Khalid Amayreh - CPI
Israël a diligemment tué les possibilités d’un État palestinien viable.
Octobre 2008 - Des Palestiniennes, lors d’une manifestation anti-Bush à Ramallah, refusent de quitter le lieu de la manifestation malgré les ordres des forces de sécurité palestiniennes
1 - La situation générale en Palestine occupée a déjà atteint (ou en est très proche) le point de « non retour ».
Cela veut dire que nous avons déjà épuisé les possibilités de paix. Ceci principalement en raison de la politique colonialiste expansionniste israélienne acharnée sur l’ensemble des territoires occupés, et particulièrement sur Jérusalem-Est occupée. Cette politique manifestement illégale, qui s’oppose de front au droit international, a fait de la création d’un État palestinien viable territorialement contigu sur les territoires occupés en 1967, un objectif pratiquement impossible et irréaliste. En d’autres termes, Israël a diligemment tué les possibilités d’un État palestinien viable. Par conséquent, on peut sans crainte affirmer que le processus en cours, initié par les États-Unis, est devenu plus ou moins hors de propos.
Le gouvernement israélien actuel, indiscutablement le plus belliciste et le plus xénophobe de l’histoire d’Israël, tente, et avec succès, de décapiter, une fois pour toutes, ce qui reste de chances pour la paix, principalement en construisant toujours plus de colonies et en rétrécissant toujours plus l’horizon des Palestiniens. Et aussi en altérant de façon irréversible le visage panoramique de Jérusalem-Est et en rayant l’identité arabo-islamique de la ville occupée.
2 - Le processus politique actuel est voué à l’échec.
Il est voué à l’échec car il n’en est pas un mais plutôt une simple reproduction et répétition de ce qui a été tenté dans le passé, et raté, en particulier les Accords d’Oslo. Par conséquent, s’y accrocher avec un réel espoir de succès équivaut à se complaire dans l’auto-aveuglement.
3 - Le gouvernement des États-Unis, quelle que soit l’administration au pouvoir, n’a pas la capacité ou la volonté (voire les deux) d’obliger Israël à mettre fin à son occupation persistante de la terre palestinienne.
Ceci est principalement imputable à l’influence démesurée que les partisans d’Israël, et notamment ce qu’on appelle le lobby juif, exercent sur la politique états-unienne pour cette partie du monde. Inutile de dire que cette dimension particulière est maintenant bien connue de nombreux universitaires, politiques, et citoyens ordinaires.
4 - Israël n’est pas réellement intéressé par la moindre paix véritable et durable avec ses voisins palestiniens.
En effet, un pays qui continue de construire des colonies sur une terre occupée et qui continue de transférer ses propres citoyens pour qu’ils vivent sur cette terre qui appartient à un autre peuple, ce pays n’est manifestement pas intéressé par la paix. Et dans le but de détourner l’attention mondiale de la dure réalité en Palestine occupée, Israël et ses partisans ont constamment recours à des campagnes mensongères, appelées aussi hasbara (propagande), toutes dans l’objectif de rejeter sur les Palestiniens la responsabilité de l’impasse politique, de l’absence de perspectives, auxquelles notre région est arrivée aujourd’hui.
5 - La société juive israélienne est constamment en train de dériver vers le fascisme et le racisme.
Par exemple, la moitié au moins des ministres de l’actuel gouvernement appelle ouvertement et sans honte à l’expulsion des Palestiniens tant d’Israël que des territoires occupés. Il y a quelques jours, un rabbin de premier plan en Israël était cité comme ayant déclaré à ses disciples, « les non-juifs sont de beaucoup pareils à des ânes et à d’autres bêtes de somme, créés par Dieu pour servir les juifs, la race supérieure ». En outre, de plus en plus d’officiels israéliens ne cessent de se référer aux colons en tant qu’ « êtres humains véritables » et aux non-juifs en tant qu’êtres humains inférieurs. Malheureusement, ce racisme hideux ne provoque que bien peu de froncements de sourcils en Israël, que ce soit chez les intellectuels ou chez les gens ordinaires.
6 - Un nombre grandissant d’intellectuels juifs israéliens utilise la notion controversée de « peuple élu ».
Ceci pour justifier les harcèlements, les agressions sauvages, la déshumanisation et même les assassinats contre les Palestiniens. Il vous suffit de lire la presse israélienne pour avoir une idée assez juste de ce dont je veux parler. Malheureusement, le fascisme en Israël est arrivé à un point tel que même des ministres de ce gouvernement ont tiré la sonnette d’alarme, car pour eux, le fascisme obsède déjà la société israélienne pure et simple.
