11/03/2010
Aux côtés du président Mahmoud Abbas, le vice-président américain Joe Biden a réaffirmé hier le soutien des États-Unis à un État palestinien « viable ». Mohamad Torokman/Reuters
Le vice-président américain, Joe Biden, a réaffirmé hier le soutien des États-Unis à un État palestinien « viable » lors d'une déclaration au côté du président Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie. « Tout le monde doit savoir qu'il n'y a pas d'alternative », a plaidé M. Biden au cours d'une visite dans les territoires palestiniens, en promettant à ses hôtes que « les États-Unis soutiendront ceux qui prennent les risques que requiert la paix ».
Comme la veille, le dirigeant américain a accusé le gouvernement israélien de « saper la confiance nécessaire à des négociations fructueuses » avec les Palestiniens. « Il revient à toutes les parties de développer un climat de soutien aux négociations et de ne pas les compliquer », a exhorté M. Biden, alors que les États-Unis s'efforcent de relancer le processus de paix bloqué depuis fin 2008. Il les a mis en garde contre « tout communiqué ou geste qui attiserait les tensions ou préjugerait du résultat des négociations ». Le gouvernement Netanyahu a déclenché une sérieuse crise diplomatique avec l'administration Obama en donnant son feu vert à la construction de 1 600 nouveaux logements à Ramat Shlomo, un quartier habité par des juifs ultraorthodoxes dans un secteur arabe de Jérusalem annexé par Israël.
À l'issue de ses entretiens, M. Biden a salué « le courage et la conviction » du président Abbas et de son Premier ministre Salam Fayyad. De son côté, M. Abbas a accusé Israël de « détruire la confiance » et de porter « un coup sévère » aux tentatives de reprise de dialogue entre les deux camps. Il s'est également prononcé en faveur d'un règlement fondé sur deux États : « Un État d'Israël vivant en sécurité et en paix aux cotés d'un État palestinien sur la base des frontières du 6 juin (1967) avec Jérusalem-Est pour capitale. »
En Israël, les médias ont fustigé le gouvernement Netanyahu, parlant de « crachat au visage de Biden », et au sein même de la coalition au pouvoir, l'affaire - coïncidant avec la visite d'un allié de l'État hébreu - a créé des remous. Le ministère israélien de la Défense, le travailliste Ehud Barak, a qualifié l'annonce de « superflue », et son collègue Yitzhak Herzog a parlé d'une « faute grave ». Toutefois, le député Dany Danon, du parti Likoud de M. Netanyahu, s'est rendu hier à Ramat Shlomo pour soutenir le Premier ministre « face aux pressions américaines ».
L'annonce du nouveau projet de colonisation à Jérusalem a provoqué un tollé international, de l'ONU à l'UE en passant par les États arabes. Sollicité par M. Abbas, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a évoqué « une insulte » atteignant « un point qu'aucun Arabe ne peut accepter ». Une réunion devait avoir lieu hier soir au Caire pour apporter « une réponse claire », a annoncé le Premier ministre du Qatar, Hamad ben Jassem al-Thani.
À l'ONU, le secrétaire général Ban Ki-moon a joint sa voix aux condamnations de l'Union européenne, Paris, Berlin et Londres. Cette décision est « inacceptable au vu de l'annonce récente de la reprise de négociations indirectes », selon l'Allemagne, « totalement inopportune et illégale » pour la France. Cela renforcera ceux qui disent qu'Israël ne croit pas sérieusement en la paix, a regretté le chef de la diplomatie britannique David Miliband. M. Ban « répète que les colonies sont illégales aux termes de la loi internationale (...), et minent tout mouvement en vue d'un processus de paix viable », a rapporté un communiqué. La Norvège, qui avait secrètement accueilli au début des années 1990 des pourparlers de paix israélo-palestiniens, lesquels avaient débouché en 1993 sur les accords d'Oslo, a estimé quant à elle qu'Israël mettait les « avancées » du processus de paix en danger.