Palestine - 17 février 2011
Par Salman Abu Sitta
L’auteur est président honoraire de la Palestine Land Society et conseiller honoraire au Middle East Monitor. L’article original en arabe est paru dans AlQuds AlArabi le 9 février 2011 et la version en anglais sur MEMO le 13.
La question n’est pas que des documents révélant les détails des négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne aient été divulgués par Al-Jazeera et le Guardian. Nous avions tous une idée générale des positions prises par les négociateurs palestiniens en face d’Israël, des positions qui ont déjà été fortement critiquées comme étant excessives, en particulier les concessions faites sur les droits inaliénables du peuple palestinien. Le refus de ces concessions a été exprimé dans des conférences, des déclarations et des manifestations depuis plusieurs années.
Toutefois, les fuites ont révélé le degré réel de soumission des négociateurs, à quelles bassesses ils s’étaient livrés et la manière éhontée dont ils ont mendié aux Israéliens un petit peu plus qu’un mini-Etat avec des citoyens parqués dans des cages isolées et des réfugiés palestiniens abandonnés le long de la « feuille de route pour la paix ». Pour ça, les négociateurs ont été récompensés par des boulots de premier plan et des villas à Abu Dis ou Jéricho ; pendant ce temps, la question de la Palestine, dont Jérusalem et le droit au retour, pouvait aller au diable.
C’est le vrai problème et le scandale ; c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Après avoir fait preuve d’une grande patience pendant 18 années stériles depuis le désastre d’Oslo, il est temps que les réfugiés palestiniens aient leur propre révolution.
Après la mort de Yasser Arafat, qui a tenu bon sur les constantes des droits palestiniens en dépit de nombreuses erreurs et de la corruption de ses proches, nous sommes coincés avec un groupe dont l’ennemi israélien ne trouve même pas qu’il vaille la peine d’être assassiné, comme ce fut le cas avec Abu Jihad (Khalil al-Wazir) et Abu Iyad (Salah Mesbah Khalaf) et d’autres ; en fait, les Israéliens ont certainement vu le bénéfice qu’ils tiraient de les laisser en vie. Ainsi, l’Autorité palestinienne de Vichy a conduit sa mission principale comme un sous-traitant pour Israël ; c’était moins coûteux que les mercenaires de Blackwater et plus réactif.
Tellement réactif, en fait, que nous découvrons ce qui suit : la question centrale pour les Palestiniens, le droit au retour des réfugiés, a été retirée de l’ordre du jour, et mise en réserve comme « épouvantail » potentiel dans les discussions. Les fuites d’al-Jazeera révèlent que le négociateur en chef Saeb Erekat (qui vient de dire à la BBC qu’il démissionnait) a dit que l’offre palestinienne à Israël était de donner aux réfugiés l’option d’un retour symbolique en Palestine, alors qu’en réalité seuls quelques milliers pourraient le faire, ou un changement d’exil, par exemple d’Argentine au Chili, ou un déménagement du camp de réfugiés d’Ein El Hilweh au Liban à celui de Balata, en Cisjordanie. Le premier axiome dans le cœur de chaque Palestinien, et dans le droit international, est que le droit au retour pour les Palestiniens n’est réalisé que par le retour des réfugiés « sur la terre ou dans les maisons ou dans les endroits d’où ils, ou leurs familles, ont été expulsés en 1948 et où ils n’ont pas été autorisés à revenir. »
Cette option du négociateur est un gadget. Le droit au retour est un droit individuel inaliénable qui ne peut être négocié ; chaque réfugié a le droit d’en user dès que possible car il n’a pas de date de péremption. L’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme le droit de chacun à quitter son pays et à y revenir ; il n’est soumis à aucun accord ou négociation internationaux et personne ne peut l’annuler.
La suggestion que Jérusalem et la Vieille Ville pourraient être abandonnées est impardonnable, même si parée de pseudo-respectabilité par un comité international qui gèrerait le Noble Sanctuaire. Si le droit international a refusé un tel concept, comment ceux qui disent représenter le peuple de cette Terre sainte peuvent-ils l’accepter ?
