JLM - CCIPPP 34
Dire que le blocus israélien s’est déplacé au cœur de l’Europe n’est pas suffisant, il faut dire que le blocus commence ici ! Non pas parce qu’Israël nous le demande mais parce que les intérêts politiques, économiques et idéologiques de l’Union européenne des capitalistes, des banquiers, du FMI, etc, l’exigent.
Le 30 juin, apprenant la décision du gouvernement grec de refuser le départ du Pirée aux bateaux et aux passagers de la Flottille de la Liberté 2, Thomas Sommer, membre de la coordination internationale de la flottille2 déclarait : « On savait qu’il y avait un blocus autour de Gaza, aujourd’hui on s’aperçoit que le blocus est en train de traverser la Méditerranée pour arriver jusqu’en Grèce ». Cette idée a été reprise par la Coordination nationale France du Bateau pour Gaza : « Le blocus de Gaza ne doit pas s’étendre aux portes de l’UE » et par la plupart des porte-parole des bateaux français. Nous aurions tort de la considérer comme une simple formule percutante destinée aux médias. Il s’agit d’un constat dont il faut mesurer toute la portée et tirer toutes les conséquences.
La Flottille 1 avait reçu l’appui direct de l’État turc et le Mavi Marmara avait reçu tous les soutiens et les aides nécessaires. A la veille du départ de la Flottille 2, la mise sur cale du bateau symbole a porté un coup décisif à la Flottille 2. Au mépris des martyrs, en bloquant le Mavi Marmara, le gouvernement turc annonçait son revirement politique au profit d’Israël. De la même manière le gouvernement grec avait soutenu la flottille en facilitant son départ de Grèce. La décision du gouvernement grec d’interdire, manu militari, le départ des bateaux de la flottille à destination de Gaza a brutalement révélé au monde entier le revirement du gouvernement grec.
Comment expliquer les changements survenus en moins d’un an ? La facilité serait d’y voir seulement le signe d’une progression de l’influence israélienne et de la force des lobbies sionistes de par le monde. Les apparences nous y encouragent : le blocage grec de la Flottille 2, le blocage de plusieurs centaines de passagers à Roissy-Charles-de- Gaulle sur injonctions de l’État israélien semblent attester de l’élargissement du périmètre d’intervention d’Israël au cœur même de l’Europe et de la soumission de nos États aux injonctions de l’État sioniste.
Le premier inconvénient de cette lecture - superficielle - conduirait à sous-estimer l’événement majeur survenu durant l’année écoulée entre les deux Flottilles, à savoir les révolutions survenues dans le monde arabe. Prendre comme cause des revirements politiques cet événement majeur permet de comprendre l’épiphénomène israélo-gréco-français comme le symptôme de la panique provoquée par le séisme dont l’épicentre sont les révolutions du monde arabe et dont les secousses à venir sont perçues comme lourdes de menaces par les États-Unis bien sûr mais aujourd’hui également par l’Union européenne.
Ce qui signifie que les changements sont moins l’effet de la « force » d’Israël que le résultat du basculement du « monde occidental » dans la peur des conséquences des révolutions arabes. Ce n’est pas Israël qui « commande » aux États européens mais ce sont les États européens qui ont rejoint et partagent les positions états-uniennes et israéliennes.
Il n’y a qu’à voir la guerre qui est menée par cette coalition contre l’accord Hamas-Fatah. Parce qu’il ouvre la voie à une possible recomposition de l’unité du peuple palestinien (sous occupation, sous apartheid et des réfugiés) dans le contexte d’une Égypte nouvelle, cet accord est la cible de toutes les attaques.
Dire que le blocus israélien s’est déplacé au cœur de l’Europe n’est pas suffisant, il faut dire que le blocus commence ici ! Non pas parce qu’Israël nous le demande mais parce que les intérêts politiques, économiques et idéologiques de l’Union européenne des capitalistes, des banquiers, du FMI, etc, l’exigent.
La guerre contre Gaza a prouvé à ceux qui en doutaient qu’Israël ne veut pas la paix mais le nettoyage ethnique de la Palestine. Les événements récents de la Flottille 2 et de Roissy-Charles-de-Gaulle devraient convaincre ceux qui en doutent encore que l’Europe soutien l’occupation de la Palestine, la colonisation et le blocus de Gaza. Alsthom, Véolia construisent le tramway de la colonisation, le Conseil régional Languedoc-Roussillon finance dans le port de Sète un terminal fruitier pour la seule entreprise Agrexco, ils participent directement à l’occupation, la colonisation et au blocus de Gaza ! Leur collaboration est directe. C’est ici qu’il faut les combattre ! La campagne BDS nous offre le cadre et les perspectives stratégiques pour mener cette bataille.
JLM. CCIPPP34 - 9/07/2011