Khalid Amayreh - CPI
En clair, l’administration Obama ferait peut-être mieux de déclarer son incapacité à faire la paix, car ayant les mains scrupuleusement menottées par les restrictions intolérables imposées par le lobby sioniste.
Obama n’est jamais sorti du rang et il s’est toujours conformé aux intérêts de l’impérialisme US et du sionisme. Il est ici en compagnie du criminel de guerre multi-récidiviste israélien Ehud Barak
Le discours du président Obama ce jeudi 19 mai n’était clairement qu’une redite de plus, dans l’hypocrisie, la duplicité morale et une rhétorique vide. A part son approbation du bout des lèvres des révolutions arabes, Obama n’a fait que ressasser la même position américaine pleine de parti pris sur la détresse palestinienne, question centrale qui continue à générer tensions et instabilité dans le monde entier, et spécialement dans la région arabe concernée.
La position américaine affichée sur le mouvement prodémocratie dans le monde arabe est bienvenue. Cependant, il serait malhonnête d’imputer le succès des révolutions égyptienne et tunisienne, même partiellement, à une quelconque et honnête intervention américaine.
Comme d’autres pays, les États-Unis ont vu simplement que le vent politique dans ces deux pays arabes d’Afrique du Nord se mettait à souffler dans une direction nouvelle, et non souhaitée, et qu’il n’y avait pas grand chose à faire pour modifier le cours des évènements.
Dès lors, les décideurs politiques à Washington ont estimé que l’approche la plus pertinente de ces révolutions était d’apparaître comme soutenant la volonté populaire. Cette apparence, qui n’a rien à voir avec les véritables intentions des États-Unis, serait sans nul doute celle qui servirait le mieux les intérêts américains, ou au moins, qui limiterait le plus possible les dégâts éventuels que la situation des États-Unis dans cette partie cruciale du monde pourrait avoir à supporter.
Les États-Unis continuent de soutenir activement certains régimes arabes despotiques. Même des régimes manifestement criminels qui assassinent leurs propres citoyens dans les rues sont traités avec une mollesse choquante, avec des mises en garde théâtrales que ces tyrans ne prennent pas vraiment au sérieux.
Ceci, associé à une position chroniquement hypocrite et bien connue sur la question palestinienne, laisse, comme on dit, la balle politique dans le jardin américain.
Par conséquent, les États-Unis doivent comprendre que tant qu’ils continueront d’ignorer ou de justifier la criminalité et l’agression israéliennes, ils continueront d’être haïs et rejetés par la majeure partie des masses arabes, de l’Océan atlantique au Golfe arabo-persique.
La cause palestinienne, après tout, vit dans le cœur et la conscience du collectif arabe et musulman, ce qui signifie qu’il ne peut y avoir d’amélioration réelle et durable dans les relations arabo-américaines aussi longtemps que les sionistes américains seront autorisés à dicter leur loi et à déterminer la position et la politique états-uniennes sur le problème palestinien récurrent.
Nous, dans le monde arabe, comprenons le dilemme politique auquel serait confrontée l’administration d’Obama dans le cas où celui-ci ferait le choix de contester le puissant lobby juif américain, un lobby qui tient le Congrès à la gorge.
Toutefois, toute personne honnête sous le soleil, et notamment chacun des millions d’Américains de conscience, s’attend à ce qu’Obama soit juste et équitable, et refuse de céder aux pressions du politiquement correct.
Et s’il doit choisir entre être correct politiquement et répréhensible moralement, par exemple en apaisant et tempérant le lobby juif quel qu’en soit le prix moral, on s’attend alors à ce qu’Obama fasse le choix de ce qui est moralement juste, même si cela doit lui coûter son second mandat à la Maison-Blanche.
Malheureusement, tout montre qu’Obama ne diffère que très peu, voire en rien, de son prédécesseur. Il n’a simplement pas la volonté de dire la vérité, ni d’agir avec honnêteté quand il s’agit d’Israël, le Veau d’Or moderne que de nombreux politiciens dans de nombreux pays sont prêts à adorer, parce qu’agir ainsi est bien plus séduisant et attrayant que d’adorer le Dieu véritable et unique.
Obama ne se comporte pas comme un véritable homme d’État devrait se comporter. Il ne possède pas la sagesse, le courage et la confiance nécessaires pour faire face à l’insolence, l’intransigeance et l’arrogance de pouvoir des Israéliens. Il n’a pas la volonté d’appeler un chat un chat, surtout quand il le voit dans les mains d’Israël.
En réalité, il répète les mêmes bourdes et paradoxes graves des précédentes administrations américaines. Il annonce une initiative de paix, espérant que les dirigeants israéliens vont l’accepter et opter pour la paix. Mais sitôt fait, la Maison-Blanche fait comprendre de façon tout à fait claire que rien n’affectera l’engagement de l’Amérique pour une hégémonie, une suprématie et une domination régionales et durables d’Israël sur l’ensemble de tous les pays arabes, quelle que soit la façon dont Israël appréciera les efforts américains pour arriver à la paix.
En d’autres termes, pour Israël, les États-Unis n’ont que des carottes, jamais de bâtons, et peu importe ce que fait Israël, ou ne fait pas Israël, Israël sera toujours aidé et récompensé.
Faut-il le dire, ce n’est pas la bonne façon de parvenir à la paix au Moyen-Orient. Un médiateur sincère est comme un juge honnête, il ne doit pas prendre parti. Mais les États-Unis ne sont ni un juge honnête ni un médiateur sincère, les administrations américaines successives l’ont abondamment prouvé, au point d’en avoir la nausée, elles sont là d’abord et avant tout pour répondre aux considérations intrinsèquement extravagantes du lobby israélien.
Ceci signifie qu’aussi longtemps que la politique américaine sur la question palestinienne restera l’otage de l’AIPAC et des autres apologistes d’Israël dans l’arène politique américaine, il ne pourra y avoir de paix juste et durable dans cette partie du monde.
En clair, l’administration Obama ferait peut-être mieux de déclarer son incapacité à faire la paix, car ayant les mains scrupuleusement menottées par les restrictions intolérables imposées par le lobby juif.
Une telle position dissiperait une grande partie des illusions, des désirs pris pour des réalités et des rêveries qui, à tort et de façon peu encourageante, restent alléchants pour beaucoup de gens dans cette partie du monde, et qui ne font qu’accroître les frustrations et rendre la violence inévitable.
Jérusalem occupée, le 21 mai 2011 - Centre palestinien d’informations - traduction : JPP