Par Sophie JANEL | 06/04/2010
Devant la Porte neuve de la Vieille Ville de Jérusalem, fermée par les autorités israéliennes, les pèlerins se massent. Photo Sophie Janel
Demander et obtenir le permis pour accéder à la Ville sainte, passer les checkpoints à pied, se faire fouiller...
« Avant... il y a plus de 10 ans, précise Jacques dans un sourire gêné, j'allais à Jérusalem deux ou trois fois par semaine. C'était facile. Maintenant, je n'y vais qu'une fois par an, et seulement si j'ai un permis. » Ce grand-père, qui ne souhaite pas révéler son âge, est l'heureux propriétaire d'une petite boutique de souvenirs située en face de la basilique de la Nativité à Bethléem. « Je suis là depuis 1972 », tient-il à préciser dans un français impeccable. Ses lunettes bien vissées sur le nez, il explique que « cette année, (il) ne se rendr(a) pas à Jérusalem pour Pâques ». Jacques n'a pas demandé le permis lui permettant d'accéder à la Ville sainte du 24 mars au 7 avril, afin de permettre aux chrétiens de célébrer Pâques. « C'est long et compliqué. Et une fois qu'on l'a, c'est encore plus fatigant d'aller à Jérusalem. Il faut prendre un taxi, passer le checkpoint à pied, et se faire fouiller et reprendre un taxi, et peut-être même deux... je n'ai plus la force », assure-t-il en triant des cartes postales devant un crucifix en bois d'olivier.
Sur les quelque 50 000 chrétiens présents dans les territoires palestiniens, seuls quelques milliers ont obtenu un laissez-passer. Les autorités israéliennes déclarent en avoir délivré 10 000, alors que Youssef Daher, le secrétaire exécutif du Centre interreligieux de Jérusalem, en coordination avec le Conseil mondial des Églises, assure que « moins de 2 000 Palestiniens en ont obtenu un ». L'Autorité palestinienne estime que 2 000 à 3 000 permis ont été délivrés.
Dans le petit village de Jifna, situé au nord de Ramallah, « sur les 750 habitants chrétiens, 228 ont demandé un permis. Seuls 180 l'ont reçu », assure le père Firaz en charge de soumettre les dossiers aux autorités israéliennes. Afin d'obtenir ce sésame, les candidats doivent posséder une carte magnétique dans laquelle des informations privées sont enregistrées.
Difficile d'accéder à la Vieille Ville
Une fois le permis en poche, rien ne garantit l'accès à la Ville sainte. « L'an dernier, certains de mes paroissiens ont eu leurs permis déchirés aux checkpoints, ils n'ont pas pu aller se recueillir », confie le père Firaz. Jacques, lui, rappelle que le dimanche des Rameaux a été marqué par l'arrestation de Palestiniens, dont l'un des membres du Fateh, Abbas Zaki, qui participaient à une marche pacifiste. « Le checkpoint de Bethléem est resté fermé pendant quelques jours. Personne ne pouvait passer », assure cet homme grisonnant.
Youssef, lui, dénonce « la fermeture de la Porte neuve de la Vieille ville de Jérusalem vendredi et samedi ». Chaque année, pour marquer la veille du dimanche de Pâques, les chrétiens se rendent à la basilique du Saint-Sépulcre, qui abrite la tombe du Christ et le mont du Golgotha, site de la crucifixion, pour la cérémonie du « feu sacré ». Mais, « depuis six ans, selon Youssef, un permis est délivré même aux chrétiens de Jérusalem pour accéder au Saint-Sépulcre. Nous l'avons boycotté pendant deux ans. Et cette année, personne n'a reçu de permis. Cela veut dire qu'on ne pourra pas entrer dans la Vieille Ville », explique-t-il quelques jours avant la célébration.
Samedi, des dizaines de pèlerins patientaient devant la Porte neuve. Alors que le soleil était au zénith, un barrage de la police israélienne y avait été installé : seules les personnes vivant dans la Vieille Ville et les orthodoxes munis de permis pouvaient entrer. De nombreux étrangers sont passés, mais Ramzi, sa femme et ses deux petites filles sont restés dehors. « Nous vivons à Beit Hanina (quartier palestinien de Jérusalem-Est) et on nous demande un permis pour entrer dans la Vieille Ville ? Nous rentrerons, par la force s'il le faut », menace cet employé du Centre culturel français de Ramallah, qui décide de tenter sa chance à la porte de Jaffa. Mais une fois arrivée devant l'entrée, la petite famille découvre que des centaines de personnes attendent que le barrage soit levé. Dominique, une observatrice française de l'EAPPI (Programme d'accompagnement œcuménique en Palestine et Israël), assure que « les règles ont encore changé. Normalement, seules quelques entrées de la ville devaient être fermées. Elles le sont toutes maintenant ». Dans la Vieille Ville, des dizaines de barrages empêchaient, samedi, les pèlerins d'accéder au Muristan, le quartier chrétien de la Vieille Ville de Jérusalem, et au Saint-Sépulcre.
« Nous devons prendre les mesures de sécurité qui s'imposent en cette période de l'année », affirmait, jeudi, un porte-parole de la police israélienne, après avoir expliqué que les autorités s'attendaient à un afflux de pèlerins. Chaque année, des milliers de pèlerins, venus d'Europe et d'Amérique latine notamment, viennent à Jérusalem revivre la Passion du Christ. Cette année, les Pâques catholiques et orthodoxes se célèbrent en même temps que Pessah, la Pâque juive.
« Il n'y avait personne hier. Le Muristan était vide. Nos premiers clients ne sont arrivés qu'à 15h ! Une fois qu'ils ont bien voulu ouvrir les barrières », expliquait, dimanche, Mohammad, un commerçant du quartier chrétien, pendant que son fils Bassem vend des sandales à des touristes orthodoxes venus d'Europe de l'Est.
