jeudi 3 décembre 2009 - 06h:35
Michel Warschawski
AIC
Du 24 au 26 octobre 2009 s’est tenu le troisième séminaire international initié par Alternative Information Center et réuni cette année en partenariat avecOccupied Palestine and Syrian Golan Heights Advocacy Initiative (OPGAI). Des militants palestiniens, israéliens et internationaux - des femmes et des hommes - ont pris une part active à cet évènement de trois jours. Les interventions et les débats, essentiellement parmi les participants, ont été pour la plupart intéressants et orientés vers le renforcement du triangle composé du mouvement national palestinien, du mouvement international de solidarité et des forces anticolonialistes en Israël. Comme l’a résumé un des animateurs, ce fut un séminaire de militants et d’actions. La réussite de ce séminaire met les participants devant l’obligation d’entretenir la dynamique qui l’a caractérisé et de renforcer leur militantisme commun pour la promotion des droits du peuple arabe palestinien. Des mesures pratiques ont été prises pour garantir que cela fonctionnera bien ainsi.
En parallèle, des organisations palestiniennes, israéliennes et internationales sont en train d’organiser une conférence d’un autre type, prévue à Madrid au printemps prochain, sous le parrainage de Javier Solana et de Miguel Angel Moratinos, et dont l’objectif est de promouvoir la participation de la société civile au processus de paix au Moyen-Orient. Plusieurs organisations sont intéressées pour participer aux deux initiatives, certaines en toute innocence et d’autres avec le désir de jouir simultanément des fruits défendus de ce monde et des promesses pour l’autre. Par définition, il s’agit-là de quelque chose d’impossible, car les deux initiatives représentent deux orientations contradictoires : l’une, pour une lutte sans concession en faveur des droits, d’une part, et l’autre, qu’on appelle « la voie de la paix », d’autre part.
Comme cela fut mis en avant lors du séminaire Unis dans la lutte, la voie de la lutte se concentre aujourd’hui sur la campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël, une campagne qui a connu une grande impulsion cette année et qui a donné l’occasion au mouvement international de solidarité d’associer la protestation contre l’occupation et la colonisation à une phase offensive où Israël se retrouve tenu de payer un prix pour ses violations systématiques du droit international.
La « voie de la paix », par contre, s’est entièrement orientée dans l’objectif de fournir une légitimité à Israël et de faire accepter par le peuple palestinien les conditions israéliennes. L’un des objectifs de la bande Moratinos-Solana est précisément d’anéantir le mouvement BDS, mouvement qui a déjà commencé à porter des fruits tant au niveau de la société civile que de la communauté internationale.
Une ligne de partage traverse ces deux courants, BDS et industrie de la paix, chacune de ces organisations prétendant lutter pour les droits du peuple palestinien et l’application du droit international, et cette ligne permet de trancher entre l’un et l’autre. Ces organisations qui prennent part aux initiatives des Moratinos et consorts et qui pensent pouvoir garder les mains propres avec des slogans sur un Etat se font des illusions.
Ce n’est pas par hasard que le mouvement BDS ne prend pas position sur une solution souhaitée au conflit en Palestine, et qu’il permet ainsi à chacun de promouvoir sa propre solution. Il s’agit d’une question de droits, pas de solutions.
Un dernier mot à ces organisations qui ont, dans le passé, participé à « la voie de la paix » de la communauté internationale, y compris à la tristement célèbre Conférence de Madrid pour une juste paix, en 2007. Cette fois, vous savez dans quoi vous vous êtes embarqués, et vous faites consciemment le choix d’être dans le camp où vous vous êtres positionnés. C’est votre droit, tout comme c’est le nôtre d’exiger que vous vous teniez à l’écart du camp de ceux qui se battent - Palestiniens, internationaux et Israéliens - pour les droits du peuple palestinien, et notamment le droit de ne pas accepter les diktats de la communauté internationale.
23 novembre 2009 - Alternative Information Center - traduction : JPP