Le gouvernement israélien a approuvé dimanche un projet de loi visant à renforcer le caractère juif de l'entité sioniste, au détriment de son « caractère démocratique » selon ses détracteurs qui y voient une institutionnalisation des discriminations.
La Knesset (Parlement) doit désormais se prononcer, en plusieurs lectures, sur ce texte pour lequel 14 ministres ont voté "pour" et six "contre", au terme d'un débat extrêmement houleux.
Ce projet de loi prévoit de ne plus définir « Israël » comme un Etat "juif et démocratique" mais comme "l'Etat national du peuple juif" dans les Lois fondamentales, qui font office de Constitution. Mais il devrait être amendé et édulcoré à la Knesset, assurent les experts.
Au-delà de sa lettre, ce texte s'inscrit dans la ligne du durcissement du discours du Premier ministre Benjamin Netanyahu en prévision de possibles élections anticipées en 2015, selon des experts. Il donne ainsi, pour eux, un gage aux personnalités les plus à droite de sa coalition, au bord de l'explosion.
'Inscrire le racisme dans la loi'
Avec ce texte, l'entité sioniste veut entériner une "inscription du racisme, déjà présent dans la rue, dans la Loi et au coeur du système politique", a accusé Majd Kayyal, d'Adalah, le Centre juridique de défense des droits des Palestiniens vivant dans les territoires occupés en 1948.
"La démocratie garantit que tous les citoyens ont les mêmes droits et sont égaux face à l'Etat, mais cette modification raciste introduit une distinction sur la base de la religion".
Le conseiller juridique du gouvernement, le procureur général Yehouda Weinstein, a lui aussi critiqué ce projet, estimant qu'il affaiblissait le caractère démocratique d' « Israël ».
"La reconnaissance d’un Etat palestinien par la France serait une grave erreur"
Sur un autre plan, Netanyahu a affirmé dimanche à des journalistes que "la reconnaissance d'un Etat palestinien par la France serait une grave erreur", alors que le Parlement français doit se prononcer le 2 décembre sur cette question.
La Suède a récemment reconnu l'Etat de Palestine, qui a le statut d'observateur à l'ONU depuis 2012, et les Parlements britanniques et espagnols ont appelé leurs gouvernements à le reconnaître également. Au total, 135 pays dans le monde ont reconnu la Palestine, selon l'Autorité palestinienne.
"C'est ce qu'ils ont à faire en ce moment en France quand on décapite des gens à travers le Proche-Orient, y compris un citoyen français?", a prétendu Netanyahu, faisant référence à la récente décapitation d'un ressortissant français en Algérie par des takfiristes de Daech.
Les Palestiniens mènent actuellement une campagne internationale afin de renforcer leur statut --d'Etat observateur à l'ONU-- qui doit culminer d'ici fin novembre avec un vote au Conseil de sécurité de l'ONU sur un calendrier pour la fin de l'occupation israélienne. Ce projet devrait toutefois être tué dans l'œuf par un veto américain.
"L'Etat d'Israël est le foyer du peuple juif, le seul Etat que nous avons et les Palestiniens qui exigent un Etat ne veulent pas nous reconnaître le droit d'avoir un Etat pour le peuple juif", a martelé Netanyahu dont le gouvernement a adopté dans la matinée un projet de loi prévoyant de ne plus définir Israël comme un Etat "juif et démocratique" mais comme "l'Etat national du peuple juif", au terme de débats extrêmement houleux.
Le Premier ministre israélien s'exprimait devant des représentants de la communauté française d'Israël après que son gouvernement a approuvé dimanche matin un projet de loi sur l'aide à l'intégration professionnelle en « Israël » des juifs de France, premier pays d'émigration cette année et pour la première fois depuis 1948.
Meyer Habib, député de centre-droit des Français de l'étranger, présent à cette rencontre a prétendu que la reconnaissance de l'Etat de Palestine par le Parlement français "équivaut à importer le conflit israélo-palestinien en France".