Egypte - 13 juin 2011
Par Khaled al Shami
Des pressions états-uniennes pour reprendre la fourniture du gaz égyptien à Israël et des obstacles saoudiens contre la normalisation avec l'Iran
La société Ampal-American Israel Corporation, l'un des principaux exploitants du projet de construction de pipelines entre l'Egypte et Israël, a annoncé que la fourniture du gaz naturel égyptien à Israël avait repris vendredi 10/06 après une interruption de près de six semaines due à une série d'explosions qui avaient visé les pipelines qui acheminent le gaz à la Jordanie et à l'entité, au nord du Sinaï. Zeev Feiner, porte-parole de la société, a indiqué que "les fournitures ont repris ce jour (vendredi) après deux jours d'essais".
Pour rappel, Israël exporte près de 40% de ses besoins en gaz naturel de l'Egypte, et l'éventualité d'une baisse des fournitures de gaz qui entraînerait une baisse de la production électrique pendant l'été, avait suscité des craintes dans l'entité.
Pour rappel, Israël exporte près de 40% de ses besoins en gaz naturel de l'Egypte, et l'éventualité d'une baisse des fournitures de gaz qui entraînerait une baisse de la production électrique pendant l'été, avait suscité des craintes dans l'entité.
Des experts considèrent que la reprise des exportations de gaz est principalement due à des pressions exercées par les Etats-Unis et Israël plutôt qu'au prétendu souhait du gouvernement égyptien d'éviter les arbitrages internationaux relatifs au contrat conclu, suite aux menaces de la société israélienne.
Ibrahim Youssri, expert en droit international et ex-ambassadeur d'Egypte, a déclaré : "Nous savons tous qu'Israël aurait perdu la bataille de l'arbitrage international, ce qui se passe aujourd'hui est le résultat de pressions états-uniennes, j'ai conseillé récemment au ministre des Affaires étrangères (Nabil el Arabi) de dire aux Américains qu'ils demandent à Israël de payer le prix du gaz égyptien au tarif mondial normal, ce qui nous ferait gagner 13 millions de dollars supplémentaires par jour."
Il a ajouté : "Malheureusement l'Egypte vend le gaz à Israël à un prix ridicule, ce qui correspond à un cadeau de 10 milliards de dollars, et les négociations pour relever le prix sont refusées par Israël ; je vais demander l'exécution de la décision de justice définitive qui a statué sur l'arrêt de l'exportation du gaz égyptien à Israël, et si le ministre du Pétrole refuse de l'exécuter, il devra aller en prison."
En ce qui concerne la signification de cette reprise des exportations dans le cadre de la politique étrangère égyptienne, notamment après l'échec de la normalisation des relations avec l'Iran et l'instauration de conditions supplémentaires à la circulation des Palestiniens par le terminal de Rafah, l'ancien diplomate a déclaré : "Le comportement du gouvernement actuel est incohérent, et on ne sait plus qui gouverne, l'ancien régime ou le nouveau ?"
Pendant ce temps, le Procureur de la République égyptienne a exprimé sa réserve sur l'enquête concernant les accusations d'"espionnage" à l'encontre de Sayed Qassem el Husseini, diplomate iranien, ce qui confirme le manque de sérieux de l'enquête en question.
Pour rappel, le Procureur avait accusé le diplomate iranien de violation du protocole de coopération diplomatique en créant un nombre de réseaux d'espionnage, dont les membres étaient chargés de recueillir des informations politiques, économiques et militaires sur l'Egypte et certains pays du Golfe arabe moyennant rémunération.
Ces atermoiements remettent sur le tapis l'origine du déclenchement de cette affaire d'espionnage, et notamment de son objectif, à savoir l'annulation par l'Egypte du processus de normalisation diplomatique avec l'Iran.
Le ministre des Affaires étrangères iranien, Ali Akbar Salihi, a déclaré il y a deux jours que son pays avait bien compris que des pressions extérieures étaient exercées sur l'Egypte pour l'empêcher de reprendre des relations diplomatiques normales avec l'Iran, et que ces pressions avaient ralenti le processus de normalisation, et il avait souligné que Téhéran était prête à réinitialiser les relations immédiatement.
Des sources diplomatiques indiquent que la position égyptienne s'explique par une série de pressions exercées précisément par l'Arabie saoudite, parmi lesquelles la menace de renvoyer chez eux un million à un million et demi d'ouvriers égyptiens travaillant en Arabie sous prétexte du non-renouvellement des contrats de travail au bout de six ans de résidence.
Ces même sources ajoutent que le royaume saoudien s'est engagé le mois dernier à fournir à l'Egypte des aides économiques d'un montant supérieur à quatre milliards de dollars sous réserve (implicite mais claire) que "la dignité du président Moubarak soit préservée et que la normalisation avec l'Iran soit stoppée."
