Michel Warschawski
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Humilier le président palestinien renforcera encore plus le Hamas et prouvera qu’il n’y aura pas de partenaire aussi longtemps que la majorité des Palestiniens soutiendra des terroristes qui ne reconnaissent pas l’Etat d’Israël.
Cukierman : "Il nous faut apprendre de Joseph Goebells"
Sommet Abbas-Netanayahu : direct pour un coup pour rien, ou pour l’humiliation d’Abu Mazen
Sous la forte pression américaine, Mahmoud Abbas [Abu Mazen] a accepté les « négociations directes » avec Benjamin Netanyahu. Le problème pour celui-ci n’a jamais été qu’elles soient « directes », mais que ce soit des « négociations ».
Il sait, nous savons tous, que le gouvernement israélien n’a aucune intention de discuter d’une solution qui pourrait être acceptée, même par un Palestinien encore plus modéré qu’Abbas lui-même. Rien n’annonce non plus qu’ils discuteront du gel des colonies, initiative que même la Feuille de Route notait comme une étape essentielle et préliminaire à la conduite des négociations. Netanyahu a déjà annoncé qu’il allait demander une discussion initiale sur la sécurité.
Que la situation soit calme, qu’il n’y ait ni attaques ni quasiment de jets de pierres, que les rapports de la CIA attestent à quel point les services de sécurité palestiniens font leur travail mieux que prévu, rien de tout cela n’empêche Netanyahu de remettre au goût du jour le mantra d’il y a dix ans sur le combat contre le terrorisme. Pour Netanyahu, ce n’est pas seulement un prétexte éculé visant à s’opposer à tout changement dans le statu quo : l’homme qui a inventé la « menace terroriste mondiale » s’est enlisé quelque part dans les années 1980, et il attend le retour de George W. Bush et Dick Cheney à la Maison-Blanche pour relancer la croisade mondiale contre le terrorisme international.
Et une autre condition préalable est posée par le Premier ministre, une condition que lui-même sait tout à fait inacceptable pour les Palestiniens : la reconnaissance de l’Etat d’Israël comme l’Etat du peuple juif. Les conseillers d’Abu Mazen savent que, même si d’épuisement ou dans la confusion, l’un d’eux exprimait une telle reconnaissance, une autre exigence viendrait aussitôt, comme par exemple reprendre quelques lignes de la Hatikva [hymne d’Israël] pour les ajouter à l’hymne national palestinien, ou échanger le jour de la Naqba contre un hommage au sionisme, et que diriez-vous d’ajouter les poèmes de Bialik et Naomi Shemer au programme scolaire obligatoire palestinien en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et dans les camps de réfugiés à travers le monde.
Ce qu’Obama va essayer d’obtenir à travers ce sommet direct, c’est un accord pour une série de négociations, au cours desquelles il sera convenu de tenir une série de négociations pour préparer des négociations pour l’organisation d’un sommet, au cours duquel il sera décidé de tenir une série de négociations... et ainsi de suite. Ce n’est pas qu’une escroquerie flagrante, c’est aussi une humiliation pour Abu Mazen. Netanyahu sait bien aussi qu’humilier le président palestinien renforcera encore plus le Hamas, ce qui prouvera, soutiendra-t-il alors, qu’il n’y aura pas de partenaire aussi longtemps que la majorité des Palestiniens soutiendra des terroristes qui ne reconnaissent pas l’Etat d’Israël.
Ceux qui s’attendent à ce que les Etats-Unis fassent pression sur le Premier ministre d’Israël et cherchent à en imposer pour forcer Netanyahu à respecter les obligations du gouvernement israélien, seront amèrement déçus. Obama l’a appris de son propre échec, les élections de mi-mandat s’approchent et en général, ce sont les questions nationales qui apportent des voix, pas de patauger dans les marécages glauques des négociations israélo-arabes. Abu Mazen parie sur Washington, et encore une fois, il aura misé sur le mauvais cheval.
Monter un dossier contre la députée Zoabi : « Nous devons apprendre de Joseph Goebbels ».
Au début de la « deuxième Intifada », le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Roger Cukierman, se vantait dans les pages de Ha’aretz : « J’ai dit à Sharon quand il est venu en France qu’il nous fallait apprendre de Joseph Goebbels, et créer sans tarder un bureau pour les questions de propagande... » L’idée fut acceptée et un projet de relations publiques débuta par une campagne internationale sur la présence d’un antisémitisme supposé derrière toute expression critiquant la politique d’oppression d’Israël et son occupation. Le porte-parole de l’armée israélienne de l’époque était Oded Ben Ami. Quand il quitta sa fonction, le mensonge se fit beaucoup plus subtil. Cependant, cet homme continua son œuvre de désinformation, cette fois en tant que « journaliste », à Channel 2 News.
La semaine dernière, pour son émission Six avec Oded Ben Ami, l’homme avait décidé de monter un dossier contre un membre de la Knesset, Hanin Zoabi, et sa présence sur la Flottille de la Liberté, dans la tradition de Cukierman et de ses conseillers. Avant même que Ben Ami eût ouvert la bouche, la chaîne annonça « des photos compromettantes » et pendant plusieurs longues minutes, Ben Ami se mit « à analyser » les images... qui ne montraient absolument rien, et certainement pas les armes qui, selon lui, auraient été trouvées sur le pont du navire.
Voyons la critique de Ha’aretz dans son examen de l’ « interview » de la députée Zoabi conduite par Ben Ami :
« A trois reprises, il a été fermement décidé que les photos prouvaient que (Zoabi) mentait. Ceci en dépit des photos elles-mêmes... qui avaient été soigneusement revues, les empreintes du porte-parole de l’armée israélienne étaient sur toutes... il est presque impossible d’y comprendre quoique ce soit... La première fois, il fut mis en avant que "les nouvelles photos allaient montrer la députée Zoabi marchant parmi les militants armés sur le pont du Marmara et se confrontant avec les soldats..." puis, il a été clarifié que cette "confrontation" n’était en réalité que le résultat de la traduction.
La deuxième fois, quand ils ont coupé pour un flash infos, le lecteur reprit les mêmes assertions et ajouta que "plus tard dans l’émission, nous allons entendre Zoabi alors qu’elle se disputait avec un soldat israélien et qu’elle tentait de l’empêcher de secourir un soldat blessé." Evidemment, il n’y eut aucun soldat mais un militant qui demandait à rester sur le pont et Zoabi qui traduisait sa demande pour l’armée. Puis, troisième fois, coupure publicité, et Ben Ami profita alors de l’occasion pour continuer de monter une réalité avec ces mots : "aussitôt après, le nouveau clip démontre que la députée Zoabi a vu les militants armés sur le pont du Marmara, contrairement à son témoignage". »
Ainsi, Six avec Oded Ben Ami avait décidé d’accuser Zoabi trois fois de faux témoignage. Le fait que durant l’interview elle-même, elle ait fourni plusieurs explications logiques et qu’elle ait embarrassé Ben Ami à plusieurs reprises ne changera pas le paradigme avec lequel Ben Ami est sorti du quartier général de l’armée et qu’il a décidé d’utiliser dans son émission de propagande.
Effectivement, suivant le conseil du dirigeant de la communauté juive en France, Channel 2 sait de qui apprendre la propagande et la diffamation.
22 août 2010 - Alternative Information Center - traduit en anglais par AIC, et en français par JPP