La mosquée d’Al-Aqsa est le troisième site le plus vénéré dans l’Islam, mais les colons juifs en chassent peu à peu les musulmans Palestiniens.
- Les musulmans font leur prière d’Eid al-Adha à la Mosquée d’Al-Aqsa à Jérusalem, le 4 octobre 2014 - Photo : AA
Les affrontements entre les manifestatnts sans armes et les forces Israéliennes armées de grenades explosives et lacrymogènes, tirant des balles en acier enduites de caoutchouc, ont fait des dizaines de blessés parmi les Palestiniens et ont comme conséquence de menacer la pérennité du site vieux de 1300 ans.
L’intention de détruire la mosquée et de reconstruire le prétendu Temple de Salomon, a motivé plus d’un millier de colons juifs sionistes a entrer dans le secteur la semaine dernière, sous la protection de l’armée d’occupation. Ces colons ont eu la carte blanche pour intimider et harceler les Palestiniens venus prier sur le site.
Mais le souci pour cette merveille du monde antique est étonnant absent. Tandis que la menace représentée par l’État islamique pour les monuments et sites historiques en Irak et en Syrie est fréquemment débattue, peu de monde a tiré la sonnette d’alarme face à la menace des extrémistes juifs à l’égard d’une des structures les plus iconiques du Moyen-Orient, un site que la communauté internationale est obligée de protéger en raison de son statut de site appartenant au patrimoine mondial protégé par l’Unesco.
Est également absent le souci concernant la liberté de culte pour les milliers de Palestiniens qui se voient interdits l’accès à un de leurs lieux de prière les plus vénérés. Aucun média parmi les plus importants n’a relevé l’ironie absurde d’extrémistes juifs autorisés à aller prier dans une mosquée où la plupart des musulmans sont empêchés d’entrer. Personne ne parait outragé que ce site soit violé par des colons vivant dans des territoires considérés comme occupés par le droit international.
Les Palestiniens se sont habitués à l’antipathie manifestée par la plupart des responsables au niveau international, mais c’est le silence du monde musulman qui les a affectés le plus durement. Là aussi, aucune déclaration condamnant les violations venue de n’importe lequel de leurs voisins arabes, dans une région qui se caractérise pourtant par les déclarations jamais suivies d’effet.
Le dernier assaut sur Al-Aqsa met en relief l’isolement vécu par le peuple palestinien, laissé seul pour se défendre face à l’agression grandissante, sans direction politique ou allié à appeler à l’aide. Le massacre récent dans Gaza a été encouragé par les dictatures de Golfe et l’Égypte parce que l’offensive israélienne visait principalement leur ennemi, le Hamas.
Les fréquents assassinats de jeunes Palestiniens en Cisjordanie provoquent au maximum une légère désapprobation, l’information finissant par être connue en raison des efforts des militants palestiniens et de leurs défenseurs sur les médias sociaux.
Avec le poids de l’opposition aux Palestiniens et l’indifférence au sort d’Al-Aqsa manifesté par les chefs politiques et les médias, il n’y a guère de choix. La dernière Intifada contre l’occupation a commencé après que le chef israélien, Ariel Sharon soit entré en force dans le sanctuaire d’Al-Aqsa, lançant une provocation délibérée qui a menée à la mort de milliers de Palestiniens.
La communauté internationale a la stricte obligation de protéger la mosquée d’Al-Aqsa, non seulement en raison de son statut d’héritage mondial mais aussi pour empêcher la suppression de la liberté de culte pour les musulmans.
Pendant 1400 années, excepté sous l’occupation des Croisés en Palestine, les musulmans ont protégé les droits des chrétiens et des juifs à pratiquer librement leur religion. Les bientôt cinq décennies d’occupation israélienne dans la ville sacrée menacent d’en finir avec cette tradition vertueuse.
Utilisant des revendications mythiques et non fondées au sujet de l’emplacement d’un prétendu Temple de Salomon, les gouvernements israéliens qui se sont succédés ont menacé l’intégrité du bâtiment en faisant creuser des tunnels sous sa base. Une politique pour laquelle quiconque hésiterait pour d’autres sites de l’Unesco, est cependant tolérée quand c’est le gouvernement israélien qui prend la responsabilité de mettre en danger le patrimoine mondial islamique.
Les Palestiniens et les musulmans à travers le monde ne toléreront aucune menace pour leurs sites sacrés. Les dommages causés à la mosquée d’Al-Aqsa déstabiliseront encore plus une région qui vit déjà de grands bouleversements. Si la communauté internationale agit maintenant, il sera encore possible d’arrêter un nouvel acte de violence mortel.
* Ismail Patel est le représentant de l’association des Amis d’Al-Aqsa ; son compte twitter est : @ismailAdamPatel