Avec la complicité des médias, de Ban Ki Moon et
d’Obama, les dirigeants israéliens ont massacré plus de 130 Palestiniens
de la ville de Rafah, vendredi, dans le cadre de ce que leur armée
appelle « Le protocole Hannibal ».
(Rafah : des dizaines de corps encore sous les décombres)
L’affaire commence vendredi matin lorsque l’armée israélienne annonce
qu’un de ses soldats, le sous-lieutenant Hadar Goldin, a été
« kidnappé » par un commando du Hamas, quelque part dans Rafah.
Sans prendre un mètre de recul, de nombreux médias, notamment
français, reprennent aussitôt à leur compte le communiqué de
l’envahisseur, parlant tantôt de « kidnapping », tantôt « d’enlèvement »
de Goldin.
Alors que, si les faits sont exacts, ce qui serait arrivé à cet homme
en uniforme, pris les armes à la main, relèverait évidemment de la
capture ou de la reddition, faisant de lui un prisonnier de guerre, et
pas un otage.
Mais le militarisme israélien, qui n’a de ce point de vue rien à
envier à l’idéologie nazie, n’admet pas qu’un représentant du « peuple
élu » puisse tomber, à la régulière, aux mains des barbares que sont
pour lui les Palestiniens et plus généralement « les Arabes », capables
seulement d’actes vils, tels le « kidnapping ».
Le président américain Obama et le secrétaire général de l’ONU Ban Ki
Moon emboîtent dans les heures qui suivent le pas à la propagande
israélienne, exigeant la libération « immédiate et inconditionnelle » de
l’officier.
Les médias de révérence « expliquent » ensuite, sans l’once d’une
critique, qu’Israël a un code de conduite très précis lorsqu’un soldat
est porté manquant : le « protocole Hannibal », qui exige que tous les
moyens soient mis en œuvre, non pas pour libérer le captif, mais pour
supprimer sa condition de prisonnier.
En clair, détruire toute la zone où l’homme est censé se trouver,
quitte à le tuer lui aussi, en même temps que le plus grand nombre de
Palestiniens possible, civils ou combattants. Le « protocole Hannibal »
est une doctrine de crimes de guerre, qui a force de loi, assurent des
commentateurs israéliens, bien qu’il n’y en ait pas, et pour cause, de
version imprimée dans le Manuel des Troupes en Campagne de l’armée.
Pendant qu’Obama pérorait et que « Tsahal » détruisait un quartier
entier de Rafah, personne ne répercutait, en France tout du moins, la
version des faits donnée parallèlement par le Hamas.
Celui-ci indiquait qu’une de ses unités, dans la nuit de jeudi à
vendredi, avait ouvert le feu sur les troupes d’invasion, tuant et
blessant plusieurs soldats israéliens, et en faisant un prisonnier, le
sous-lieutenant Goldin précisément.
Mais cette action était suivie d’un bombardement israélien massif,
avec tirs de blindés et d’aviation, sur toute la zone (le fameux
« protocole Hannibal », précisément). Et qu’à la suite des ces attaques,
Goldin, tout comme les hommes qui l’avaient fait prisonnier, étaient
vraisemblablement morts, ajoutait le Hamas.
Cette version des faits fournie par le Hamas s’est révélée exacte,
une fois de plus dans la communication sur la longue série de crimes de
guerre perpétrés par Israël à Gaza ces dernières semaines (après les
dénégations israéliennes sur le bombardement d’écoles de l’ONU,
notamment).
L’armée israélienne a en effet reconnu dimanche qu’elle avait
retrouvé, dans les décombres des sites qu’elle a bombardés, des restes
humains correspondant à Goldin, grâce aux résultats d’analyses ADN.
Le journal Le Monde, piteusement, relayait alors les « explications » de l’armée,
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/08/03/le-soldat-israelien-disparu-a-gaza-est-mort-au-combat_4466224_3218.html
Quant au quotidien israélien Haaretz, il remettait lundi matin, un
peu plus clairement les pendules à l’heure : « Le protocole Hannibal a
tué des dizaines d’innocents », titrait-il.
Le journaliste du Haaretz Gilli Cohen raconte ainsi que les généraux
dirigeant les opérations ont déclenché « le protocole Hannibal » en
pleine connaissance de la situation, parfaitement conscients qu’ils
allaient tuer un nombre indéterminé de civils, et qu’il n’était pas
question de laisser les ambulances palestiniennes approcher pour
secourir les blessés.
Au passage, Cohen, sans même s’en rendre compte, donne aussi un
aperçu de cette conception très particulière qu’a l’armée israélienne
d’un cessez-le-feu : c’est quand on ne tire pas nécessairement les
premiers, mais qu’on continue néanmoins d’avancer en territoire ennemi !