mardi 22 mars 2011

Le renseignement militaire israélien surveille les organisations étrangères de gauche

Barak Ravid (Haaretz)
publié le lundi 21 mars 2011.
Les sources israéliennes disent que ce service spécialisé créé il y a plusieurs mois travaillera en lien étroit avec les ministères. Par Barak Ravid
Haaretz, 21/03/2011
http://www.haaretz.com/print-edition/news/idf-officers-confirm-special-department-created-to-monitor-foreign-left-wing-organizations-1.350713
D’après des hauts dirigeants israéliens et des officiers de l’armée, le renseignement militaire (MI) recueille des informations sur les organisations étrangères de gauche qui, selon l’armée, visent à délégitimer Israël.
Les sources indiquent que la division de la recherche du MI a créé il y a plusieurs mois un département dédié à la surveillance des groupes de gauche, qui travaillera en lien étroit avec les ministères du gouvernement. Ces dernières semaines, le chef de la nouvelle unité a pris part à des discussions dans le bureau du Premier ministre sur la façon de préparer l’arrivée possible en mai d’une flottille à destination de Gaza.
La portée indéfinie et potentiellement large d’une telle initiative, dont les sources militaires disent qu’elle se focalise sur la manière de répondre aux convois maritimes visant à rompre le blocus de Gaza par Israël, inquiète certains responsables du Ministère des affaires étrangères, pour lesquels l’armée va trop loin.
« Nous-mêmes nous ne savons pas exactement comment définir la délégitimation », dit un responsable du ministère. « C’est une définition très abstraite. Les flottilles pour Gaza sont-elles de la délégitimation ? La critique des colonies est-elle de la délégitimation ? On ne voit pas clairement la valeur ajoutée de l’implication du renseignement militaire ».
Les responsables du renseignement militaire disent que l’initiative reflète une montée des efforts mondiaux pour délégitimer Israël et interroger son droit à l’existence.
« L’ennemi change, comme change la nature de la lutte, et nous devons stimuler l’activité dans ce domaine », dit un responsable du MI. « Le travail sur ce sujet est conduit sur la base d’une distinction claire entre la critique légitime de l’État d’Israël d’un côté, et les efforts pour lui nuire et saper son droit à exister de l’autre ».
La nouvelle unité du MI surveillera les groupes occidentaux impliqués dans le boycott, le désinvestissement ou l’imposition de sanctions sur Israël. L’unité recueillera aussi des informations sur les groupes qui cherchent à poursuivre les hauts dirigeants Israéliens de crimes de guerre ou d’autres accusations, et examinera les liens possibles entre de telles organisations et les groupes terroristes.
Le MI a décidé de créer l’unité à la suite des enquêtes sur la saisie meurtrière par Israël d’un convoi maritime visant à rompre le blocus de Gaza en mai 2010, qui montrèrent que les agences de renseignement du pays n’avaient pas su fournir des informations qui auraient pu aider Israël à se préparer adéquatement à la résistance violente que les commandos de marine rencontrèrent à bord du Mavi Marmara.
D’après les sources, les autres sphères de responsabilité de l’unité doivent être encore clarifiées, mais on prévoit qu’elles concernent l’identification des sujets que les autres agences de renseignement d’Israël devraient traiter.
La qualité des renseignements sur les groupes visant à délégitimer Israël s’est améliorée et la quantité à augmenté ces derniers mois, dit un responsable du bureau du Premier ministre.
« Il y a une demande d’une telle information », dit-il. « Les responsables ont besoin d’informations sur ces sujets, et elles n’ont pas toujours été disponibles dans le passé, parce qu’il y avait un manque de vigilance sur ce sujet dans la communauté du renseignement. L’orientation de la nouvelle unité va être de recueillir des informations et de mener une recherche de renseignements pour le Ministère des affaires étrangères et d’autres ministères.
L’unité a le soutien du général de brigade réserviste Yossi Kuperwasser, directeur général du Ministère des affaires stratégiques et ancien chef de la division de la recherche du MI. Pendant la deuxième Intifada, il poussait pour une implication à grande échelle de la communauté du renseignement dans les campagnes de sensibilisation et les questions diplomatiques, une attitude critiquée par d’autres responsables du MI.
Traduction J.P.B.
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