Pierre Barbancey
Soumis à des pressions politiques de la part des États-Unis, Israël tente de se racheter une conduite auprès de Washington qui exige le gel de la colonisation. Une demande que Tel-Aviv a superbement ignorée. Il y a quelques jours, l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis a même été convoqué au département d’État pour expliquer l’aval donné à la construction de vingt nouveaux logements à Jérusalem-Est, la partie occupée de la ville. Pis sans doute, la presse israélienne évoque une possible réduction d’un milliard des garanties bancaires du Trésor américain, nécessaire pour obtenir des prêts au meilleur taux.
Est-ce pour cela que filtrent des informations selon lesquelles Israël prévoirait de démanteler tous les avant-postes de colons non autorisés en Cisjordanie ? C’est en tout cas ce que rapportait, hier, le quotidien Haaretz. Selon le journal, l’armée israélienne est prête à « évacuer par la force 23 avant-postes illégaux en un jour. Le plan a été élaboré par les autorités sécuritaires et a été porté à la connaissance du premier ministre, Benjamin Netanyahou ». Le quotidien n’avance aucune date mais précise que l’armée a mené des exercices la semaine dernière pour se préparer à l’évacuation. Pour Pinhas Wallerstein, leader des colons, l’information publiée par Haaretz « semble totalement illusoire ».
Dans ce faux bras de fer qui semble s’engager, l’essentiel n’est pas dit. En mai, le vice-ministre israélien de la Défense, Matan Vilnai, pouvait bien déclarer que le démantèlement complet de ces avant-postes illégaux était « un dossier essentiel » pour le gouvernement. Dans la réalité, ces avant-postes illégaux ne sont que les arbres qui cachent la forêt de la colonisation. Les colonies d’implantation sont illégales au regard du droit international et condamnées par de nombreuses résolutions des Nations unies. L’arrêt de la colonisation est même un point essentiel de la feuille de route élaborée par le « quartet » (États-Unis, Russie, ONU, Union européenne) et… acceptée par Israël. La seule différence est que ces avant-postes sont l’avant-garde des colonies. Ils sont déclarés illégaux tant que les autorités israéliennes n’ont pas donné officiellement leur feu vert. D’où ces légers tiraillements qui relèvent de la stratégie et du timing plus que du fond. Ce faisant, cela permet au gouvernement de Netanyahou de faire semblant de répondre aux exigences américaines.
La nocivité des colonies, pour la paix et pour la vie des Palestiniens, n’est plus à démontrer. Elles coûtent même cher aux citoyens israéliens. Lundi, une dizaine de colons, à cheval et munis de torches, se sont livrés à une équipée sauvage près de Naplouse (Cisjordanie) en incendiant au moins 1 500 oliviers et en caillassant des voitures. Ce qui n’était pas sans rappeler les exactions des fascistes du Ku Klux Klan américain contre les Noirs dans les États du Sud des États-Unis.
publié par l’Humanité