Pour ce qui concerne l’échange de terre, c’est un péché national, juridique et géographique. De toute façon, Israël n’est pas propriétaire de la terre qu’il a occupée en 1948 à l’ouest de la ligne d’armistice, alors comment peut-il proposer de l’échanger avec de la terre à l’est de la ligne d’armistice qu’il a occupée en 1967 et qui ne lui appartient pas ? L’échange de terre est une violation flagrante de la Charte nationale palestinienne qui stipule que la terre de Palestine est une et indivisible. Ironiquement, le mandat de la Société des Nations lui-même exige que la Palestine reste indivisible. Les négociateurs palestiniens sont-ils moins patriotes que les Britanniques qui ont autorisé l’immigration en masse de Juifs en Palestine avant 1948 ? Si le côté israélien décide d’accepter l’offre palestinienne, l’Autorité palestinienne organisera-t-elle un référendum sur la division illégale de la terre ? Et si la population de Palestine refuse l’échange proposé, ce qui est pratiquement certain à condition que le référendum ne soit pas truqué, quelle sera la position internationale ?
L’Organisation de Libération de la Palestine et le Conseil national palestinien, qui choisit les dirigeants de l’OLP, sont les plus importantes réalisations du peuple palestinien. Nous n’avons gagné aucune guerre, malgré le sacrifice de milliers de vies, et pourtant nous avons gagné la reconnaissance mondiale. Mais ceux qui sont assis dans les fauteuils de l’OLP et du CNP depuis un quart de siècle ne représentent plus les 11 millions de Palestiniens du monde, dont la moitié est née après le désastre d’Oslo, et les trois-quarts vivent en diaspora. Seuls 18% des Palestiniens vivent sous le régime policier de l’Autorité palestinienne, qui surveille chacun de leurs faits et gestes au cas où ils songeraient à résister à l’occupation d’Israël, et coupe leurs moyens de subsistance s’ils s’opposent aux décisions de l’AP.
L’Autorité palestinienne a tellement enflé qu’elle a englouti l’OLP et l’a laissée en place pour donner un vernis de légitimité si besoin. Quelques institutions palestiniennes précèdent l’AP, telles l’éducation, la santé et les municipalités. Celles qui ont été créées par l’Autorité, telles les forces de sécurité, les équipes de négociation politique et les services de relations publiques/médias, sont payées (par) et sous influence de l’occupation israélienne et des Etats Unis, avec le soutien de l’Union Européenne.
L’ensemble de l’Autorité palestinienne et ses opérations doivent être placées dans le contexte ; pour comprendre pourquoi elles posent tellement d’inquiétude, nous devons considérer les racines des problèmes qu’elle est censée résoudre.
L’occupation de la Palestine n’a pas commencé en 1967 ; elle a débuté en 1948, avec la Nakba (la Catastrophe) de la création de l’Etat d’Israël et le début du nettoyage ethnique en Palestine. Le premier objectif des réfugiés, qui représentent maintenant les trois quarts de l’ensemble des Palestiniens, était de revenir dans leur patrie. En 1950, la première conférence sur les réfugiés a eu lieu dans la Bande de Gaza, la seule partie de Palestine qui n’était pas sous occupation israélienne ni annexion jordanienne ; la priorité était de revenir au pays grâce un programme national visant à inclure la résistance et la représentation populaire des réfugiés, plus un système d’éducation nationale. Il en est résulté la formation du « Comité exécutif de la conférence des réfugiés », qui représentait les réfugiés jusqu’à la création de l’OLP en 1964. C’est-ce Comité qui a créé le premier Conseil législatif à Gaza au début des années 60, et a envoyé sa première délégation de réfugiés aux Nations Unies en 1961.
