jeudi 22 octobre 2009

Uranium iranien enrichi : l’AIEA soumet un projet d’accord à Vienne

22/10/2009
Le directeur général de l’AIEA, Mohammad el-Baradei, s'exprimant devant la presse hier, après avoir présenté son projet.                                             Samuel Kubani/AFP
Le directeur général de l’AIEA, Mohammad el-Baradei, s'exprimant devant la presse hier, après avoir présenté son projet. Samuel Kubani/AFP
NUCLÉAIRE Baradei précise que le délai pour que les parties se prononcent expire vendredi.
L'AIEA a soumis hier « un projet d'accord » aux négociateurs iraniens, américains, russes et français sur l'enrichissement à l'étranger d'une partie de l'uranium iranien à usage civil, laissant ainsi la balle dans le camp des capitales.
Un accord entre l'Iran et les puissances nucléaires est considéré comme crucial pour tenter d'apaiser les tensions sur le programme nucléaire controversé dont Téhéran affirme qu'il est purement civil alors que les pays occidentaux suspectent l'Iran de viser la fabrication d'une bombe atomique.
Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohammad el-Baradei, a annoncé après deux jours et demi de négociations avoir envoyé le texte aux capitales des pays discutant à Vienne en précisant que « le délai pour que les parties se prononcent et donnent, j'espère, leur approbation, expire vendredi ».
Ce « projet d'accord reflète, à mon avis, une approche équilibrée », a-t-il ajouté sans en révéler les détails. Selon des diplomates, interrogés sur place, le projet d'accord demande à l'Iran, comme prévu, d'exporter la plus grande partie de l'uranium faiblement enrichi dans ses usines.
Le responsable français au Quai d'Orsay du dossier nucléaire iranien, Jacques Audibert, a indiqué à l'AFP qu'il s'agissait, « jusqu'à la fin 2009 », « d'environ 1 200 » des 1 500 kg jusque-là faiblement enrichis par l'Iran malgré l'opposition du Conseil de sécurité de l'ONU.
Il s'agissait de déterminer « les modalités et le moyen d'assurer que l'Iran aura le combustible requis pour son réacteur de recherche », selon Mohammad el-Baradei, qui n'a pas indiqué si l'Iran approuvait le texte.
L'ambassadeur iranien, Ali Ashgar Soltanieh, a laconiquement lancé aux journalistes que « tous les détails seront révélés vendredi », ajoutant que l'Iran sera en position « d'obtenir le combustible » pour son réacteur de recherche.
Mohammad el-Baradei a d'ailleurs précisé qu'il s'agissait d'une « mission à objectif purement humanitaire » car ce réacteur de recherche est « utilisé pour produire des isotopes médicaux » utilisés dans le traitement de certains cancers.
S'adressant à Téhéran, il a suggéré qu'une mesure-clé pour rétablir la confiance avec les Occidentaux serait de ne pas « transformer d'uranium enrichi » en combustible en Iran même, ce que Téhéran a jusqu'à présent refusé.
« Nous sommes les maîtres de la technologie de l'enrichissement », a encore affirmé M. Soltanieh hier, ajoutant que les Iraniens « pourraient produire eux-mêmes le combustible pour ce réacteur nucléaire ». « Mais, a-t-il relevé, nous avons décidé que nous recevrons le combustible de producteurs potentiels prêts à le fabriquer et sous les auspices de l'AIEA. »
Alors que Téhéran avait indiqué mardi vouloir exclure la France de l'accord, M. Soltanieh a précisé : « La France a annoncé qu'elle était prête » à faire partie du contrat. « Mais, bien entendu, comme vous l'aurez constaté, les Russes sont responsables de l'ensemble du contrat. »
Ces propos laissent penser qu'un compromis a été négocié à Vienne selon lequel la Russie serait responsable pour l'enrichissement de l'uranium à 19,75 %, tel que le demande l'Iran, et qu'elle sous-traiterait ensuite à la France la mise au point des cœurs nucléaires pour le réacteur de recherche. Ainsi, il n'y aurait pas de négociations directes entre la France et l'Iran.
L'Égyptien Mohammad el-Baradei, prix Nobel de la paix en 2005, qui quittera ses fonctions à l'AIEA fin novembre, a également souhaité que toutes les parties prennent conscience que « cet accord pourrait préparer la voie à une normalisation totale des relations entre l'Iran et la communauté internationale ».
Pour leur part, les États-Unis ont dit hier espérer qu'un accord interviendrait dans les prochains jours pour réduire les tensions entre l'Iran et plusieurs puissances sur la question nucléaire. Il s'agit d'une étape « très positive », selon le département d'État américain. La réunion de Vienne, qui se tenait depuis lundi à huis clos au siège de l'AIEA, avait été décidée après 15 mois de gel des relations le 1er octobre à Genève, entre l'Iran et les pays du groupe des Six (États-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne).