8 juillet 2011
La Dignité-Al Kamara, seul bateau de la Flottille de la Liberté qui avait pu prendre la direction de la bande de Gaza a été stoppé jeudi par les gardes-côtes grecs alors qu’il était amarré dans un port de Crête pour faire le plein de fioul. Vendredi, 200 militants pro-palestiniens se sont vus refuser l’accès à des vols pour Tel-Aviv, notamment à Roissy-Charles-de-Gaulle.
Fin de périple pour le Dignité-Al Karama. Le seul bateau de la Flottille pour la liberté qui semblait encore en mesure d’atteindre la bande de Gaza a été stoppé net, mercredi, par les gardes-côtes grecs. Parti de Corse, le navire a été repéré au petit matin en Crète, alors qu’il se ravitaillait en essence. Il a été remorqué, jeudi, jusqu’au port de Sitia, le principal de l’île, pour des vérifications. Les autorités grecques ont refusé aux différents bateaux du convoi d’appareiller pour des raisons de sécurité et des motifs administratifs expliquait la semaine dernière à ParisMatch.com Claude Léostic l’une des porte-paroles de la campagne «Un bateau pour Gaza» et membre de l’Association France Palestine Solidarité. De son côté, le gouvernement israélien avait averti qu’il ne laisserait approcher aucune embarcations près de la bande de Gaza, son armée voulant éviter de reproduire le drame de la première Flottille, en mai 2010. Tsahal avait à l’époque abordé le ferry Mavi Marmara, parrainé par une ONG turque, dans les eaux internationales. Neuf activistes ont été tués lors de l’opération.
«Nous ne pouvons pas bouger»
Douze militants pro-palestiniens voyageaient sur le Dignité-Al Karama, dont l’ancien porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Olivier Besancenot, l'eurodéputée d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Nicole Kiil-Nielsen et le journaliste de «Libération» Quentin Girard. Aucun d’entre eux n’a été arrêté. «Nous attendons toujours. Nous savons que les jours passent mais nous attendons de voir la suite des événements. Jusqu'ici, nous ne pouvons pas bouger», a déclaré jeudi à Reuters un des 350 militants de la Flottille, Dmitris Plionis.
Athènes a proposé aux militants d’acheminer l’aide destinée aux Gazaouis par ses propres canaux et en coopération avec les Nations Unies. «Si elle était directement transmise à Gaza, pourquoi pas», avait réagi Claude Léostic lors d’une interview à ParisMatch.com, affirmant que le gouvernement de Georges Papandréou ferait transiter les vivres par Israël. «Au-delà du volet humanitaire nous sommes porteurs d’un message politique, avait-t-elle poursuivi. Nous voulons dénoncer l’illégalité du blocus». Faire transiter les cargos vers l’Etat Hébreu légitimerait l’action de Jérusalem. Notre offre «reste sur la table», a déclaré, jeudi à Vienne, le ministre grec des Affaires étrangères, Stavros Lambrinides.
Interdits de vols
Pour les autorités israéliennes la menace ne vient pas que des eaux. Vendredi, quelque 200 militants pro-palestiniens se sont vus interdire d’embarquer dans des avions à destination de l’Etat Hébreu. Selon le gouvernement de Benjamin Netanyahou, près de 500 activistes avaient pour dessein d’envahir l’aéroport Ben-Gourion, ce vendredi. Des associations de soutien aux Palestiniens avaient appelé sur Internet leurs adhérents et sympathisants à participer à cette action, dans le but de dénoncer l'enferment des Territoires Palestiniens. Israël en contrôle tous les accès à la bande de Gaza -à l'exception de sa frontière avec l’Egypte. Le choix de la date est symbolique. Le 9 juillet 2004, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait déclaré illégale le mur de séparation construit par Israël en Cisjordanie.
Un dispositif a été mis en place par la police pour expulser «aux frais des compagnies aériennes» ceux qui parviendraient à entrer sur le territoire, a indiqué la porte parole des services de l'immigration Sabin Hadad. Des centaines de policiers supplémentaires ont été déployés en Renfort indique Al-Jazeera. Six activistes étrangers ont été arrêtés ainsi que cinq protestataires israéliens, rapporte le «Yediot Aharonot». Deux ressortissants américains ont ainsi été détournés sur un vol pour la Grèce précise «Haaretz». Une liste de 342 militants a été transmise aux aéroports européens. Cent quatre-vingt ont été placés sur liste noire. A l’aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle, une cinquantaine de personnes a bloqué, vendredi, un Terminal de la compagnie Lufthansa pour dénoncer leur statut de passager «indésirable». Le Palestinien Mazen Koumsieh, qui figure parmi les organisateurs de la campagne «Bienvenue en Palestine» à l’origine de cette opération s'est dit satisfait de la publicité fournie par les mesures du gouvernement israélien.