Dommages collatéraux de la guerre contre Ghaza
Le ministère turc des Affaires étrangères a refusé de commenter hier la décision d’Israël de convoquer le représentant diplomatique de la Turquie pour protester contre la diffusion par la télévision publique turque d’une série accusée « d’incitation à la haine anti-israélienne » « S’il y a quelque chose à dire, nous le dirons quand cette convocation aura lieu et quand la position israélienne sera connue », a dit à l’AFP un porte-parole du ministère.
Déjà très crispées en raison de la récente exclusion de l’aviation israélienne de manoeuvres internationales en Turquie, les relations diplomatiques turco-israéliennes se sont aggravées avec la décision mercredi du ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, de convoquer le chargé d’affaires turc (en l’absence actuelle d’ambassadeur), pour protester contre la diffusion par la première chaîne publique TRT1 d’un feuilleton controversé. La série hebdomadaire incriminée s’intitule « Ayrilik » (Séparation), et traite du conflit israélo-palestinien. Elle montre des soldats israéliens tirant sur des civils innocents. On y voit notamment un soldat tirer délibérément sur une fillette palestinienne. Sollicités pour un commentaire, les responsables de la Radio-télévision turque (TRT) n’étaient pas joignables dans l’immédiat. Les relations entre Israël et la Turquie, liées par un accord de coopération militaire depuis 1996, se sont vivement tendues ces derniers mois après les violentes critiques du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, contre Israël, en raison de l’offensive israélienne contre la bande de Ghaza l’hiver dernier, qui a fait plus de 1400 morts, selon des sources médicales palestiniennes.
Amis désunis
Alliée musulmane d’Israël dans la région depuis la signature d’un accord de coopération militaire en 1996, la Turquie a soudainement écarté, la semaine dernière, l’armée israélienne de manoeuvres aériennes organisées régulièrement en Turquie. Mercredi, M. Erdogan, qui dirige depuis 2002 un gouvernement islamo-conservateur, a expliqué à une chaîne de télévision arabe que la décision d’annuler l’exercice militaire avec Israël avait été prise pour respecter la « volonté du peuple turc, qui ne veut plus de ce genre de choses ». Il est repassé à l’attaque hier en affirmant que son pays n’avait « pas d’instructions à recevoir » d’Israël. Des diplomates des deux pays tentent depuis lors de calmer le jeu. « Il y a un effet boule de neige, dans les déclarations de part et d’autre. Mais les dirigeants des deux pays savent que la structure des relations bilatérales est forte », a indiqué à l’AFP un diplomate turc de haut rang. « Même chez les amis les plus proches, des différences peuvent surgir », et les relations bilatérales ont des « fondements très solides », a déclaré pour sa part l’ambassadeur d’Israël à Ankara, Gaby Lévy, à la télévision NTV.
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