7 - Comme indiqué ci-dessus, l’effondrement ultime du processus de paix, déjà affaibli, est inéluctable.
Pas besoin de préciser que cela peut générer, et génèrera probablement, des montées d’extrémisme et de violence dans toute la région. Des organisations extrémistes, telle qu’Al-Qaïda, seront capables de doubler ou tripler leurs forces et leur influence au détriment d’organisations plus modérées. La radicalisation qui en résultera minera certainement, entre autres, la paix et la stabilité dans de nombreux pays, de même qu’une radicalisation générale couvrira tout le monde musulman.
8 - L’Autorité palestinienne (AP) est, en fait, un État policier sans État, et Israël, le maître suprême des esclaves.
Un maître d’esclaves qui voit l’AP essentiellement comme son sous-traitant pour sa sécurité et dont le premier travail est de persécuter, réprimer, torturer, harceler et humilier le peuple palestinien, tout cela pour le compte d’Israël. L’AP est un État policier sans État, point final. L’AP est même considérée, au moins par de nombreux Israéliens, comme un Judenrat (corps administratifs formés dans les ghettos juifs, sous l’ordre des autorités nazies) palestinien au service des intérêts israéliens.
Il y a quelques années, les Palestiniens étaient harcelés et brutalisés par un oppresseur unique : les autorités israéliennes d’occupation. Aujourd’hui, les Palestiniens sont brutalisés et agressés sauvagement par deux autorités : les maîtres israéliens et leurs esclaves de l’Autorité palestinienne. Ces derniers agissant ainsi pour le compte des premiers, principalement pour justifier leur existence même.
9 - Israël se sert des relations du Hamas avec l’Iran comme d’un prétexte.
Il y a quelques années, Israël justifiait son blocus criminel de la bande de Gaza, toujours en vigueur, en prétendant que c’était une réponse aux projectiles tirés de Gaza sur Israël. Et quand ces tirs de projectiles ont eu quasiment cessé, Israël s’est tourné vers un autre prétexte, disant qu’il ne pouvait vivre avec l’Iran à sa frontière sud !!! Dieu sait quels autres dérivatifs et tactiques de diversion Israël pourra encore utiliser pour justifier son intransigeance et agressivité.
10 - Enfin, Israël insiste pour que les Palestiniens le reconnaissent en tant qu’État juif.
Savez-vous ce qu’Israël entend réellement par « État juif » ? Eh bien, cela signifie qu’Israël insiste pour que les Palestiniens reconnaissent, officiellement et solennellement, qu’Israël doit avoir le droit, à un moment donné dans le futur, d’expulser la plupart, voire tous ses citoyens non juifs, au motif qu’Israël est juif et que les non-juifs, par exemple les un million huit cent mille Palestiniens d’Israël, n’ont aucun droit définitif à la citoyenneté, du fait qu’ils ne sont pas juifs.
Autrement, pourquoi le gouvernement israélien ferait-il voter un projet de loi de toute évidence raciste qui oblige les non-juifs aspirant à la citoyenneté israélienne à prêter serment de loyauté à Israël en tant qu’État juif ?
11 - Israël est en train de brouiller ou de détourner l’attention de la nature scandaleuse de cette question.
Il invoque pour cela sans cesse le mantra mensonger d’Israël, État juif et démocratique. Toutefois, il est inutile de posséder un QI particulièrement élevé pour comprendre que chaque fois que seront incompatibles et irréconciliables les dimensions judaïques et démocratiques d’Israël, lesquelles auront l’avantage.
Enfin, il existe un sentiment largement répandu que l’Europe succombe à l’hégémonie états-unienne dans le processus de paix, ce qui empêche les Européens d’assumer un rôle plus dynamique au sein du processus de décisions pour la paix. Même l’AP, qui vit de l’argent des contribuables européens, oppose un refus cinglant à l’Europe d’atténuer ses violations des droits humains chez elle.
Il est temps par conséquent pour le Parlement européen d’exercer des pressions sur les gouvernements nationaux et sur l’Union européenne dans son ensemble pour s’assurer que l’aide de l’UE à l’AP ne sert pas à encourager celle-ci et à lui permettre de torturer et de violer les droits humains fondamentaux des Palestiniens réputés opposants politiques à son régime.
Le peuple palestinien est pratiquement totalement dépendant de la bonne volonté du monde, essentiellement de l’UE, pour arriver à faire mettre fin par l’AP à son règne de terreur qui se prolonge contre son propre peuple.
3 mars 20111 - Centre palestinien d’informations - traduction : JPP