Michel Warschawski
Sorti renforcé du vote sur l’assurance maladie, Barack Obama reprend les négociations avec le Premier ministre israélien sur le gel de la colonisation dans un contexte particulièrement hostile.
« Mardi soir dernier, les relations entre Israël et les Etats-Unis se sont enfoncées dans une crise particulièrement grave. Une crise stupide, superflue et dangereuse... Ni les Etats-Unis, ni Israël ne font preuve de maturité et de responsabilité, ce qui place le sort de Ramat Shlomo, de l’hôtel Shepherd et de Silwan entre les mains d’Ahmadinejad, Nasrallah et Meshaal », écrit le commentateur Ari Shavit dans l’édition du jeudi 25 mars du Haaretz. Ramat Shlomo, Shepherd et Silwan sont les trois derniers sites de colonisation juive à Jérusalem-Est.
Les rencontres en tête à tête et à huis clos entre le président états-unien et le Premier ministre israélien ont été extrêmement tendues, affirment les proches d’Obama, en particulier sur la question du gel de la colonisation et sur un calendrier précis de négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne. Concernant ces deux objectifs, Netanyahou semble sourd aux injonctions de la Maison-Blanche, mais le président américain ne paraît pas prêt à lâcher le morceau.
Libéré du dossier sur l’assurance maladie qui a été son objectif prioritaire, Obama peut reprendre les dossiers de politique étrangère, et en particulier les objectifs fixés dans son discours du Caire, il y a moins d’un an. Aux considérations politiques s’ajoute maintenant un compte personnel à régler avec Netanyahou qui n’a pas hésité à utiliser le lobby pro-israélien pour faire échouer la loi sur l’assurance maladie et affaiblir ainsi le président démocrate. Au-delà des divergences de fond sur la politique à mener au Proche-Orient, Netanyahou est un néo-conservateur qui agit en permanence pour remettre en selle ses amis de la droite républicaine.
Selon ses proches, Obama a exigé des réponses claires et rapides, refusant à Netanyahou de jouer la montre, une tactique qui a toujours été privilégiée par les dirigeants israéliens. A l’opposé, le Premier ministre israélien essaie de repousser l’ouverture d’un nouveau round de négociations, parce qu’il n’a rien à offrir à Mahmoud Abbas, même pas des gestes de « confidence building » que demande la Maison-Blanche. Au contraire : chaque nouvelle maison construite dans une colonie affaiblit encore davantage le président de l’Autorité palestinienne et renforce la popularité du Hamas qui n’a pas cessé de prédire l’échec de toute tentative de négociation avec le gouvernement actuel de l’Etat d’Israël. Quant au gel de la colonisation, il faudrait plus que des mots pour que Washington parvienne à l’imposer à Netanyahou.
Il y a vingt ans, une crise majeure avait éclaté entre le gouvernement Shamir et l’administration Bush (le père) , là aussi sur une demande américaine de gel de la colonisation. Usant de 13 milliards de dollars de garanties bancaires comme appât, Bush avait réussi à provoquer des élections anticipées et permis ainsi la victoire de Yitzhak Rabin et l’ouverture des négociations d’Oslo. La grande différence c’est que, aujourd’hui il n’existe aucune relève travailliste possible au Likoud, Ehoud Barak ayant sabordé son parti pour faire tandem avec Netanyahou. Il reste évidemment l’option d’un retour du parti Kadima au gouvernail : sa dirigeante, Tsipi Livni, s’y prépare en faisant de la crise avec les Etats-Unis un argument de poids pour décrédibiliser à la fois Netanyahou et son caniche travailliste.
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Transmis par l’association "Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient du 5ème (CJPP5)" http://cjpp5.over-blog.com/