Ecrit par Pierre Tiercin | |
19.10.11 | |
De grands rassemblements ont pris place à Gaza, Ramallah, et dans toutes
les villes et villages palestiniens pour fêter la libération des 477
prisonniers de l'accord d'échange Gilad Shalit mardi dernier.
Au cours d'un rassemblement de plusieurs milliers de personnes au Muqata'a,
le complexe administratif de l'Autorité Palestinienne à Ramallah, le Président
palestinien Mahmoud Abbas a remercié les responsables de la libération des
prisonniers.
Il a indiqué qu'il comptait insister pour la libération des leaders
politiques qui sont encore détenus, comme Marwan Barghouti et Ahmed Saadat, en
faisant le lien entre l'échange et ses efforts pour obtenir la reconnaissance de
l'Etat palestinien.
"Vos sacrifices n'ont pas été vains", a proclamé Abbas. "Vous avez travaillé
dur, vous avez lutté et vous êtes sacrifiés. Vous verrez les résultats de votre
lutte, dans la reconnaissance d'un Etat palestinien indépendant, avec Jérusalem
pour capitale".
Abbas, dont la popularité est encore forte depuis son discours aux Nations
Unies, a dû minimiser ses propres échecs à obtenir la libération des prisonniers
palestiniens. Pendant son discours et malgré le conflit diplomatique qui oppose
le Hamas et le Fatah, et qui a provoqué en 2007 une brève guerre civile suite à
laquelle les représentants du Fatah ont été exclus de Gaza, il était soutenu par
Aziz Dweik et Hassan Yusef, fortes personnalités du Hamas, qui ont
vigoureusement évoqué la possibilité d'une réconciliation.
"Nous devons agir communément, faire front, unis, face à la politique mené
par Israël, contre les colonies et les violation des droits humains", a déclaré
Yusef.
A Gaza, Ismail Haniyeh, ex-Premier Ministre et numéro un du Hamas à Gaza, a loué "l'instant historique" de la
libération des prisonniers palestiniens, dans un discours qu'il a adressé devant
plus de 200 000 palestiniens réunis sur la place al-Katiba.
"Nous embrassons les mains et le front de la Résistance Palestinienne pour
leur participation héroïque à notre cause", a-t-il indiqué, ajoutant que le
monde islamique et que tous les partisans de la liberté partageaient aujourd'hui
la joie du peuple palestinien.
Haniyeh a remercié l'Egypte pour le rôle qu'elle a joué et a rappelé que
davantage de détenus "seront bientôt libérés".
Yehya al-Sinwar, ancien stratège de la branche armée du Hamas, condamné au
cours de la Première Intifada en 1988 pour le meurtre de deux soldats israéliens
et libéré au cours de l'échange après avoir passé 23 ans en prison, a été salué
par la foule alors qu'il rejoignait Haniyeh sur la scène installée place
al-Katiba.
"J'appelle tous les leaders de toutes les factions de la résistance
palestinienne et avant tout les brigades Izz al-Din al-Qassam d'endosser la
responsabilité de libérer tous les prisonniers restants", a exprimé al-Sinwar,
aujourd'hui pressenti pour un poste de premier ordre au sein du Hamas. "Ce doit
être immédiatement planifié et organisé sur le plan pratique".
Haniyeh a délivré un long discours passionné, gratifiant alternativement le
peuple palestinien pour "cette oeuvre et cette victoire nationale", et
avertissant Israël qu'il ne se reposera pas jusqu'à ce que tous les prisonniers
palestiniens soient libérés. "Nos coeurs battent encore pour Marwan et Abdullah
Bargouti, et pour Ahmed Saadat", a-t-il assuré.
Des 477 prisonniers libérés, 27 sont des femmes. Deux fois plus de
prisonniers ont été relâchés vers Gaza que vers la Cisjordanie, tandis que 40
ont été exilés vers la Syrie, la Turquie et le Qatar. Selon les termes de
l'accord, 550 prisonniers devraient encore être libérés d'ici 2 mois.
Près de 5 000 prisonniers palestiniens sont encore détenus dans les prisons
israéliennes, nombre d'entre eux suite à des condamnations relatives à la
résistance armée contre Israël durant la seconde intifada.
Alors que l'ambiance était à la fête à Gaza, en Cisjordanie et en Israël,
certain slogans scandés par des groupuscules islamistes scandaient déjà "nous
voulons un autre Shalit". Le Comité Populaire de la Résistance, une faction
résistante extrémiste, a d'ors et déjà indiqué que si la capture de soldats
israéliens pouvait permettre la libération des prisonniers palestiniens, alors
ils continueraient sur cette piste, rapportant que l'échange Shalit constituait
une "victoire historique" pour la résistance palestinienne.
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