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Le procès d’Abdallah Abu Rahmah, un des organisateurs du Comité Populaire de Bil’in Contre le Mur et les Colonies, a repris mercredi à la Cour Militaire de Ofer, dans le centre de la Cisjordanie. Le mois dernier, le tribunal avait retenu les charges suivantes, organisation de manifestations illégales et incitation à y participer, mais avait annulé les condamnations pour violence (lancé de cailloux) et possession d’armes (cartouches de gaz lacrymogène usagées).
Le procureur militaire a demandé une peine de plus de deux ans de prisons pour Abu Rahman, au motif que, en tant qu’organisateur, sa punition devait être sévère, pour le dissuader lui, ainsi que tous ceux qui voudraient suivre son exemple. Cette déclaration du procureur met en avant les motivations politiques liées à la mise en accusation d’Abu Rahman, et confirme les propos tenus par Mme Ashton, directrice des affaires étrangères européennes, le mois dernier. Elle avait déclaré que emprisonner M Abu Rahman serait "une pression exercée sur lui et sur les autres palestiniens pour les empêcher d’exercer leur droit légitime à manifester de manière non-violente contre le mur."
Pour justifier cette sanction qu’il veut sévère et dissuasive, le procureur a mis en avant les répercussions et le coût causés par les manifestations contre le mur, en citant un rapport écrit par un prétendu "expert" qui est en fait un officier israélien, le major Igor Mussayev.
Le rapport, truffé d’erreurs semble-t-il, essaye de prouver notamment que les militaires israéliens n’ont aucune supériorité sur les manifestants. Le rapport ajoute que les balles en caoutchouc utilisées par l’armée ont une portée inférieure à celle des frondes utilisées parfois par quelques militants palestiniens. Selon le rapport, les balles en caoutchouc auraient une portée inférieures à 50 mètres, la limite légale pour tirer sur les manifestants.A u cours de l’audience, la major Mussayev a déclaré que toutes les armes mentionnées dans son rapport étaient non létales et adaptées aux mesures anti-manifestations. Interrogé au sujet des balles de calibre 22mm, qui sont classées dans les armes mortelles et bannies des arsenaux anti-émeutes, le major a soutenu qu’elles n’étaient qu’une mesure anti-manifestations. Une telle réponse, venant de l’officier chargé des manifestations dans toute la Cisjordanie, montre le manque total de respect pour la légalité quand il s’agit de réprimer la lutte palestinienne.
Enfin, le rapport a également présenté à la Cour les coûts liés aux munitions utilisées durant les manifestations, qui s’élèverait à 6.5 millions de NIS (New Israeli Shekel), soit 1.35 millions d’euros environ, entre août 2008 et décembre 2009. Il mentionne également le coût nécessaire pour monter un vrai mur à Nil’in, 8.5 millions de NIS (à peu près 1.77 millions d’euros), le mur n’étant actuellement qu’un grillage. Étrangement, le rapport ne mentionne rien concernant le coût pour changer la trajectoire actuelle du mur, et rien également à propos de la décision prise il y a maintenant trois ans par la Cour Suprême concernant ce changement de tracé du mur.