dimanche 26 décembre 2010

La Paix au Liban pourra-t-elle être séparée de la Paix au Proche Orient ?

publié le samedi 25 décembre 2010
Riad Jreige

 
La paix du Liban, indépendante de la question palestinienne ou possible seulement si elle s’intègre dans une paix globale et régionale ?
En 1948, date de la création de l’Etat d’Israël, le problème palestinien naquit, accentué par les différentes guerres arabo-israéliennes, spécialement celle de 1967, plus connue sous le nom de "guerre des six jours" qui a vu la débâcle des armées arabes et l’occupation de Gaza, la Cisjordanie ainsi que la partie arabe de Jérusalem.
Le Liban, pays limitrophe d’Israël, en 1948, a accueilli sur son sol et autour des grandes villes (Beyrouth, Tripoli, Sidon, Tyr), pas moins de 400 000 réfugiés palestiniens. Les libanais ne veulent pas les intégrer en vu d’un retour en Palestine occupée.
Les guerres du Liban, ont impliqué des Palestiniens qui ont fui la Jordanie en 1970 après un essai avorté de renverser le régime du Roi Hussein.
Deux théories s’opposent, celle qui veut que la paix du Liban soit indépendante de la question palestinienne et celle qui stipule qu’une paix libanaise n’est possible que si elle s’intègre dans une paix globale et régionale.
Nous allons exposer les deux théories.
1- La paix du Liban est indépendante de la question palestinienne.
Le Liban est un pays indépendant depuis 1943, fondateur des Nations Unies, exceptionnel par sa distinction multiconfessionnelle contrastant sensiblement avec les États du Moyen-Orient, démocratique à l’expression indépendante.
Il est issu du Mandat français hérité du démantèlement de l’Empire Ottoman suite à la défaite turco-allemande de la Première Guerre Mondiale.
En 1975, début de la tragédie libanaise opposant la droite chrétienne à la présence sur armée palestinienne massive après 1970 et "Septembre noir" marque du roi Hussein de Jordanie en opposition au complot palestinien visant à prendre le pouvoir dans le royaume hachémite.
Le résultat a été le soulèvement des musulmans progressistes du Liban en solidarité avec leur coreligionnaires palestiniens face aux chrétiens du Liban qui n’acceptaient pas cette alliance à l’encontre du respect de la souveraineté nationale.
Division des civils armés et de l’armée libanaise dans une guerre fratricide et confessionnelle jusqu’en 199O.
En 1982, expulsion de l’organisation de libération de la Palestine (OLP) vers Tunis par l’armée israélienne (Tsaha)l.
Les réfugiés palestiniens sont en nombre important au Liban sans solution de retour et pour le moment sans volonté politique de les intégrer .
La Syrie et Israël ayant envahi tous deux le Liban, l’ont finalement quitté en 2005, à l’exception de petits territoires (les Fermes de Shebaa et Ghajjar), à ce jour toujours occupés par Israël.
Le Liban est débarrassé des forces occupantes, il reste à trouver l’assise pour gouverner avec les différents courants libanais avec en prime aucune communication bien sûr avec Israël. Avec la Syrie, le courant est rétabli avec toutes les parties libanaises en 2010.
Été 2006, bombardements israéliens de la population libanaise, avec plus d’un millier de morts, et destruction d’une grande partie de l’infrastructure du pays.
Après Paris I et Paris II, Paris III regroupant les pays créanciers, et non de dons, au Liban, avec à chaque fois l’aide promise qui se transforme en charges de plus en plus lourdes dépassant les capacités d’absorption de la population libanaise.
Le Liban est donc soumis avec plus de 60 Milliards de $ de dettes.
Autrement dit, un semblant d’indépendance et l’illusion du pouvoir pour nos politiciens qui sont catégorisés artificiellement comme pro ou antisyrien suivant des critères artificiels et loin de la réalité sur le terrain.
La solution serait :
- Restitution au Liban des territoires encore occupés par Israël
- Renvoi des réfugiés palestiniens à Gaza et en Palestine encore occupée (Cisjordanie)
2 - La paix au Liban est inhérente à un règlement régional global dont celui du problème palestinien.
Le Liban, la Syrie, la Jordanie, la Palestine, Israël ; des régions d’une ancienne entité plus importante : l’Empire Ottoman.
Cet immense Empire a été démantelé au début du XXème siècle, partagé entre les grandes puissances de l’époque : l’Angleterre et la France.