Le gouvernement égyptien a effectivement décidé de prolonger le séjour de Hosni Moubarak à l'hôpital international de Sharm el Sheikh "jusqu'à nouvel avis pour des raisons de santé", tandis que confusion et rumeurs contradictoires continuent de semer le doute sur le procès de Moubarak, dont les audiences doivent commencer le 3 août 2011.
Alors que la révolution égyptienne avait revendiqué l'arrêt des exportations du gaz à l'entité sioniste, l'arrêt du blocus de Gaza et la reprise du rôle de leader régional pour l'Egypte, les évolutions contraires de la politique étrangère actuelle posent des questions cruciales sur "l'impasse diplomatique" du gouvernement de la révolution et sur la réalité du processus de décision politique à l'intérieur du conseil militaire au pouvoir.
Ibrahim Youssri, expert en droit international et ex-ambassadeur d'Egypte, a déclaré : "Nous savons tous qu'Israël aurait perdu la bataille de l'arbitrage international, ce qui se passe aujourd'hui est le résultat de pressions états-uniennes, j'ai conseillé récemment au ministre des Affaires étrangères (Nabil el Arabi) de dire aux Américains qu'ils demandent à Israël de payer le prix du gaz égyptien au tarif mondial normal, ce qui nous ferait gagner 13 millions de dollars supplémentaires par jour."
Il a ajouté : "Malheureusement l'Egypte vend le gaz à Israël à un prix ridicule, ce qui correspond à un cadeau de 10 milliards de dollars, et les négociations pour relever le prix sont refusées par Israël ; je vais demander l'exécution de la décision de justice définitive qui a statué sur l'arrêt de l'exportation du gaz égyptien à Israël, et si le ministre du Pétrole refuse de l'exécuter, il devra aller en prison."
En ce qui concerne la signification de cette reprise des exportations dans le cadre de la politique étrangère égyptienne, notamment après l'échec de la normalisation des relations avec l'Iran et l'instauration de conditions supplémentaires à la circulation des Palestiniens par le terminal de Rafah, l'ancien diplomate a déclaré : "Le comportement du gouvernement actuel est incohérent, et on ne sait plus qui gouverne, l'ancien régime ou le nouveau ?"
Pendant ce temps, le Procureur de la République égyptienne a exprimé sa réserve sur l'enquête concernant les accusations d'"espionnage" à l'encontre de Sayed Qassem el Husseini, diplomate iranien, ce qui confirme le manque de sérieux de l'enquête en question.
Pour rappel, le Procureur avait accusé le diplomate iranien de violation du protocole de coopération diplomatique en créant un nombre de réseaux d'espionnage, dont les membres étaient chargés de recueillir des informations politiques, économiques et militaires sur l'Egypte et certains pays du Golfe arabe moyennant rémunération.
Ces atermoiements remettent sur le tapis l'origine du déclenchement de cette affaire d'espionnage, et notamment de son objectif, à savoir l'annulation par l'Egypte du processus de normalisation diplomatique avec l'Iran.
Le ministre des Affaires étrangères iranien, Ali Akbar Salihi, a déclaré il y a deux jours que son pays avait bien compris que des pressions extérieures étaient exercées sur l'Egypte pour l'empêcher de reprendre des relations diplomatiques normales avec l'Iran, et que ces pressions avaient ralenti le processus de normalisation, et il avait souligné que Téhéran était prête à réinitialiser les relations immédiatement.
Des sources diplomatiques indiquent que la position égyptienne s'explique par une série de pressions exercées précisément par l'Arabie saoudite, parmi lesquelles la menace de renvoyer chez eux un million à un million et demi d'ouvriers égyptiens travaillant en Arabie sous prétexte du non-renouvellement des contrats de travail au bout de six ans de résidence.
Ces même sources ajoutent que le royaume saoudien s'est engagé le mois dernier à fournir à l'Egypte des aides économiques d'un montant supérieur à quatre milliards de dollars sous réserve (implicite mais claire) que "la dignité du président Moubarak soit préservée et que la normalisation avec l'Iran soit stoppée."
Le gouvernement égyptien a effectivement décidé de prolonger le séjour de Hosni Moubarak à l'hôpital international de Sharm el Sheikh "jusqu'à nouvel avis pour des raisons de santé", tandis que confusion et rumeurs contradictoires continuent de semer le doute sur le procès de Moubarak, dont les audiences doivent commencer le 3 août 2011.
Alors que la révolution égyptienne avait revendiqué l'arrêt des exportations du gaz à l'entité sioniste, l'arrêt du blocus de Gaza et la reprise du rôle de leader régional pour l'Egypte, les évolutions contraires de la politique étrangère actuelle posent des questions cruciales sur "l'impasse diplomatique" du gouvernement de la révolution et sur la réalité du processus de décision politique à l'intérieur du conseil militaire au pouvoir.
Source : Al Quds al Arabi
Traduction : Nadine Acoury