Nous sommes douze femmes et hommes de 23 à
68 ans épris de justice pour tous les êtres humains, y compris pour les
Palestiniens. C'est pourquoi nous n'avons pu rester inactifs en 2009
quand la barbarie israélienne a bombardé pendant 23 jours la population
de Gaza, faisant 1500 morts dont 500 enfants, des milliers de blessés
graves et de nombreuses destructions de logements, d'écoles, d'hôpitaux
et autres infrastructures publiques. Nous avons participé aux grandes
manifestations de protestation. Mais comme toujours depuis 1948, l'Etat
d'Israël a poursuivi en toute impunité ses crimes à l'encontre du peuple
palestinien.
Nous nous sommes alors engagés dans la
campagne internationale de boycott, de désinvestissement et de sanctions
( BDS ) à l'égard d'Israël jusqu'à ce que cet Etat respecte les droits
fondamentaux des Palestiniens, campagne qu’ils ont eux-mêmes lancée en
2005. Il s'agit d'une campagne non-violente inspirée notamment de celle
menée contre l'Afrique du Sud pour faire cesser l'apartheid. Campagne
qui est soutenue par des personnalités prestigieuses en France, dans le
monde et même en Israël.
Nous avons à plusieurs reprises distribué
des tracts dans des commerces de l'agglomération mulhousienne, invitant
les clients à ne pas acheter les produits exportés par Israël et
listant des exemples de marques concernées. La première page de ce tract
porte une citation du prix Nobel de la paix sud-africain Desmond Tutu.
Chaque fois la grande majorité des clients étaient réceptive à cette
information. Mais à la suite de nos deux visites chez Carrefour en
septembre 2009 et mai 2010, nous avons été poursuivis en correctionnelle
pour rien moins qu'une « incitation à la discrimination et à la haine
raciale » sur plaintes d'organisations pro-israéliennes : le Bureau de
Vigilance Contre l'Antisémitisme, l’Alliance France-Israël, la chambre
de commerce France-Israël, Avocats Sans Frontières et la LICRA.
Le tribunal correctionnel de Mulhouse
nous a relaxés le 17 novembre 2011 en précisant que notre action
s'inscrivait dans le cadre légal de la liberté d'expression sur un
problème politique et qu'elle ne devait en aucun cas être qualifiée
d'incitation à la discrimination et à la haine raciale. Mais dans les
jours qui suivirent, le parquet général a fait appel de ce jugement, en
application des directives des ministres de la Justice Alliot-Marie et
Mercier, jamais abolies par C. Taubira.
Nous espérions que la cour d'appel de
Colmar allait confirmer notre relaxe, ceci conformément à un arrêt de
2011 de la cour d'appel de Paris et à un arrêt tout récent de la cour de
cassation concernant une affaire similaire. D'autant que nos témoins
comme chacun d'entre nous, avaient rappelé les motivations de notre
action non violente pour le respect des droits des Palestiniens et que
nos avocats avaient démontré sa légalité.
Nous avons donc non seulement été surpris
mais scandalisés d'être condamnés par cette cour d'appel le 27 novembre
2013, chacun à 1000€ avec sursis pour chacune de ces deux actions de
boycott des produits israéliens, menées à l’hypermarché Carrefour de
Mulhouse. Auxquels s’ajoutent 120 € chacun de droit fixe de procédure
et 28000 € de dommages et intérêts et de frais de justice à verser
solidairement, sans sursis, au profit du Bureau de Vigilance Contre
l'Antisémitisme, l’Alliance France-Israël, Avocats Sans Frontières et la
LICRA, qui comme leurs noms ne l'indiquent pas, soutiennent de facto
les crimes commis par Israël. Verser un seul centime à ce type
d'officine est révoltant alors que les nobles causes ont tant de
besoins. La Cour d’appel a cependant débouté la chambre de commerce
France-Israël.
A la grande surprise de nombreux
juristes, cette cour assimile des produits venant d'un Etat à des
personnes, et l'Etat à une ethnie, ou une nation.
Les sommes exigées sont aussi
extraordinairement élevées, au regard des affaires de même nature, de
nos moyens modestes comme de ceux des organisations qui nous
soutiennent.
A l'évidence il s'agit d'un procès
politique dont le verdict politique a pour objectif de nous faire taire.
Les atteintes aux libertés fondamentales se multiplient ces dernières
années en France quel que soit le gouvernement et notamment s'agissant
du soutien au peuple palestinien. Il n'y a qu'en France où l’on assiste à
ce type de procès alors que cette campagne se développe dans le monde
entier.
Mais ce coup dur ne nous fera pas céder,
d’autant plus que les souffrances endurées par les Palestiniens en
Cisjordanie, à Gaza, en Israël et dans les camps de réfugiés,
nécessitent de poursuivre et même d'amplifier la mobilisation.
Nos avocats ont introduit un pourvoi en
cassation contre ce jugement inique, mais cette procédure n'est
évidemment pas gratuite et son coût va s'ajouter aux sommes déjà
engagées à ce jour et à celles citées ci-dessus.
Nous remercions très sincèrement toutes
les personnes et organisations qui nous ont soutenus jusqu'ici, sous
différentes formes : en signant la pétition de soutien, en venant
nombreux, souvent de loin et par tous les temps, nous témoigner leur
solidarité lors des nombreuses audiences, et en contribuant
financièrement aux frais de justice.
Nous regrettons vivement d'être
contraints de faire appel à nouveau à tous les gens attachés à la
sauvegarde des libertés dans notre pays et à la solidarité avec les
Palestiniens. Nous les remercions par avance pour leur aide.
Nous sommes aussi reconnaissants à nos
six témoins venus de loin aussi, nous soutenir devant la Cour et devant
des avocats sionistes aux arguments particulièrement détestables; et à
nos trois avocats qui ont, dans une parfaite complémentarité, déployé
toute leur compétence pour faire prévaloir le droit.
Pour la solidarité financière, tout
versement même modeste en fonction des moyens de chacun, est le bienvenu
et doit être adressé à :
ASSOCIATION FRANCE PALESTINE SOLIDARITE / AFPS68
BP70436
68007 COLMAR CEDEX
en mentionnant au dos du chèque : « campagne BDS »
Il vous sera renvoyé un reçu fiscal permettant le dégrèvement relatif aux dons aux associations.