Par JPOST.FR
"Personne n'attend plus de faveurs de la part du Premier ministre Binyamin Netanyahou que n'en a offert [l'ancien Premier ministre Ehoud] Olmert au [chef de l'Autorité Palestinienne Mahmoud] Abbas". Telles sont les dernières déclarations du ministre des Renseignements, Dan Meridor (Likoud), dans les colonnes du magazine allemand Der Spiegel. L'interview a été publiée mardi, peu de temps avant la visite de Netanyahou à Berlin - l'une de ses destinations européennes cette semaine.
Meridor a notamment souligné la disposition du gouvernement israélien à reprendre les négociations avec les Palestiniens, annoncée dimanche par Netanyahou au conseil des ministres.
Il rappelle également le refus d'Abbas de négocier avant un gel complet des constructions d'implantations. Et ce, malgré trois ans de négociations avec Olmert pendant lesquelles la situation concernant les implantations était pourtant la même.
La position d'Abbas est aujourd'hui très affectée par des problèmes internes, précise cependant le ministre. "Peut-être [Abbas] a-t-il réagi comme cela parce qu'il ne contrôle pas la bande de Gaza, où vit 40 % de la population des territoires et dans laquelle il ne peut même voyager", a-t-il expliqué.
En ce qui concerne les déclarations controversées du ministre des Affaires stratégiques, Moshé Yaalon - qui dans une récente tournée en Judée-Samarie a exprimé son soutien aux habitants des implantations - Meridor réplique : "Nous sommes un gouvernement de grande coalition avec des opinions divergentes. Ces déclarations ne reflètent ni la politique officielle du Premier ministre Netanyahou, ni la politique officielle du gouvernement".
"Nous n'avons construit aucune nouvelle implantation. Nous remplissons nos engagements [conclus avec la précédente administration américaine]. Maintenant les discussions visent à trouver un compromis", a-t-il précisé.
Meridor a également souhaité définir une certaine "ligne rouge", à ne surtout pas franchir selon lui : "La Vieille Ville, son quartier juif et le Mur occidental ne feront jamais partie d'un Etat arabe ; tous les grands partis israéliens partagent cette conviction. Il pourrait y avoir un compromis sur les terres de Judée et de Samarie. Mais tous les gouvernements israéliens se sont rejoints sur le fait d'avoir une Jérusalem unie. Notre position est claire."
"Nous sommes ouverts à toute discussion sur les frontières définitives, mais nous ne reviendrons pas à la ligne de 1967", a ajouté le ministre.
Par ailleurs, le ministre des Renseignements est revenu sur quelques "fondamentaux" du conflit. Selon lui, l'introduction de la religion, par exemple, dans un conflit historiquement basé sur des idées nationalistes, a beaucoup compliqué les choses. "C'est devenu plus difficile au fil des années. Nous avons toujours été en conflit avec les Arabes sur des théories nationalistes. Mais, depuis la Révolution à Téhéran [1979], le discours a changé : les Iraniens, le Hezbollah et le Hamas nous combattent au nom de la religion."
Meridor insiste d'ailleurs sur le fait que le sort de Jérusalem n'a jamais été une question de religion. "Nous n'avons aucune prétention religieuse sur Jérusalem mais des revendications nationales. Jérusalem est notre capitale."
Quant au nucléaire iranien, Meridor refuse de divulguer les plans israéliens. "Je ne pense pas que le Premier ministre a pris sa décision [d'attaquer les installations nucléaires de l'Iran], mais je ne veux pas entrer dans les détails (…). Selon moi, l'Iran ne devrait pas être autorisé à devenir une puissance nucléaire. Ce n'est pas seulement un problème pour Israël, mais pour le monde entier. Il s'agirait d'une victoire des extrémistes sur les modérés. Une perspective beaucoup plus inquiétante pour les Etats arabes modérés que pour tout autre pays, d'ailleurs. Cela changerait l'équilibre au Moyen-Orient et signifierait la fin du Traité de Non Prolifération [nucléaire].
Il ne faut pas oublier que le président iranien [Mahmoud Ahmadinejad] a maintes fois parlé de l'illégitimité d'Israël et de sa destruction. Il faut désormais se concentrer sur des sanctions plus sévères contre Téhéran, avec l'Amérique en tête du mouvement. Et nous comptons sur les Européens, dont l'Allemagne, un des grands partenaires commerciaux de l'Iran."