8 juin 2011
Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, n'a pas convaincu les Américains de l'intérêt du projet de conférence internationale au Proche-Orient. «Wait and see» lui a dit la secrétaire d'État Hillary Clinton après que les Israéliens eurent poliment éconduit les initiatives de Paris. En réalité, depuis François Mitterrand, la diplomatie française n'avait pas tenté de se remettre au centre du jeu proche-oriental où elle pèse peu, avec autant d'éclat. Jacques Chirac dépêcha en son temps Hervé de Charette pour une navette entre Damas, Beyrouth et Jérusalem ayant abouti à un cessez-le-feu. Et ce, malgré l'hostilité du secrétaire d'État Warren Christopher. S'appuyant sur la Syrie, la France affrontait alors l'axe américano-israélien. Lorsque Tsahal envahit le sud Liban durant l'été 2006, Philippe Douste-Blazy, successeur de Charette au Quai d'Orsay, fut lui aussi dépêché sur place mais condamné à jouer les utilités. Disqualifiée au sein de l'État hébreu pour son engagement pro-palestinien, la France essuya plusieurs rebuffades. On se souvient de la visite mouvementée de Jacques Chirac dans la vieille ville de Jérusalem à l'automne 1996. Et des pierres que reçut Lionel Jospin, alors Premier ministre, lorsqu'il visita l'université palestinienne de Birzeit, pour avoir qualifié le Hezbollah d'organisation terroriste. Plus proche d'Israël, Nicolas Sarkozy pouvait espérer que son initiative soit accueillie favorablement. Mais la situation étant totalement bloquée, les Américains ne veulent pas d'une conférence afin de remettre le processus de paix sur les rails. Ils souhaitent d'abord, pour éviter l'échec assuré, une reprise des négociations bilatérales entre l'État hébreu et les Palestiniens dont les organisations rivales, l'autorité de Mahmoud Abbas en Cisjordanie et le Hamas à Gaza se sont rapprochées. Quant à Israël, l'annonce d'une reconnaissance de l'État palestinien en septembre à l'Onu aurait plutôt tendance à renforcer leur intransigeance traditionnelle. Dans ce contexte, il était hasardeux pour la France d'espérer tirer son épingle du jeu.
Hubert Coudurier