Dans les années qui ont suivi la Nakba, l’aide étrangère n’avait aucune raison d’abandonner les droits fondamentaux, avec des pots-de-vin directs ou indirects, pas plus qu’il n’était nécessaire de faire la leçon aux réfugiés sur les réalités politiques, comme c’est le cas aujourd’hui. Les premiers réfugiés mettaient le feu aux entrepôts de l’aide alimentaire de l’UNRWA lorsque l’aide étrangère était offerte en échange de l’abandon de leur patrie. Ils étaient autrement décidés, à l’époque.
Il n’était donc pas surprenant qu’après la longue route du mouvement national qui s’est terminée de façon tragique avec les Accords d’Oslo, le mouvement pour le droit au retour revienne en force. Aujourd’hui, c’est une force majeure et très efficace dans les capitales étrangères dans le monde entier, y compris dans quelques pays arabes, avec environ un million de membres actifs représentant sept millions de réfugiés.
Ce chiffre du nombre de réfugiés comprend ceux qui ont été déplacés en Palestine en 1948 et qui sont restés dans leur propre pays, qui est appelé maintenant Israël, et qui demeurent partie intégrante du peuple palestinien ; leurs dirigeants languissent dans les prisons israéliennes. Bien qu’ils aient été des acteurs clé dans la campagne pour le droit au retour, l’OLP, malheureusement, les ignore et les exclut des « négociations » avec les autorités d’occupation israélienne. L’organisation aurait dû prêter attention aux premiers signes de négligence de la question des réfugiés pendant les négociations, dans lesquelles elle s’est fait remarquer par son absence totale dans les discussions.
Pendant les conférences internationales parrainées par le Canada à la fin des années 90 (j’ai participé moi-même à certaines d’entre elles), les défenseurs du droit au retour étaient des individus et des groupes nationaux, ils étaient contre les Israéliens et contre certaines personnes nommées par l’Autorité palestinienne, dont certaines sont encore en poste aujourd’hui. Ceux qui étaient restés dans l’ancien Conseil national palestinien auraient dû mettre un terme à cette situation dès le début, mais le fardeau a été mis sur les comités populaires pour le droit au retour, qui ont joué un grand rôle partout où se trouvait la diaspora palestinienne.
Revenir aux racines du problème est devenu une urgente nécessité après 18 ans de tromperie d’Oslo et la perte de près d’un quart de siècle dans une lutte nationale qui a produit des institutions nationales qui n’ont pour le peuple aucune crédibilité.
Il faut qu’il y ait maintenant une révolution du peuple, animée par ceux qui ont toujours les clés de leurs maisons en Palestine occupée, d’où ils ont été expulsés en 1948. Ils sont les propriétaires légitimes de la terre sur laquelle Israël est bâti et c’est eux qui souffrent de la perte de leurs maisons et de leurs proches qui sont devenus martyrs dans la lutte pour la justice.
Nous, les réfugiés palestiniens, appelons donc à ce qui suit :
1. Le limogeage immédiat de leurs postes des négociateurs d’Oslo discrédités, et une claire délégitimation de leurs accords, actions et déclarations antérieurs.
2. Une nouvelle conférence pour les « détenteurs des clés » et leurs représentants du monde entier pour défendre leur patrie de Palestine et créer un « Conseil des Réfugiés ».
3. L’actuel Conseil national palestinien, qui manque de légitimité en vertu des faits et de son incapacité à jouer le moindre rôle au cours des deux dernières décennies, doit se réunir et s’auto-dissoudre avant l’élection d’un nouveau Conseil national représentant tous les Palestiniens où qu’ils soient (y compris ceux qui résident dans les territoires palestiniens occupés en 1948, qui devrait bénéficier de dispositions particulières), avec un engagement vis-à-vis de la Charte nationale palestinienne originelle. Il est inacceptable que les autorités actuelles fassent obstruction à une Commission préparatoire aux élections, ou qu’ils prétendent que de telles élections sont difficiles voire impossibles parce qu’ils ne peuvent pas localiser tous les Palestiniens. Ce sont de piètres excuses qui visent à perpétuer le statu quo inacceptable.
