Passant rapidement d’un euphémisme à l’autre, les atrocités
commises par Israël à Gaza dans le cadre de l’opération « Protective
Edge » ont ciblé les zones civiles, comme on pouvait s’y attendre.
Résultat : les morts s’accumulent, certaines personnes perdent leur toit
tandis que d’autres sont victimes de blessures.
- Ramadan Abu Ghazal enterre à Beit Lahiya son jeune fils Abdallah, âgé de 5 ans et tué dans un bombardement israélien - Photo : MEM
Selon le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, cette
attaque soi-disant destinée à affaiblir le Hamas s’intensifiera
progressivement.
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas aurait formulé
une demande de protection internationale pour le peuple palestinien.
Cet oubli évident peut être décelé dans deux articles récents rédigés
par le président américain Barack Obama et par Lars Faaborg-Andersen,
ambassadeur de l’Union européenne en Israël. Les deux articles, publiés
dans le journal Haaretz et juxtaposés à la promotion d’un programme de
« Conférence israélienne sur la paix », affichent une attitude
condescendante à l’encontre des Palestiniens tout en insistant sur le
fait que la sécurité d’Israël est un objectif prioritaire à atteindre.
L’escalade progressive de la brutalité d’Israël contre les
Palestiniens est à peine mentionnée à côté du deuil fictif d’Obama
vis-à-vis de la mort des trois colons israéliens et, après coup, d’une
mention de Mohammed Abou Khdeir, brûlé vif par des colons israéliens
vindicatifs. Le contexte de la violence coloniale, en revanche,
n’apparaît pas du tout. Au lieu de cela, Obama revient sur les
perpétuelles préoccupations de sécurité d’Israël en insistant sur la
militarisation, la coopération des services de renseignement, la
coopération stratégique et hypocrite de l’Autorité palestinienne en
matière de sécurité ainsi que le droit des Juifs, monté de toutes
pièces, « de vivre dans leur patrie historique ». Dans la même ligne que
les affirmations précédentes, la recherche d’une solution pour les
Palestiniens est reléguée au second rang par rapport aux droits assumés
et attendus accordés à la population colonisatrice d’Israël.
Pour entamer des discussions de paix « indéniablement justes », il
est nécessaire de mettre fin à toute forme de colonialisme afin que la
Palestine historique puisse être récupérée par tous les Palestiniens,
sur la base d’un droit légitime. La rhétorique d’Obama est cependant le
reflet d’un amalgame effectué auparavant entre sécurité et paix,
illustré par la description de Shimon Peres comme d’« un fervent
défenseur de la sécurité d’Israël ». Par la poursuite de l’oppression
des Palestiniens, l’engagement pris est clair : continuer de persister
afin que les négociations restent une plaie ouverte et perpétuelle,
ouvrant la voie à une nouvelle colonisation de la Palestine.
De même, Faaborg-Andersen vante les prétendus avantages de la
solution à deux États et se lance dans des contradictions ; ainsi,
« l’UE comprend qu’il est essentiel pour Israël de s’assurer que le
futur État palestinien ne soit pas un État défaillant ». En fusionnant
la contradiction incarnée par la paix et la sécurité, Faaborg-Andersen
souligne le caractère bénéfique de celle-ci pour la stabilité, privant
les Palestiniens de leur « incitation à la violence et à la terreur »,
ce qui en retour mettrait en valeur la « qualité de vie et la fierté
nationale qui résulteraient d’un accord de paix et de la fin de
l’occupation ».
Comme on pouvait s’y attendre, l’UE se fie également au récit de
l’« occupation » afin d’éviter de faire face à la nécessité de détruire
l’État colonial. Au lieu de cela, Faaborg-Andersen évoque un discours de
compromis et essaie non seulement de mettre les opprimés et les
oppresseurs sur le même pied d’égalité, mais aussi de placer les
revendications territoriales légitimes des Palestiniens dans un cadre
qu’Israël pourrait accepter.
Faaborg-Andersen se fonde également sur une formulation qui est
supposée distinguer l’aide humanitaire et l’aide à la construction d’un
État, tout en omettant de reconnaître les concessions plus laxistes
accordées à Israël en échange du déploiement des politiques coloniales
et impérialistes dans la région. Plutôt que d’imposer leurs exigences
aux Palestiniens, les États-Unis et l’UE feraient mieux de prendre
conscience que les compromis entrepris par l’Autorité palestinienne et
le gouvernement d’union ne reflètent pas les buts et les objectifs de la
véritable résistance palestinienne.
* Ramona Wadi est écrivain et journaliste freelance
Traduction : Info-Palestine.eu - Valentin B.
http://info-palestine.net