Serge Dumont
L’émissaire américain, George Mitchell, se rendra dans la région la semaine prochaine. L’administration américaine estime que la situation est mûre pour pousser les deux parties à aller de l’avant [1]
« La paix dans deux ans. » A Jérusalem comme à Ramallah, les commentateurs se montrent sceptiques quant à l’avenir de la nouvelle initiative de paix américaine visant à obtenir un accord de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne (AP) « en vingt-quatre mois et peut-être moins ».
C’est en tout cas dans le cadre de cette initiative que Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien, a rencontré le président égyptien, Hosni Moubarak, la semaine passée et que ce dernier a ensuite reçu Mahmoud Abbas, le président de l’AP. Dans la foulée, plusieurs délégations de pays arabes se sont également rendues à Washington.
« Capitale éternelle »
Jusqu’à ces derniers jours, Israël refusait d’envisager le partage de Jérusalem, sa capitale « éternelle pour les siècles des siècles », et refusait d’évoquer le prolongement du moratoire de dix mois sur les constructions dans les colonies de Cisjordanie proclamé en novembre 2009. Quant à l’AP, elle refusait d’envisager toute reprise des négociations de paix tant que l’Etat hébreu n’envisagerait pas le partage de Jérusalem en deux ainsi que l’arrêt définitif du développement des colonies. A cela s’ajoutait évidemment une série d’exigences sur le droit au retour des réfugiés, sur l’indépendance de l’Etat palestinien ainsi que sur ses frontières définitives. Publicité
Cependant, à la veille de la nouvelle année, Benyamin Netanyahou et son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, ont changé de ton. Sans doute en raison de pressions américaines. « Nous sommes prêts à discuter de tout », ont déclaré des membres de leur entourage. S’exprimant au micro de la radio publique, le chef de la diplomatie israélienne a certes affirmé qu’il ne « ne croit pas à la réussite de négociations à court terme », mais il s’est déclaré « prêt à essayer ».
De leur côté, les conseillers de Mahmoud Abbas ont affirmé que le président de l’AP n’était « pas opposé par principe » à la reprise de pourparlers mais que ceux-ci « devaient avoir du contenu ». « Discuter pour discuter est inutile. Nous devons savoir où nous allons, sinon nous perdrons notre temps », a déclaré Nabil Aou Rodeineh, un proche du leader de l’AP.
Contacts en coulisses
L’administration américaine estime pour sa part que la situation est mûre pour pousser les deux parties à aller de l’avant. Ce qui explique pourquoi l’émissaire de la Maison-Blanche, George Mitchell, reviendra dans la région dès la semaine prochaine. Cela alors que ses collaborateurs sont déjà sur le terrain pour paver la route à la reprise des pourparlers. L’émissaire américain envisagerait dans un premier temps d’organiser des discussions indirectes entre Israéliens et Palestiniens. « Afin de mettre la machine en route », disent ses proches. Puis, d’ici à quelques mois, les deux parties seront invitées à se retrouver autour d’une même table avec le soutien de pays arabes modérés – telles l’Egypte et la Jordanie – ainsi que de l’Union européenne.
En coulisses, les contacts entre Israéliens et Palestiniens se poursuivent malgré la coupure officielle. Ces dernières semaines, le ministre palestinien des Négociations, Saeb Erekat, a rencontré régulièrement – et discrètement – des dirigeants hébreux. Quant au ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, il s’est semble-t-il rendu discrètement à Amman au début de la semaine pour discuter avec Mahmoud Abbas de la reprise du processus de paix.
[1] voir aussi le Monde :
Clinton en faveur d’une reprise "sans conditions" du dialogue au Proche-Orient
La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a dit vendredi 8 janvier travailler à une reprise du dialogue "dès que possible et sans conditions préalables" entre Israéliens et Palestiniens. "Nous travaillons avec les Israéliens, l’Autorité palestinienne, la Jordanie et les Etats arabes pour faire les démarches nécessaires à la relance de négociations", a-t-elle déclaré lors d’un point de presse conjoint avec son homologue jordanien, Nasser Jawdeh.
Mme Clinton a souhaité un accord "mettant fin au conflit en conciliant l’objectif palestinien d’un Etat indépendant et viable fondé sur les bases de 1967, avec des échanges [de territoires] amiables, et le but israélien de frontières reconnues qui reflètent les évolutions postérieures" à 1967 et seraient compatibles avec la sécurité de l’Etat juif.
Hillary Clinton a offert "les garanties et l’assistance" de la communauté internationale une fois la négociation reprise entre les parties sur les éléments d’une solution à deux Etats, qu’elle a énumérés : "Les frontières, la sécurité, Jérusalem, les réfugiés, l’eau."
Elle n’a en revanche pas confirmé l’existence d’un nouveau plan américain prévoyant un cycle de négociations sur deux ans, et qui a été révélé lundi par le quotidien israélien Maariv. Mais le ministre jordanien a soutenu l’importance de "mettre sur la table des dates butoir". "Aujourd’hui, a insisté M. Jawdeh, nous n’avons surtout pas besoin d’un processus illimité dans le temps". http://www.lemonde.fr/proche-orient...
publié par le Temps