4. Le nouveau Conseil national doit créer un tribunal national pour demander des comptes à tous ceux qui, depuis les Accords d’Oslo, ont joué un rôle dans la violation des questions nationales fondamentales, la collaboration avec les Israéliens et la corruption politique et financière.
Les Comités pour le droit au retour dans le monde ont appelé à un programme politique pour inclure les points mentionnés ci-dessus. Il est demandé à tous les réfugiés palestiniens intéressés d’envoyer un message à la Conférence pour le droit au retour ; aucun droit n’est perdu tant que des gens l’exigent et en ont besoin.
C’est le vrai problème et le scandale ; c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Après avoir fait preuve d’une grande patience pendant 18 années stériles depuis le désastre d’Oslo, il est temps que les réfugiés palestiniens aient leur propre révolution.
Après la mort de Yasser Arafat, qui a tenu bon sur les constantes des droits palestiniens en dépit de nombreuses erreurs et de la corruption de ses proches, nous sommes coincés avec un groupe dont l’ennemi israélien ne trouve même pas qu’il vaille la peine d’être assassiné, comme ce fut le cas avec Abu Jihad (Khalil al-Wazir) et Abu Iyad (Salah Mesbah Khalaf) et d’autres ; en fait, les Israéliens ont certainement vu le bénéfice qu’ils tiraient de les laisser en vie. Ainsi, l’Autorité palestinienne de Vichy a conduit sa mission principale comme un sous-traitant pour Israël ; c’était moins coûteux que les mercenaires de Blackwater et plus réactif.
Tellement réactif, en fait, que nous découvrons ce qui suit : la question centrale pour les Palestiniens, le droit au retour des réfugiés, a été retirée de l’ordre du jour, et mise en réserve comme « épouvantail » potentiel dans les discussions. Les fuites d’al-Jazeera révèlent que le négociateur en chef Saeb Erekat (qui vient de dire à la BBC qu’il démissionnait) a dit que l’offre palestinienne à Israël était de donner aux réfugiés l’option d’un retour symbolique en Palestine, alors qu’en réalité seuls quelques milliers pourraient le faire, ou un changement d’exil, par exemple d’Argentine au Chili, ou un déménagement du camp de réfugiés d’Ein El Hilweh au Liban à celui de Balata, en Cisjordanie. Le premier axiome dans le cœur de chaque Palestinien, et dans le droit international, est que le droit au retour pour les Palestiniens n’est réalisé que par le retour des réfugiés « sur la terre ou dans les maisons ou dans les endroits d’où ils, ou leurs familles, ont été expulsés en 1948 et où ils n’ont pas été autorisés à revenir. »
Cette option du négociateur est un gadget. Le droit au retour est un droit individuel inaliénable qui ne peut être négocié ; chaque réfugié a le droit d’en user dès que possible car il n’a pas de date de péremption. L’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme le droit de chacun à quitter son pays et à y revenir ; il n’est soumis à aucun accord ou négociation internationaux et personne ne peut l’annuler.
La suggestion que Jérusalem et la Vieille Ville pourraient être abandonnées est impardonnable, même si parée de pseudo-respectabilité par un comité international qui gèrerait le Noble Sanctuaire. Si le droit international a refusé un tel concept, comment ceux qui disent représenter le peuple de cette Terre sainte peuvent-ils l’accepter ?
