samedi 5 septembre 2009

Coup d’accélérateur à la colonisation, émotion dans le monde

05/09/2009

De Paris où il a été reçu par Sarkozy, Mahmoud Abbas a exclu de rencontrer le Premier ministre israélien si celui-ci donne son feu vert à de nouvelles installations en Cisjordanie avant un gel de la colonisation.                     Éric Feferberg/AFP
De Paris où il a été reçu par Sarkozy, Mahmoud Abbas a exclu de rencontrer le Premier ministre israélien si celui-ci donne son feu vert à de nouvelles installations en Cisjordanie avant un gel de la colonisation. Éric Feferberg/AFP
PROCHE-ORIENT L'initiative du Premier ministre israélien a été critiquée par la direction palestinienne, ainsi que la Maison-Blanche et les Européens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait savoir hier qu'il entendait donner un coup d'accélérateur à la colonisation en Cisjordanie occupée avant un gel réclamé par Washington.
Cette initiative, destinée à ménager l'aile la plus dure de la droite israélienne opposée à un gel de la colonisation, a été critiquée par la direction palestinienne, ainsi que la Maison-Blanche et les Européens.
« Le Premier ministre (israélien) va faire approuver ces prochains jours des projets de construction dans les implantations et ce n'est qu'ensuite qu'il pourrait accepter un moratoire de plusieurs mois », a déclaré à l'AFP une source gouvernementale à Jérusalem.
Un gel de la colonisation, réclamé avec insistance par Washington en vue de relancer le processus de paix avec les Palestiniens et des pays arabes, serait censé durer neuf mois, selon les médias israéliens.
Il porterait uniquement sur la construction de nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie, où vivent quelque 300 000 Israéliens. En revanche, il ne concernerait pas les 2 500 logements qui ont déjà reçu le feu vert du gouvernement, a précisé un responsable de la présidence du Conseil. Il ne toucherait pas non plus les bâtiments publics, ni les quartiers de colonisation de Jérusalem-Est, où résident quelque 200 000 Israéliens.
En échange, des pays arabes tels que Oman, la Tunisie et le Maroc devraient donner leur accord à l'ouverture de représentations commerciales israéliennes sur leur territoire.
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a qualifié le projet israélien d'« inacceptable ». « Nous voulons un gel de la colonisation et également l'ouverture des négociations de la phase finale », a déclaré M. Abbas, en visite en France, à l'issue d'un entretien avec le président Nicolas Sarkozy. Interrogé sur une éventuelle rencontre avec Benjamin Netanyahu, M. Abbas a répondu que « cela dépendra des pas, des mesures qui l'auront précédée concernant le gel de la colonisation ».
Des responsables israéliens ont évoqué récemment la possibilité d'une rencontre entre le président palestinien et le Premier ministre israélien à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, à la fin septembre. MM. Abbas et Netanyahu ne se sont jamais rencontrés depuis que ce dernier à pris ses fonctions début avril à la tête d'un gouvernement de droite.
Avant cette possible rencontre, Barack Obama a exigé, avec l'appui des Européens, un gel total de la colonisation pour favoriser une relance des négociations de paix, suspendues depuis fin 2008.
Vendredi, les États-Unis ont affirmé qu'ils « regrettent » le projet israélien.
« La poursuite de la construction de colonies n'est pas conforme à l'engagement d'Israël d'après la "feuille de route" », le plan de paix pour le Proche-Orient lancé en 2003, a souligné le porte-parole de la Maison-Blanche Robert Gibbs dans un communiqué. « Comme le président (Barack Obama) l'a déjà dit, les États-Unis ne reconnaissent pas la légitimité d'une expansion continue des colonies et nous demandons que cela cesse », a ajouté le communiqué.
En France, le ministère des Affaires étrangères a jugé la volonté d'accélérer la colonisation « contraire » aux engagements israéliens et au processus de paix.
Le diplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana, a également demandé à nouveau vendredi un arrêt de « toutes les activités de colonisation » dans les territoires palestiniens occupés.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré que les propositions d'Israël sur la colonisation n'étaient « pas sérieuses » et « pas suffisantes » pour relancer le processus de paix avec les Palestiniens.
Enfin, le président israélien Shimon Peres s'est dit hier « assez optimiste » sur le processus de paix au Proche-Orient, refusant d'accorder trop d'importance à l'annonce en Israël d'une accélération de la colonisation. « Nous sommes tous fatigués de la guerre et nous pensons que le temps est venu de faire la paix (...). Émotionnellement, nous sommes loin de la paix, mais pragmatiquement, nous en sommes très près », a-t-il estimé.
L'orient le jour