Charlotte Bozonnet
Le Collectif national pour une paix juste entre Israéliens et Palestiniens et la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine tenaient mardi 26 une conférence de presse pour annoncer le lancement de la campagne "Un bateau pour Gaza"
Le départ devrait avoir lieu au printemps prochain pour apporter de l’aide humanitaire à la population et dénoncer le blocus israélien. La campagne vient d’être lancée.
Ce que le gouvernement français refuse de faire,alors les citoyens le feront. C’est le message porté par plus de 60 associations, partis politiques et syndicats français qui viennent de lancer la campagne Un bateau français pour Gaza. Membres du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens et de la plate-forme des ONG françaises pour la Palestine, toutes ont décidé de s’unir pour briser le blocus de Gaza, « cette punition collective d’une population civile, en violation totale du droit international », a rappelé Claude Léostic, de l’Association France Palestine Solidarité, lors de la conférence de presse qui se tenait hier à l’Assemblée nationale, en présence de plusieurs parlementaires (1).
Le départ de ce bateau interviendra au printemps 2011 aux côtés d’une vingtaine de bateaux d’autres pays. Quatre mois après l’attaque contre le Mavi Marmara, la deuxième flottille de la liberté doit apporter de l’aide humanitaire aux 1,5 million de Gazaouis privés de tout (2). Une situation qui « n’aurait pas été possible sans la passivité de la communauté internationale, en particulier de l’Union européenne, dont la France », rappellent les organisations.
Pour les signataires, il s’agit de dénoncer ce siège mais aussi d’obtenir l’application des résolutions de l’ONU pour la paix au Proche-Orient, a rappelé Bernard Ravenel, président de la plate-forme des ONG françaises pour la Palestine. La campagne Un bateau français pour Gaza est à replacer dans le contexte actuel « extrêmement choquant », a souligné Jacques Fath, responsable international du PCF : « En pleine reprise des pourparlers, la colonisation et le blocus continuent sans que les gouvernements, notamment français, ne réagissent. » Les 60 organisations appellent à un large soutien de la société française. « Nous devons être le plus nombreux possible pour dire aux Palestiniens, aux Israéliens, à nos gouvernements et aux opinions publiques : le droit international doit être appliqué, c’est la seule manière d’arriver à la paix », a prévenu Claude Léostic. [1]
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[1] (1) De nombreux élus ont déjà apporté leur soutien, dont Marie-Hélène Amiable (PCF), Patrick Braouezec (Communistes unitaires et citoyens), Marc Dolez (PG), Étienne Pinte (UMP), Jean-Paul Lecoq (PCF), Alima Boumediene-Thierry (Verts), Jean-Jacques Candelier (PCF), François Loncle (PS). (2) Un appel aux dons a été lancé. Chèques à libeller à l’ordre de : Mrap – un bateau pour Gaza France – et à adresser au Mrap, 43, boulevard Magenta, 75010 Paris
[2] voir aussi Cecile Brisson, d’Associated press :
Un bateau français partira pour Gaza au printemps
Des organisations françaises ont lancé mardi un appel aux dons pour financer le bateau d’aide humanitaire qu’elles comptent affréter à destination de la Bande de Gaza entre avril et mai 2011, dans le cadre d’une deuxième flottille internationale qui tentera de briser le blocus israélien du territoire palestinien.
Thomas Sommer-Houdeville, un militant ayant déjà participé à la première flottille sur un navire grec, coordonne la campagne "Un bateau français pour Gaza", à laquelle souscrivent déjà une soixantaine d’organisations - des associations pro-palestiniennes, des partis politiques de gauche (PCF, Verts), des mouvements de défense des droits de l’Homme (MRAP, LDH, Cimade) et des syndicats (Solidaires).
Le bateau devrait partir d’un port français, ne fera pas d’escale en dehors de l’Hexagone, rejoindra les autres navires de la flottille quelque part en Méditerranée et, ensemble, ils iront "droit sur Gaza", a déclaré Thomas Sommer-Houdeville, de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP) lors d’une conférence de presse dans un bureau du Palais Bourbon.
