Par Christian Merville | 10/03/2011
Si Ehud Barak tire la sonnette d'alarme, c'est qu'il y a péril en la demeure. Plus faucon que les durs du Likoud depuis que, rompant avec le Parti travailliste, il a décidé avec une poignée de fidèles lieutenants de rallier le camp de la majorité, le ministre israélien de la Défense s'inquiète de l'isolement de son pays. Et cela se traduit par des remords, plutôt tardifs à vrai dire : « Le monde, juge-t-il, n'accepte pas de nous voir continuer à régner sur un autre peuple, après quarante-trois ans. Nous faisons face à un tsunami en règle visant à nous délégitimer. » Si les appréhensions sont justifiées, l'étonnant c'est qu'après les avoir manifestées, le général le plus galonné de l'État hébreu appelle le chef du gouvernement à prendre « une décision audacieuse » pour relancer le processus de paix (bravo !) avant de proposer de réclamer aux États-Unis une aide militaire supplémentaire de 20 milliards de dollars (hou ! hou !) « afin de préserver notre avance qualitative ». Parce que, vous comprenez, « il se pourrait que nous soyons contraints de projeter notre puissance ». On admirera, au passage, cette habileté à manier la litote pour ne pas parler d'agression, et surtout pas de guerre.
On retiendra aussi que, vu de Tel-Aviv, le printemps arabe est perçu comme constituant un dommage collatéral par la-seule-démocratie-au-Proche-Orient, une sorte d'automne qui ne présage rien de bon. Les nuages ont commencé à s'amonceler il y a trois semaines, quand le délégué allemand au Conseil de sécurité a voté en faveur d'un projet de résolution qualifiant d'illégales les implantations dans les territoires occupés. Certes, le représentant US s'est empressé d'opposer son veto, mais le mal était fait. Causé, qui plus est, par Angela Merkel, un allié indéfectible depuis son entrée en fonction, il y a plus de cinq ans.Trois jours plus tard, selon le Haaretz, Benjamin Netanyahu téléphonait à la chancelière pour lui exprimer sa déception, s'attirant cette riposte cinglante : « Comment osez-vous ? C'est vous qui nous avez déçus. Vous n'avez pas fait un seul pas en direction de la paix. »*.
On retiendra aussi que, vu de Tel-Aviv, le printemps arabe est perçu comme constituant un dommage collatéral par la-seule-démocratie-au-Proche-Orient, une sorte d'automne qui ne présage rien de bon. Les nuages ont commencé à s'amonceler il y a trois semaines, quand le délégué allemand au Conseil de sécurité a voté en faveur d'un projet de résolution qualifiant d'illégales les implantations dans les territoires occupés. Certes, le représentant US s'est empressé d'opposer son veto, mais le mal était fait. Causé, qui plus est, par Angela Merkel, un allié indéfectible depuis son entrée en fonction, il y a plus de cinq ans.Trois jours plus tard, selon le Haaretz, Benjamin Netanyahu téléphonait à la chancelière pour lui exprimer sa déception, s'attirant cette riposte cinglante : « Comment osez-vous ? C'est vous qui nous avez déçus. Vous n'avez pas fait un seul pas en direction de la paix. »*.
Étrange tableau que celui-là. D'un côté, un monde arabe qui, depuis les premiers jours de l'année, ne cesse d'avancer à grands pas vers le progrès, la démocratie, en un mot la modernité ; de l'autre, un dossier entré il y a belle lurette en phase de pourrissement, au grand dam d'un Occident qui s'impatiente devant les louvoiements de « Bibi ». Israël ne voit dans le vent de révolte qui s'est levé dans le monde arabe que le danger représenté par le Hamas et, plus généralement, l'islamisme. De plus, si, à l'échelle internationale, les pressions sont réelles - notamment de la part de l'Union européenne et de l'Amérique -, il n'existe rien de semblable au plan interne. Au contraire, pourrait-on dire. Ils sont plutôt rares en Israël à croire venue l'heure du règlement pacifique et encore moins l'existence d'un interlocuteur palestinien valable.
