samedi 5 septembre 2009

A Jérusalem, l'heure n'est pas au "gel"

Par HERB KEINON ET HILLARY LEILA KRIEGER jerusalem post jpost.fr

04.09.09

Au risque d'essuyer une nouvelle vague de critiques, le Premier ministre Binyamin Netanyahou approuvera, la semaine prochaine, les plans d'une centaine de projets de construction en Judée-Samarie. Un geste qui ne manquera pas de soulever la colère du monde arabe, tout en faisant taire quelques divisions au sein du Likoud. C'est seulement après la validation de ces dernières constructions qu'une éventuelle suspension "de quelques mois" sera envisagée, a précisé un représentant officiel du bureau du Premier ministre (BPM).

Vue de Maalé Adoumim.
PHOTO: AP , JPOST

Saeb Erakat, principal négociateur de l'Autorité palestinienne (AP), s'est immédiatement emporté contre la décision de Netanyahou qu'il considère comme un frein au processus de paix. "C'est totalement inacceptable", a-t-il déclaré vendredi à l'AFP.

Côté israélien, les réactions sont partagées. "Ces plans mettent totalement le gel en péril", a annoncé, entre autres, le député travailliste Ophir Paz-Pines.

Les projets en question n'incluent pas les 2 500 unités de logement en cours de construction et qui devront également être achevées, souligne par ailleurs le responsable du BPM.

La suspension temporaire sera instaurée uniquement si "les bonnes conditions sont en place", à savoir : si les Etats arabes font preuve d'efforts significatifs en vue de normaliser leurs relations avec Israël, poursuit le responsable.

De source diplomatique, plus le monde arabe fera preuve de bonne foi, plus l'Etat hébreu se montrera "flexible". Commentaires qui viennent confirmer les dernières rumeurs de reprise imminente des négociations de paix, suite à une nouvelle rencontre entre l'envoyé spécial des Etats-Unis au Proche-Orient, George Mitchell, et deux délégués israéliens, cette semaine à New York.

Les détails d'un éventuel accord entre Israël et l'administration américaine restent encore inconnus, selon le BPM qui préfère rester prudent sur la question. Les rumeurs d'un gel de neuf mois - en Judée-Samarie et à Jérusalem-Est - n'ont ainsi pas pu être confirmées.

Eventualité que le Département d'Etat américain qualifie cependant de très "raisonnable", puisqu'elle remplirait les principales conditions du président Barack Obama, selon lequel "le gel doit être suffisamment long pour rester crédible et donner une nouvelle impulsion aux négociations". Les responsables américains précisent, par ailleurs, que toute suspension des constructions israéliennes ne pourra-t-être que temporaire et visera à atteindre un objectif à long terme.

Bien que l'administration américaine reste également très discrète quant aux détails des négociations en cours avec Israël, plusieurs sources estiment que la visite de Mitchell, la semaine prochaine, pourrait être la dernière avant l'annonce d'un accord final entre les deux alliés.

Si beaucoup de questions restent encore sans réponses, le bureau du Premier ministre affirme cependant que la position de Netanyahou restera inchangée. La souveraineté israélienne sur Jérusalem et la croissance naturelle des implantations, en particulier, seront ainsi des sujets non négociables.

En visite à Paris jeudi, le chef de l'AP, Mahmoud Abbas, a rappelé de son côté que les négociations ne reprendront qu'une fois que les constructions israéliennes seront entièrement stoppées. "En ce qui concerne le processus de paix, nous avons réitéré notre entière disposition à reprendre les négociations si l'Etat d'Israël cesse de développer ses implantations", a déclaré Abbas en présence du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. "C'est d'ailleurs l'unique préoccupation de l'administration américaine et de tous nos alliés européens. La France en tête (…). Je pense que nous parviendrons à nous entendre ce mois-ci. Nous devrons trouver une solution avant l'assemblée générale de l'ONU [à la fin du mois]."