En ce dimanche de Pâques, l'affluence des visiteurs est importante. Parmi eux, Laila qui se dit « touriste dans (son) propre pays ». Âgée de 22 ans, cette Palestinienne aux ongles manucurés vit à Ramallah. Grâce au permis délivré par les autorités israéliennes pour la fête religieuse, elle est venue faire du shopping avec ses amies. « Pour le dimanche des Rameaux, on est allées au centre commercial. Aujourd'hui, on fait un tour dans la Vieille Ville », avoue-t-elle, avant d'ajouter : « Ça fait longtemps qu'on n'est pas venues ici ! »
Sur les quelque 50 000 chrétiens présents dans les territoires palestiniens, seuls quelques milliers ont obtenu un laissez-passer. Les autorités israéliennes déclarent en avoir délivré 10 000, alors que Youssef Daher, le secrétaire exécutif du Centre interreligieux de Jérusalem, en coordination avec le Conseil mondial des Églises, assure que « moins de 2 000 Palestiniens en ont obtenu un ». L'Autorité palestinienne estime que 2 000 à 3 000 permis ont été délivrés.
Dans le petit village de Jifna, situé au nord de Ramallah, « sur les 750 habitants chrétiens, 228 ont demandé un permis. Seuls 180 l'ont reçu », assure le père Firaz en charge de soumettre les dossiers aux autorités israéliennes. Afin d'obtenir ce sésame, les candidats doivent posséder une carte magnétique dans laquelle des informations privées sont enregistrées.
Difficile d'accéder à la Vieille Ville
Une fois le permis en poche, rien ne garantit l'accès à la Ville sainte. « L'an dernier, certains de mes paroissiens ont eu leurs permis déchirés aux checkpoints, ils n'ont pas pu aller se recueillir », confie le père Firaz. Jacques, lui, rappelle que le dimanche des Rameaux a été marqué par l'arrestation de Palestiniens, dont l'un des membres du Fateh, Abbas Zaki, qui participaient à une marche pacifiste. « Le checkpoint de Bethléem est resté fermé pendant quelques jours. Personne ne pouvait passer », assure cet homme grisonnant.
Youssef, lui, dénonce « la fermeture de la Porte neuve de la Vieille ville de Jérusalem vendredi et samedi ». Chaque année, pour marquer la veille du dimanche de Pâques, les chrétiens se rendent à la basilique du Saint-Sépulcre, qui abrite la tombe du Christ et le mont du Golgotha, site de la crucifixion, pour la cérémonie du « feu sacré ». Mais, « depuis six ans, selon Youssef, un permis est délivré même aux chrétiens de Jérusalem pour accéder au Saint-Sépulcre. Nous l'avons boycotté pendant deux ans. Et cette année, personne n'a reçu de permis. Cela veut dire qu'on ne pourra pas entrer dans la Vieille Ville », explique-t-il quelques jours avant la célébration.
Samedi, des dizaines de pèlerins patientaient devant la Porte neuve. Alors que le soleil était au zénith, un barrage de la police israélienne y avait été installé : seules les personnes vivant dans la Vieille Ville et les orthodoxes munis de permis pouvaient entrer. De nombreux étrangers sont passés, mais Ramzi, sa femme et ses deux petites filles sont restés dehors. « Nous vivons à Beit Hanina (quartier palestinien de Jérusalem-Est) et on nous demande un permis pour entrer dans la Vieille Ville ? Nous rentrerons, par la force s'il le faut », menace cet employé du Centre culturel français de Ramallah, qui décide de tenter sa chance à la porte de Jaffa. Mais une fois arrivée devant l'entrée, la petite famille découvre que des centaines de personnes attendent que le barrage soit levé. Dominique, une observatrice française de l'EAPPI (Programme d'accompagnement œcuménique en Palestine et Israël), assure que « les règles ont encore changé. Normalement, seules quelques entrées de la ville devaient être fermées. Elles le sont toutes maintenant ». Dans la Vieille Ville, des dizaines de barrages empêchaient, samedi, les pèlerins d'accéder au Muristan, le quartier chrétien de la Vieille Ville de Jérusalem, et au Saint-Sépulcre.
« Nous devons prendre les mesures de sécurité qui s'imposent en cette période de l'année », affirmait, jeudi, un porte-parole de la police israélienne, après avoir expliqué que les autorités s'attendaient à un afflux de pèlerins. Chaque année, des milliers de pèlerins, venus d'Europe et d'Amérique latine notamment, viennent à Jérusalem revivre la Passion du Christ. Cette année, les Pâques catholiques et orthodoxes se célèbrent en même temps que Pessah, la Pâque juive.
« Il n'y avait personne hier. Le Muristan était vide. Nos premiers clients ne sont arrivés qu'à 15h ! Une fois qu'ils ont bien voulu ouvrir les barrières », expliquait, dimanche, Mohammad, un commerçant du quartier chrétien, pendant que son fils Bassem vend des sandales à des touristes orthodoxes venus d'Europe de l'Est.
En ce dimanche de Pâques, l'affluence des visiteurs est importante. Parmi eux, Laila qui se dit « touriste dans (son) propre pays ». Âgée de 22 ans, cette Palestinienne aux ongles manucurés vit à Ramallah. Grâce au permis délivré par les autorités israéliennes pour la fête religieuse, elle est venue faire du shopping avec ses amies. « Pour le dimanche des Rameaux, on est allées au centre commercial. Aujourd'hui, on fait un tour dans la Vieille Ville », avoue-t-elle, avant d'ajouter : « Ça fait longtemps qu'on n'est pas venues ici ! »