Il serait inutile de rappeler à cette opinion publique emmurée dans de fausses craintes, resservies à chaque fois que se forme au loin un arc-en-ciel annonciateur d'un possible « danger de paix », qu'en juin 2008, cette paix semblait pourtant proche. À l'époque , Ahmad Qoreih s'était résigné à admettre l'annexion de Jérusalem, à l'exception de Jabal Abou-Ghoneim, rebaptisé Har Homa en hébreu - « C'est la première fois que nous faisons une telle proposition » -, mais refusait cependant d'accepter la présence des points de peuplement de Maale Adoumim, Ariel, Ephrat et Givat Zeev, selon les documents révélés par WikiLeaks.L'offre avait été rejetée par Tzipi Livni qui s'entêtait à réclamer Har Homa.
Ce n'est donc pas demain que l'on verra (re)ressurgir une Palestine-Atlantide engloutie depuis soixante-trois ans, prévue à l'origine pour septembre de cette année. Les Israéliens préfèrent plutôt plancher sur un arrangement provisoire, encore dans les limbes, comprenant une série d'étapes censées déboucher sur l'émergence d'une nouvelle Autorité palestinienne. La semaine dernière à Bruxelles, les représentants des deux parties étaient conviés séparément à examiner avec le quartette (USA, UE, Nations unies, Russie) la possibilité de réveiller ce fameux dialogue de paix dont l'encéphalogramme continue d'être désespérément plat. Le délégué israélien, Yitzhak Molcho, a préféré ne pas faire le déplacement et ses supérieurs ont annoncé qu'ils attendaient les Quatre à Tel-Aviv...
À Washington pendant ce temps, des voix s'élèvent pour prier Barack Obama de se précipiter au chevet des Israéliens, en proie à la déprime. Après toutes les humiliations que lui a fait subir Netanyahu, ce ne serait que justice.
* Révélé par le New York Times, citant le quotidien israélien Haaretz.
Il serait inutile de rappeler à cette opinion publique emmurée dans de fausses craintes, resservies à chaque fois que se forme au loin un arc-en-ciel annonciateur d'un possible « danger de paix », qu'en juin 2008, cette paix semblait pourtant proche. À l'époque , Ahmad Qoreih s'était résigné à admettre l'annexion de Jérusalem, à l'exception de Jabal Abou-Ghoneim, rebaptisé Har Homa en hébreu - « C'est la première fois que nous faisons une telle proposition » -, mais refusait cependant d'accepter la présence des points de peuplement de Maale Adoumim, Ariel, Ephrat et Givat Zeev, selon les documents révélés par WikiLeaks.L'offre avait été rejetée par Tzipi Livni qui s'entêtait à réclamer Har Homa.
Ce n'est donc pas demain que l'on verra (re)ressurgir une Palestine-Atlantide engloutie depuis soixante-trois ans, prévue à l'origine pour septembre de cette année. Les Israéliens préfèrent plutôt plancher sur un arrangement provisoire, encore dans les limbes, comprenant une série d'étapes censées déboucher sur l'émergence d'une nouvelle Autorité palestinienne. La semaine dernière à Bruxelles, les représentants des deux parties étaient conviés séparément à examiner avec le quartette (USA, UE, Nations unies, Russie) la possibilité de réveiller ce fameux dialogue de paix dont l'encéphalogramme continue d'être désespérément plat. Le délégué israélien, Yitzhak Molcho, a préféré ne pas faire le déplacement et ses supérieurs ont annoncé qu'ils attendaient les Quatre à Tel-Aviv...
À Washington pendant ce temps, des voix s'élèvent pour prier Barack Obama de se précipiter au chevet des Israéliens, en proie à la déprime. Après toutes les humiliations que lui a fait subir Netanyahu, ce ne serait que justice.
* Révélé par le New York Times, citant le quotidien israélien Haaretz.