vendredi 14 octobre 2011 - 08h:11
K. Selim - Le Quotidien d’Oran
Gilad Shalit n’était pas un « otage », comme l’affirment de
manière scandaleuse des médias français. C’est un soldat d’une armée qui
occupe des territoires palestiniens et agresse continuellement un
peuple. La précision s’impose.
Les officiels français ont multiplié les mots de compassion et de
dénonciation du Hamas sur le sort du soldat Shalit. Ils ne se sont
jamais intéressés au sort du civil franco-palestinien Salah Hamouri,
emprisonné par Israël pour ses opinions. La comparaison, absolument
pertinente, entre les deux cas est très éloquente. La propagande sur le
« pauvre » Shalit est dérisoire. L’essentiel est que les Palestiniens
n’ont pas cédé aux pressions qui se sont exercées sur eux. Ils ont
obtenu l’un des meilleurs accords possibles en échange de la libération
d’un soldat qui était en opération.
Les explications embarrassées d’Israël sur un Hamas qui
serait devenu « pragmatique » ne méritent pas qu’on s’y étende.
Pragmatique, le Hamas, comme les autres groupes palestiniens, l’a
toujours été. Les médias occidentaux « découvrent » même que le Hamas
peut agir de manière autonome, en fonction de l’intérêt palestinien,
sans être ligoté par Damas et Téhéran. Quelle découverte !
Apparemment, les « spécialistes » ne savent plus quoi
dire devant un accord qui est manifestement une réussite pour les
Palestiniens. Haussons encore les épaules sur ceux qui tentent de
rabaisser les choses en suggérant qu’un Israélien vaut 1027
Palestiniens. En réalité, cet accord procède d’une chose aussi vieille
que le monde : le rapport de forces. La disproportion des forces entre
Israël et les Palestiniens n’a pas besoin d’être expliquée. Comme tout
peuple en lutte pour sa liberté, les Palestiniens doivent se battre dans
un contexte difficile pour construire un rapport de forces par la
résistance. Et celle-ci est multiforme, elle n’est pas que militaire,
elle ne peut pas être purement diplomatique.
Le Hamas sort-il gagnant de cet accord ? Il ne faut pas
couper les cheveux en quatre, la réponse est « oui ». Et on doit ajouter
que ce n’est pas un cadeau d’Israël. Netanyahu ne cherche pas à
renforcer le Hamas, il a seulement pris acte qu’il n’avait pas d’autres
moyens pour sortir du cas Shalit. Il continuera de toute évidence à
faire la guerre aux Palestiniens, pas seulement ceux du Hamas, mais
également ceux du Fatah. Mahmoud Abbas est-il sorti gagnant en osant
déposer une demande d’adhésion à l’Onu contre la volonté américaine ? La
réponse est « oui » aussi. On peut choisir de compter les « coups » de
l’un et de l’autre et cela n’est pas forcément faux.
Mais ce qui serait erroné, c’est de s’y arrêter. Car,
que ce soit le combat pour l’adhésion à l’Onu ou pour la libération des
prisonniers, ce sont bien « tous » les Palestiniens qui gagnent. Et il
faut tirer absolument l’enseignement évident – mais hélas perdu en
raison des divisions inter-palestiniennes – qu’une lutte de libération
combine toutes les formes d’actions. Et que les Palestiniens
amoindriraient leur capacité à changer le rapport de forces s’ils se
privaient de l’un ou de l’autre.
Il y a eu, sous l’illusion de la solution par la seule
diplomatie qui a été entretenue par les Occidentaux et l’Autorité
palestinienne, une division préjudiciable et inutile sur ces questions.
Il est impératif que les Palestiniens reprennent le chemin de l’unité.
Surtout à un moment où le mouvement des peuples pourrait changer l’ordre
des choses.
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