Alain Barluet - Le Figaro
Le président de l’Autorité palestinienne déplore la tiédeur du soutien français.
Derrière les sourires, les
arrière-pensées. Reçu vendredi à l’Élysée par Nicolas Sarkozy pendant
une heure, Mahmoud Abbas n’a pas manqué, à sa sortie, de remercier son
hôte pour ses initiatives en faveur de la relance du processus de paix.
Le président palestinien a même souhaité que « la France joue un rôle
essentiel et de plus en plus grand » dans ces efforts. Mais le mutisme
des porte-parole officiels, à l’issue de la rencontre, a laissé
entrevoir que, sur le fond, les choses n’ont guère progressé depuis que
la Palestine a demandé son adhésion à l’ONU, le mois dernier.
Entre Paris et l’Autorité palestinienne, quelques
ressentiments se sont même installés après le vote, à l’Unesco, le 5
octobre, d’une recommandation visant l’attribution à la Palestine d’un
statut de membre au sein de cette agence onusienne en charge de la
science et de la culture. Cette recommandation doit maintenant être
soumise aux suffrages de la Conférence générale de l’Unesco qui se
tiendra du 25 octobre au 10 novembre. L’Espagne a d’ores et déjà annoncé
qu’elle voterait pour. En s’abstenant, le 5 novembre, la France a
suscité dans le camp palestinien une incompréhension à laquelle certains
de ses représentants n’hésitent pas à faire écho dans le privé.
Vendredi, sur le perron de l’Élysée, Mahmoud Abbas a
salué le discours prononcé par Nicolas Sarkozy à la tribune de l’ONU, le
21 septembre, et consacré, a-t-il dit, « au soutien de la cause
palestinienne ». Manifestement toutefois, le chef de l’État n’entend
pas dévier d’une ligne qu’il juge équilibrée. Après son abstention à
l’Unesco, Paris s’est justifié en soulignant que la priorité était la
reprise du dialogue et que ni l’enceinte, ni le moment n’étaient
« appropriés » pour une reconnaissance de la Palestine. D’autres sources
palestiniennes reprochent à la diplomatie française, non sans quelque
mauvaise foi, de n’avoir pas indiqué assez tôt sa préférence pour le
vote, par l’Assemblée générale, d’un statut intermédiaire d’« État
observateur » de la Palestine aux Nations unies. Une piste toujours
privilégiée à l’Élysée, où elle est considèrée comme « la seule option
qui permettrait à Mahmoud Abbas de faire un pas de géant ».
Surplace
Le dirigeant palestinien n’en a pas moins réaffirmé,
vendredi, sa détermination à voir se poursuivre le processus au Conseil
de sécurité, sans toutefois mentionner d’échéance. « C’est comme une
voiture qui fonce contre un mur en accélérant », commente un diplomate
français en soulignant que « pourtant nous avons déployé tous nos
efforts pour éviter une solution qui n’arrange personne, y compris les
Israéliens ». L’option du passage par l’Assemblée générale n’est
officiellement pas envisagée par Mahmoud Abbas, pour qui changer de
cheval au milieu du gué serait coûteux politiquement. D’autant que les
Occidentaux, dont la France, souhaitent assortir un éventuel statut
d’observateur de restrictions empêchant les Palestiniens de recourir à
la Cour pénale internationale. Par ailleurs, aucune ouverture ne se
dessine côté israélien, notamment sur le dossier crucial de la
colonisation qui se poursuit. Le surplace prévaut. À l’ONU, « le malade
palestinien a été placé en coma artificiel dans son propre intérêt »,
souligne un diplomate, en estimant que les Palestiniens ne disposeraient
pas des neuf voix nécessaires au Conseil de sécurité. Tous les espoirs
se reportent donc sur le Quartette (UE, ONU, Russie, États-Unis). Des
espoirs bien maigres, Paris répétant que « la méthode du Quartette a
échoué ».
Publié par le Figaro
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