Par Christian Merville | 11/03/2010
Le point
« Bibi » gardez-vous à droite ; « Bibi » gardez-vous à gauche. Oh ! Certes, il est difficile aujourd'hui de vêtir le Premier ministre israélien de l'habit de Jean le Bon, encore plus de le flanquer d'un Philippe le Hardi (14 ans lors de la bataille de Poitiers...) l'avertissant du danger. Bien que, en y regardant de près, il soit aisé d'évoquer le spectre d'une nouvelle guerre de Cent Ans.
Le gouvernement israélien, en décidant d'aménager de nouveaux logements dans la partie arabe de Jérusalem vient de susciter l'ire et du parrain américain et de son aile travailliste, représentée par le ministre de la Défense Ehud Barak. La contre-performance mérite d'être saluée, à l'heure où de toutes parts on s'agite pour assurer un retour des ennemis à la table des négociations.
Le gouvernement israélien, en décidant d'aménager de nouveaux logements dans la partie arabe de Jérusalem vient de susciter l'ire et du parrain américain et de son aile travailliste, représentée par le ministre de la Défense Ehud Barak. La contre-performance mérite d'être saluée, à l'heure où de toutes parts on s'agite pour assurer un retour des ennemis à la table des négociations.
On ne saurait avancer, à sa décharge, l'hypothèse de la maladresse : pour avoir été nourri dans le sérail yankee, Benjamin Netanyahu en connaît tous les détours. Force est de reconnaître donc que c'est délibérément qu'il a décidé de donner son aval à la construction de 1 600 habitations à Ramat Shlomo, un quartier jadis peuplé d'Arabes, remplacés par la force par des juifs ultraorthodoxes. La veille, le département de l'Environnement avait choisi d'« enrichir » une colonie en Cisjordanie occupée de 112 nouvelles maisons, une décision qui s'inscrit dans un vaste plan intéressant la rive occidentale du Jourdain - arrachée au royaume hachémite lors de la guerre de juin 1967 - où doivent être aménagés non moins de 3 000 complexes immobiliers ainsi que des synagogues, des écoles et des hôpitaux.
Depuis, Washington ne décolère pas, accusant l'État hébreu de « saper la confiance nécessaire (au bon déroulement des négociations à venir) et de faire le contraire de ce qu'il promet ». Ce qui - est-il besoin de le rappeler ? - s'inscrit dans une tradition vieille de plusieurs dizaines d'années. Pour bien marquer son mécontentement, Joe Biden, accompagné de son épouse, est arrivé avec une bonne heure de retard au dîner donné en son honneur par le Premier ministre. Dans un premier temps, murmurait-on mercredi, il avait même envisagé d'ignorer l'invitation. La presse locale, elle, exhale sa mauvaise humeur face à cette coupure de courant et à l'occasion, une fois de plus manquée, d'établir des rapports de confiance entre les deux parties. C'est que le lien, ultrasolide sous le double mandat de George W. Bush, s'est distendu depuis, au point de n'être plus qu'un vague souvenir, à l'heure où précisément le chef du gouvernement donne l'impression d'être à nouveau saisi par ses vieux démons. Écartelé entre les durs d'Israël Beiteinu, représenté par leur chef de file Avigdor Lieberman, et les ministres du Shass d'une part et d'autre part les (relativement) modérés du Parti du travail, le président du Conseil navigue à vue, n'hésitant pas à l'occasion, après un coup d'accélérateur, à rétropédaler, quitte à risquer une sortie de route ne pouvant déboucher que sur des élections législatives anticipées et une Knesset ingouvernable, comme à l'accoutumé.
Depuis, Washington ne décolère pas, accusant l'État hébreu de « saper la confiance nécessaire (au bon déroulement des négociations à venir) et de faire le contraire de ce qu'il promet ». Ce qui - est-il besoin de le rappeler ? - s'inscrit dans une tradition vieille de plusieurs dizaines d'années. Pour bien marquer son mécontentement, Joe Biden, accompagné de son épouse, est arrivé avec une bonne heure de retard au dîner donné en son honneur par le Premier ministre. Dans un premier temps, murmurait-on mercredi, il avait même envisagé d'ignorer l'invitation. La presse locale, elle, exhale sa mauvaise humeur face à cette coupure de courant et à l'occasion, une fois de plus manquée, d'établir des rapports de confiance entre les deux parties. C'est que le lien, ultrasolide sous le double mandat de George W. Bush, s'est distendu depuis, au point de n'être plus qu'un vague souvenir, à l'heure où précisément le chef du gouvernement donne l'impression d'être à nouveau saisi par ses vieux démons. Écartelé entre les durs d'Israël Beiteinu, représenté par leur chef de file Avigdor Lieberman, et les ministres du Shass d'une part et d'autre part les (relativement) modérés du Parti du travail, le président du Conseil navigue à vue, n'hésitant pas à l'occasion, après un coup d'accélérateur, à rétropédaler, quitte à risquer une sortie de route ne pouvant déboucher que sur des élections législatives anticipées et une Knesset ingouvernable, comme à l'accoutumé.
L'irrésolution du successeur d'Ehud Olmert est telle qu'il a accepté d'entériner une fumeuse explication avancée par le ministre de l'Intérieur Elie Yishaï pour justifier l'élargissement de Ramat Shlomo. Cette décision, soutient-il, n'a rien à voir avec la visite du numéro deux de l'administration Obama ; d'ailleurs, ajoute-t-il, elle a été prise il y a trois ans. L'argument n'a convaincu personne, de la presse locale, pour commencer, jusqu'aux Nations unies, en passant par la France et l'Union européenne, unanimes à condamner un geste lourd de menaces pour l'avenir de la région. Surtout que cette affaire vient s'ajouter à celle du caveau des Patriarches, à Hébron, et de la tombe de Rachel, à Bethléem, récemment inscrits au patrimoine israélien. Il y avait eu aussi un projet archéologique - entre-temps mis en veilleuse - menaçant des dizaines de foyers palestiniens dans la Vieille ville de Jérusalem. Tout cela rappelle un précédent, celui de la visite, il y a dix ans, d'Ariel Sharon à l'Esplanade du Temple, qui avait débouché sur la seconde intifada. Mais les temps ont changé ; du côté arabe les esprits aussi ; enfin Mahmoud Abbas n'est pas Yasser Arafat, en ce sens qu'il contrôle moins bien sa rue et qu'il passe à tort ou à raison pour être l'homme des Américains. Il faut ajouter, pour faire bonne mesure, qu'à l'époque d'Abou Ammar, les extrémistes n'étaient pas aussi dangereux que le Hamas, même s'ils avaient pour eux des régimes devenus, au fil du temps, moins soucieux de soutenir Khaled Mechaal.
Pour autant, il n'est pas certain que, de coups de colère en faux pas, le processus de paix soit en train d'avancer. À tout le moins, fera-t-on valoir, il ne recule pas. Voire...
Pour autant, il n'est pas certain que, de coups de colère en faux pas, le processus de paix soit en train d'avancer. À tout le moins, fera-t-on valoir, il ne recule pas. Voire...