Création au milieu du XXème siècle, et pour des considérations propres à ces puissances, des pays plus ou moins uniformes, aux frontières tracées artificiellement avec un crayon à papier sur une carte géographique, devant donner naissance à des pays indépendants : Etat - Nation
Très vite, et dès le lendemain de la création de l’Etat d’Israël, se pose le problème palestinien en 1948 avec son lot de réfugiés.
Aujourd’hui, soit plus de soixante années plus tard le problème palestinien persiste, plus aigü que jamais.
- La Syrie accepte un Liban indépendant puisqu’il y a eu un échange d’ambassadeurs. Elle veut récupérer le Golan annexé par Israël en 1973.
- Israël ne veut pas d’une Palestine indépendante mais oeuvre pour l’établissement des réfugiés dans leurs terres d’accueil. Il ne veut pas non plus d’un Liban multiconfessionnel.
- Le Liban ne veut pas de l’établissement des réfugiés palestiniens du Liban car il modifie le rapport de force des différentes communautés nuisible à l’équilibre instable de la formule d’entente interlibanaise.
- L’Iran et l’Arabie Saoudite mettent de l’huile sur le feu en attisant le conflit en y ajoutant l’extrémisme religieux que ce soit au Liban, en Palestine ou en Irak, pétro-dollars à l’appui.
- Les États Unis, s’accomodant de la guerre et nous l’espérons un jour initiateurs de la paix, mènent ou essaient de mener le jeu partout à la fois pour essentiellement préserver leurs intérêts.
Le Liban est partie prenante dans les conflits ainsi que dans le règlement des conflits au Moyen-Orient.
La présence sur son sol, à plusieurs périodes de son histoire post indépendance, de forces armées étrangères, le démontre clairement, nous en citons quelques unes :
L’OLP, l’armée syrienne, l’armée israélienne, les forces multinationales, la FINUL, la FINUL renforcée sans parler des milices libanaises à la solde de différentes puissances régionales.
Des initiatives de paix ont émané d’un peu partout sans aucune réponse concrète sur le terrain, nous citons pour mémoire quelques exemples :
Oslo, Madrid, plans de l’ONU, plan français, plan saoudien, plan égyptien, plan marocain, plan américain (feuille de route), ....
En fait, pour le moment, malgré quelques initiatives sans lendemain, tous les événements se déroulant dans ce Moyen-Orient démontrent le peu d’enthousiasme et d’énergie déployés, par ceux-là même qui prétendent le vouloir, pour résoudre les problèmes de cette partie du monde.
Beaucoup de questions restent en suspens, parce que sans réponse concrète et convaincante :
- Pourquoi la Syrie a-t-elle été obligée de quitter rapidement le Liban en 2005 ?
- Qui a assassiné Harriri , puis toutes les personnalités publiques et politiques depuis février 2005 ? Le Tribunal Spécial pour le Liban diligenté par l’ONU cherche -t-il la vérité ou est-il politisé ?
- Pourquoi Israël s’est-il attaqué durant l’été 2006 à l’infrastructure même du Liban ?
Tant qu’un plan de paix n’est pas appliqué sur la région avec au préalable posées, sur la table des discussions, toutes les problématiques de chacun des acteurs actifs de ces conflits qui perdurent, il n’ y a rien à espérer de bon ni pour la région ni pour le Liban.
Y a-t-il un plan américain concernant le Moyen-Orient autre que celui diabolique que nous vivons ?
Une Conférence internationale pour la Paix au Proche et Moyen-Orient doit se concrétiser avec au moinimum les principaux intéressés : Syrie, Liban (Le Hezbollah y a toute sa place), Palestiniens (représentants de l’OLP et du Hamas), Egypte et Jordanie.
De cette Conférence devra émerger un Etat Palestinien viable, c’est-à-dire autonome, libre et indépendant. Restitution du Golan à la Syrie, restitution des territoires libanais au Liban, retour des palestiniens dans leur foyer, reconnaitre Israël comme un Etat indépendant sur une carte bien délimitée, lui assurer l’eau dont il a besoin, etc.
A ce moment-là le Hezbollah n’aura plus sa raison d’être comme force de Résistance mais comme courant politique. Tout comme le Hamas n’aura plus de raison de s’attaquer à Israël mais restera un courant politique.
C’est en tous cas ce que nous pensons dès lors que nous voulons envisager efficacement l’avenir politique et économique de cette région du monde dont le Liban.
Riad JREIGE mardi 21 décembre 2010
publié par Agoravox