Déçus par le refus israélien du gel de la colonisation, les Palestiniens, avec l’appui de la Ligue arabe, intensifient leurs efforts pour faire reconnaître leur Etat.
Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a choisi les colonies plutôt que la paix, a déclaré avec regret le président palestinien, Mahmoud Abbass. « Je ne comprends pas comment on peut considérer que des colonies sont plus importantes que la paix », a ajouté le président palestinien, répétant qu’il restait fermement engagé dans les négociations et la paix. « Nous voulons la paix et les négociations sont le seul moyen de l’obtenir ici », a-t-il assuré.
En fait, les Palestiniens ont enterré les dernières propositions américaines de relance du processus de paix moribond, pour tenter à la place d’obtenir une reconnaissance internationale de l’Etat palestinien sur les frontières de 1967. Pour le négociateur palestinien Nabil Chaath, le processus de paix est dans un « coma profond » et les tentatives de la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, pour le ressusciter sont « totalement inutiles ». « Ce processus de négociation n’a plus la moindre crédibilité », a déclaré M. Chaath, qualifiant l’exercice de « futile et ridicule » et parlant même de l’impasse due, selon lui, à l’intransigeance du gouvernement Netanyahu et l’impuissance de Washington. « Je ne pense pas que nous allons reprendre les négociations », a-t-il enchaîné. Les pourparlers directs, relancés le 2 septembre à Washington, sont suspendus depuis l’expiration, le 26 septembre, d’un moratoire sur la colonisation. « Nous nous sommes consacrés aux négociations pendant près de 20 ans et aujourd’hui, nous sommes pris au piège d’un processus qui n’a rien changé à l’occupation », a souligné un autre négociateur palestinien, Saëb Erakat.
Les Palestiniens ne croient pas depuis l’échec cuisant de Washington à une nouvelle tentative pour obtenir un nouveau gel des colonies. Les Américains ont abandonné l’idée, après un embarrassant marchandage avec le premier ministre israélien.
Mme Clinton propose, elle, une nouvelle approche : des négociations indirectes sur les questions de fond (frontières, réfugiés, Jérusalem). Mais, soutenus par la Ligue arabe, les Palestiniens ont signifié aux Etats-Unis qu’une reprise des négociations avec Israël était exclue sans gel de la colonisation, mettant la pression sur Washington pour présenter une « offre sérieuse ». Les négociations proposées par Mme Clinton sont « totalement inutiles sans termes de référence », a insisté M. Chaath. Pour renouer le dialogue, les Palestiniens réclament des références politiques claires, comme la fin de l’occupation des territoires palestiniens occupés en 1967 et Jérusalem-Est pour capitale. Ils demandent aussi la reconnaissance de l’Etat palestinien à l’intérieur des frontières de juin 1967, avant la guerre des Six Jours, moyennant des échanges mineurs de territoire.
Face au blocage, les Palestiniens veulent intensifier « dans les prochains jours » leurs efforts pour obtenir la reconnaissance de leur Etat. Le Brésil, l’Argentine et la Bolivie ont déjà accédé à cette requête et l’Uruguay a annoncé son intention de les imiter le 7 janvier. D’autres pays devraient suivre.
Sur le front européen, l’Autorité palestinienne fait campagne pour le rehaussement du niveau de ses représentations diplomatiques.
En outre, les Palestiniens ont annoncé leur intention de saisir le Conseil de sécurité de l’Onu pour tenter d’obtenir une résolution ordonnant l’arrêt de la colonisation juive. Celle-ci est illégale au regard du droit international.
En revanche, ils n’envisagent pas, à ce stade, de dissoudre l’Autorité palestinienne, ultime option qui serait, selon Nabil Chaath, « apocalyptique ».
De son côté, Benyamin Netanyahu prétend que son gouvernement poursuivrait les efforts de paix au Proche-Orient en dépit de l’échec des négociations directes avec les Palestiniens menées sous l’égide des Etats-Unis. « La recherche de la paix est importante et mon gouvernement continuera de se diriger vers ce but. Nous voulons la paix, parce que nous ne voulons pas la guerre », a déclaré Netanyahu. Il s’est engagé à combattre ce qu’il a appelé « les attaques contre notre légitimité ».
Le premier ministre palestinien, Sallam Fayyad, pense malgré tout qu’il est « possible de faire avancer ce processus » en dépit de l’impasse. « Nous ne devons pas être découragés parce que nous avons échoué avant, nous ne devons pas abandonner », a-t-il prévu. Les Israéliens ont rapporté que deux collaborateurs de George Mitchell, émissaire américain au Proche-Orient, étaient arrivés dans la région pour étudier les moyens de reprendre les négociations.
Avant toute reprise des discussions, les Palestiniens réclament un moratoire sur les constructions dans les colonies juives. Israël y voit une condition préalable qu’il rejette.
Inès Eissa