une décision jugée « très regrettable et décevante » par Israël.
L’Uruguay devrait suivre en 2011, ainsi que le Paraguay, l’Équateur et le Pérou. « C’est un pas important vers la réalisation d’une solution à deux États, se réjouit le porte-parole du gouvernement palestinien, Ghassan Khatib. Nous espérons que d’autres pays suivront cette voie et que le processus culminera au Conseil de sécurité des Nations unies », qui peut être saisi par un ou plusieurs de ses membres.
«La voie onusienne n’est viable qu’avec le soutien des États-Unis»
L’idée n’est pas neuve. Après la déclaration d’indépendance par Yasser Arafat le 15 novembre 1988, une centaine de pays, dont la Chine, Chypre, la Hongrie ou la Pologne communiste, avaient reconnu la Palestine, sans que cet État ait jamais atteint, depuis, d’autre réalité sur le terrain que celle d’une autorité autonome sous le contrôle d’Israël.
« Les choses sont différentes aujourd’hui, veut croire Ghassan Khatib. Nous avons fait la moitié du chemin vers l’indépendance. Les frontières de 1967 font consensus dans la communauté internationale, il existe une Autorité palestinienne et tout le monde reconnaît les progrès vers la mise en place des structures d’un État. Nous sommes prêts. »
Un passage en force des Palestiniens à l’ONU avec l’appui de la communauté internationale pourrait s’avérer fort embarrassant pour Israël. « Plus le nombre de pays reconaissant l’État palestinien dans les frontières de 1967 est important, plus un vote de l’ONU devient crédible, confie un diplomate à Jérusalem. Mais soyons clairs, la voie onusienne n’est viable qu’avec le soutien des États-Unis. Sans cela, la réalité sur le terrain ne changera pas. »
« Les choses sont différentes aujourd’hui, veut croire Ghassan Khatib. Nous avons fait la moitié du chemin vers l’indépendance. Les frontières de 1967 font consensus dans la communauté internationale, il existe une Autorité palestinienne et tout le monde reconnaît les progrès vers la mise en place des structures d’un État. Nous sommes prêts. »
Un passage en force des Palestiniens à l’ONU avec l’appui de la communauté internationale pourrait s’avérer fort embarrassant pour Israël. « Plus le nombre de pays reconaissant l’État palestinien dans les frontières de 1967 est important, plus un vote de l’ONU devient crédible, confie un diplomate à Jérusalem. Mais soyons clairs, la voie onusienne n’est viable qu’avec le soutien des États-Unis. Sans cela, la réalité sur le terrain ne changera pas. »
Dissoudre l’Autorité palestinienne : une option à haut risque
Les Palestiniens disposent toutefois d’une dernière carte : rendre les clés des territoires autonomes à l’occupant israélien.
Dans un entretien à la télévision palestinienne, vendredi 3 décembre, Mahmoud Abbas a pour la première fois évoqué clairement cette possibilité : « Je ne peux accepter de rester le président d’une Autorité qui n’existe pas. Si tous les efforts échouent, je dirais aux Américains et aux Israéliens de mettre fin à cette situation (…) et de me relever de mes responsabilités. »
Dissoudre l’Autorité palestinienne qui emploie 150 000 fonctionnaires est une option à haut risque. Après dix-sept ans d’un processus de paix sans résultat, Mahmoud Abbas, 75 ans, juge peut-être qu’il n’a plus grand-chose à perdre.
Karim LEBHOUR, à Ramallah Dans un entretien à la télévision palestinienne, vendredi 3 décembre, Mahmoud Abbas a pour la première fois évoqué clairement cette possibilité : « Je ne peux accepter de rester le président d’une Autorité qui n’existe pas. Si tous les efforts échouent, je dirais aux Américains et aux Israéliens de mettre fin à cette situation (…) et de me relever de mes responsabilités. »
Dissoudre l’Autorité palestinienne qui emploie 150 000 fonctionnaires est une option à haut risque. Après dix-sept ans d’un processus de paix sans résultat, Mahmoud Abbas, 75 ans, juge peut-être qu’il n’a plus grand-chose à perdre.
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