Lettre conjointe et ouverte sur les punitions collectives
infligées aux prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes.
(photo : B’Tselem)
A l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe.
En tant qu’organisations des Droits de l’Homme oeuvrant à
la promotion et à la protection des Droits de l’Homme dans le
territoire palestinien occupé (oPt), le Conseil Palestinien des
Organisations des Droits de l’Homme exprime son inquiétude à propos
d’une série de mesures punitives à caractère collectif prises durant ces
derniers mois par le Service Israélien des Prisons (IPS) à l’encontre
des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, mesures qui
ont conduit ces prisonniers à déclencher une campagne de désobéissance
incluant une grève de la faim à partir du 27 septembre 2011.
Bien que les conditions des prisonniers palestiniens se
soient continuellement détériorées durant ces dernières années,
notamment avec la remise en cause par l’administration des prisons de
certains des acquis obtenus par le mouvement des prisonniers,
l’accélération soudaine de cette dégradation durant ces derniers mois a
immédiatement suivi le discours du premier ministre israélien Benyamin
Netanyahou du 23 juin 2011 dans lequel il a annoncé un changement de
politique visant à punir collectivement les prisonniers palestinien pour
l’incarcération en cours du soldat israélien Gilad Shalit.
.
Depuis cette date, l’IPS a pris une série de mesure punitives
collectives incluant l’interdiction désormais faite aux prisonniers de
poursuivre leurs études universitaires par correspondance,
l’interdiction des journaux et livres venant de l’extérieur et la
réduction du nombre de chaînes de télévision accessibles aux prisonniers
à trois chaînes arabes. Par ailleurs, l’IPS a imposé que pieds et mains
des prisonniers soient enchaînés lors des visites, aussi bien à l’aller
qu’au retour de ces visites. Dans certaines prisons, la durée de ces
visites a été réduite de 45 à 30 minutes, réduction assortie de
l’interdiction nouvelle faite aux enfants de moins de 8 ans d’avoir un
contact physique avec leurs parents incarcérés. Nous devons rappeler
dans ce contexte que depuis juin 2007, Israël a totalement interdit les
visites familiales aux prisonniers provenant de la Bande de Gaza. Une
mesure punitive qui suscite une grande inquiétude est l’augmentation par
l’IPS de la fréquence de la détention en isolement pour prétendues
« raisons de sécurité », une politique contre laquelle se sont toujours
élevés les prisonniers. Jusqu’à mai 2011, le nombre des prisonniers
soumis à ce régime était de 12 mais en juin, juste après le discours de
Netanyahou, 7 nouveaux prisonniers les rejoignirent. En septembre 2011,
le nombre de prisonniers subissant la détention en isolement pour
prétendues « raisons de sécurité » était de 20. Certains de ces détenus
subissent la détention en isolement depuis plusieurs années.
Du fait de la dégradation de leur situation, les
prisonniers palestiniens détenus dans différentes prisons israéliennes
ont annoncé une campagne de désobéissance à partir du 27 septembre 2011
afin de protester contre les mesures prises à leur encontre par l’IPS.
Cette campagne inclut une grève de la faim et le refus de coopérer
à l’application d’un certain nombre de règles de l’IPS parmi lesquelles
le port de l’uniforme et la participation aux séances d’appel nominal
multi-quotidiennes. Bien que cette campagne ait été lancée par des
prisonniers affiliés au Front Populaire pour la Libération de la
Palestine, des prisonniers de plus en plus nombreux appartenant à
d’autres tendances ont décidé de les rejoindre et de participer trois
fois par semaine à différents actions de cette campagne. Les
revendications des prisonniers visent principalement à obtenir que
l’IPS mette fin à son recours abusif à la détention en isolement et à
son usage généralisé de la punition collective. Ils demandent que soit
réinstauré pleinement l’accès à l’enseignement à distance et que soient
permis les livres, les journaux, les vêtements de l’extérieur de la
prison ainsi que toutes les chaînes de télévision. Ils demandent qu’il
soit mis fin à la pratique de l’enchaînement des pieds et des mains lors
des visites, au départ vers celles-ci comme au retour. Ils
demandent aussi la levée de la restriction appliquée au temps de visite
familial, la fin du recours arbitraire et excessif aux amendes infligées
à des cellules entières, à des sections ou à des partis politiques et
la fin des incursions nocturnes suivies de fouilles dans les cellules,
incursions devenues très fréquentes.
Nous saluons votre récente décision d’accorder au
Conseil National Palestinien le statut de « partenaire pour la
démocratie » et notons que l’une des questions à laquelle l’Assemblée
Parlementaire va accorder une grande attention est celle des progrès à
accomplir vers la libération du soldat israélien Gilad Shalit. Dans ce
contexte, nous devons attirer votre attention sur le sort des 5734
prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes dont les
conditions se sont gravement détériorées ces derniers temps en
soulignant que les mesures récemment prises à leur encontre par l’IPS,
suite à des ordres que celui-ci a reçu du gouvernement israélien,
constituent clairement une forme de punition collective que l’article 33
de la Quatrième Convention de Genève interdit. A cet égard nous vous
demandons d’user de tous les moyens dont vous disposez pour faire
pression sur le gouvernement israélien afin de l’amener à satisfaire les
revendications légitimes des prisonniers et à accorder à tous les
prisonniers palestiniens, jusqu’à leur libération, le traitement qui
leur est dû selon le droit international. Israël doit être rappelé à son
obligation de se conformer aux Conventions de Genève y compris pour ce
qui concerne le traitement des prisonniers et détenus.
Sincère considération,
Le conseil Palestinien des Organisations des Droits de l’Homme
Sahar Francis
General Director
Addameer Prisoner Support and Human Rights Association
General Director
Addameer Prisoner Support and Human Rights Association
Shawqi Issa
General Director
Ensan Center for Human Rights and Democracy
General Director
Ensan Center for Human Rights and Democracy
Khalil Abu Shammala
General Director
Al-Dameer Association for Human Rights
General Director
Al-Dameer Association for Human Rights
Issam Aruri
General Director
Jerusalem Center for Legal Aid and Human Rights
General Director
Jerusalem Center for Legal Aid and Human Rights
Shawan Jabarin
General Director
Al-Haq
General Director
Al-Haq
Iyad Barghouti
General Director
Ramallah Center for Human Rights Studies
General Director
Ramallah Center for Human Rights Studies
‘Issam Younis
Director
Al Mezan Center for Human Rights
Director
Al Mezan Center for Human Rights
Maha Abu Dayieh
General Director
Women’s Centre for Legal Aid and Counselling
General Director
Women’s Centre for Legal Aid and Counselling
Rifat Kassis
General Director
Defence for Children International - Palestine Section
General Director
Defence for Children International - Palestine Section
5 octobre 2011 - Traduction : Najib Aloui
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