Des députés de tous bords politiques ont apporté leur soutien : le communiste Patrick Braouzec, l’UMP Etienne Pinte, le socialiste François Loncle ou encore le Vert Noël Mamère. Un élu s’est d’ores et déjà dit prêt à embarquer : "Cette initiative, je la soutiendrai jusqu’au bout, quitte à partir avec", a lancé le député communiste Jean-Paul Lecoq.
Les organisateurs ne pouvaient dire dans l’immédiat qui d’autre pourrait prendre part au convoi. "Nous voulons effectivement qu’il y ait le plus de personnalités possibles qui représentent l’ensemble de la société française", a déclaré Claude Léostic, vice-présidente de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité).
Il s’agit avant tout d’une initiative de la société civile, insistent les organisateurs. "Ce sont les citoyens qui vont prendre en main ce que ne font pas les gouvernants", relève Claude Léostic. "Le gouvernement français soutient la politique israélienne dans son illégalité", accuse Françoise Clément, d’Attac. "On est obligé de passer par la société civile parce que le politique est totalement inefficace", analyse Jérôme Gleizes, militant Vert. Cette nouvelle flottille internationale, "c’est vraiment une levée de boucliers des sociétés civiles du monde entier", note Alain Bosc, de la Cimade.
La mission du bateau français sera de "dénoncer et briser le blocus", "faire respecter le droit international" et "apporter l’aide humanitaire qui fait aujourd’hui cruellement défaut à Gaza", explique Thomas Sommer-Houdeville, qui avait été détenu trois jours par Israël après sa participation au premier convoi international.
Au printemps dernier, une "flottille de la paix" avait tenté de forcer le blocus imposé par l’Etat hébreu et l’Egypte après la prise de pouvoir par le Hamas dans la Bande de Gaza en juin 2007. Le 31 mai, dans les eaux internationales, l’armée israélienne avait donné l’assaut, rencontrant une résistance à bord de l’un des navires, le "Mavi Marmara". L’opération s’était soldée par la mort de neuf militants turcs.
Depuis, le blocus a été assoupli, Israël autorisant l’importation d’un plus grand nombre de biens alimentaires et de matériaux, et laissant même entrer récemment des voitures. Un allégement "cosmétique", selon Claude Léostic, de l’AFPS : "La population de Gaza vit dans des conditions absolument indignes et inacceptables".
Israël continue d’interdire certains matériaux, de crainte qu’ils ne soient utilisés pour fabriquer des roquettes ou des bombes.
Thomas Sommer-Houdeville a affirmé que le bateau français pour Gaza serait inspecté avant son départ par les autorités portuaires françaises, comme n’importe quel navire. "On n’acceptera pas que les Israéliens montent sur les bateaux" pour vérifier leur contenu, a prévenu le coordinateur. Il a ajouté que les organisateurs étaient toutefois prêts à négocier une inspection internationale, par exemple sous égide de l’ONU.
Pour affréter un cargo et acheter le matériel humanitaire destiné au territoire palestinien, le budget nécessaire est évalué à "des centaines de milliers d’euros", a indiqué M. Sommer-Houdeville.
C’est le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) qui gérera l’argent récolté. "Il y aura une transparence totale", aussi bien sur la provenance des fonds que sur leur utilisation, a promis Renée Le Mignot. Selon elle, le MRAP a ainsi demandé à la banque de signaler les chèques d’un montant anormalement élevé.
Les organisateurs ne précisent pas d’où appareillera le "bateau français pour Gaza". Mais Thomas Sommer-Houdeville confie que le choix de Sète serait symbolique : les ONG se battent en effet contre le projet d’Agrexco, un importateur israélien de fruits et légumes cultivés notamment dans des colonies, de s’installer dans ce port de l’Hérault en mai 2011. Ce qui correspond justement au largage des amarres de la prochaine flottille.
Associated press, relayé par Métro Montréal