Pour ce qui concerne l’échange de terre, c’est un péché national, juridique et géographique. De toute façon, Israël n’est pas propriétaire de la terre qu’il a occupée en 1948 à l’ouest de la ligne d’armistice, alors comment peut-il proposer de l’échanger avec de la terre à l’est de la ligne d’armistice qu’il a occupée en 1967 et qui ne lui appartient pas ? L’échange de terre est une violation flagrante de la Charte nationale palestinienne qui stipule que la terre de Palestine est une et indivisible. Ironiquement, le mandat de la Société des Nations lui-même exige que la Palestine reste indivisible. Les négociateurs palestiniens sont-ils moins patriotes que les Britanniques qui ont autorisé l’immigration en masse de Juifs en Palestine avant 1948 ? Si le côté israélien décide d’accepter l’offre palestinienne, l’Autorité palestinienne organisera-t-elle un référendum sur la division illégale de la terre ? Et si la population de Palestine refuse l’échange proposé, ce qui est pratiquement certain à condition que le référendum ne soit pas truqué, quelle sera la position internationale ?
L’Organisation de Libération de la Palestine et le Conseil national palestinien, qui choisit les dirigeants de l’OLP, sont les plus importantes réalisations du peuple palestinien. Nous n’avons gagné aucune guerre, malgré le sacrifice de milliers de vies, et pourtant nous avons gagné la reconnaissance mondiale. Mais ceux qui sont assis dans les fauteuils de l’OLP et du CNP depuis un quart de siècle ne représentent plus les 11 millions de Palestiniens du monde, dont la moitié est née après le désastre d’Oslo, et les trois-quarts vivent en diaspora. Seuls 18% des Palestiniens vivent sous le régime policier de l’Autorité palestinienne, qui surveille chacun de leurs faits et gestes au cas où ils songeraient à résister à l’occupation d’Israël, et coupe leurs moyens de subsistance s’ils s’opposent aux décisions de l’AP.
L’Autorité palestinienne a tellement enflé qu’elle a englouti l’OLP et l’a laissée en place pour donner un vernis de légitimité si besoin. Quelques institutions palestiniennes précèdent l’AP, telles l’éducation, la santé et les municipalités. Celles qui ont été créées par l’Autorité, telles les forces de sécurité, les équipes de négociation politique et les services de relations publiques/médias, sont payées (par) et sous influence de l’occupation israélienne et des Etats Unis, avec le soutien de l’Union Européenne.
L’ensemble de l’Autorité palestinienne et ses opérations doivent être placées dans le contexte ; pour comprendre pourquoi elles posent tellement d’inquiétude, nous devons considérer les racines des problèmes qu’elle est censée résoudre.
L’occupation de la Palestine n’a pas commencé en 1967 ; elle a débuté en 1948, avec la Nakba (la Catastrophe) de la création de l’Etat d’Israël et le début du nettoyage ethnique en Palestine. Le premier objectif des réfugiés, qui représentent maintenant les trois quarts de l’ensemble des Palestiniens, était de revenir dans leur patrie. En 1950, la première conférence sur les réfugiés a eu lieu dans la Bande de Gaza, la seule partie de Palestine qui n’était pas sous occupation israélienne ni annexion jordanienne ; la priorité était de revenir au pays grâce un programme national visant à inclure la résistance et la représentation populaire des réfugiés, plus un système d’éducation nationale. Il en est résulté la formation du « Comité exécutif de la conférence des réfugiés », qui représentait les réfugiés jusqu’à la création de l’OLP en 1964. C’est-ce Comité qui a créé le premier Conseil législatif à Gaza au début des années 60, et a envoyé sa première délégation de réfugiés aux Nations Unies en 1961.
Dans les années qui ont suivi la Nakba, l’aide étrangère n’avait aucune raison d’abandonner les droits fondamentaux, avec des pots-de-vin directs ou indirects, pas plus qu’il n’était nécessaire de faire la leçon aux réfugiés sur les réalités politiques, comme c’est le cas aujourd’hui. Les premiers réfugiés mettaient le feu aux entrepôts de l’aide alimentaire de l’UNRWA lorsque l’aide étrangère était offerte en échange de l’abandon de leur patrie. Ils étaient autrement décidés, à l’époque.
Il n’était donc pas surprenant qu’après la longue route du mouvement national qui s’est terminée de façon tragique avec les Accords d’Oslo, le mouvement pour le droit au retour revienne en force. Aujourd’hui, c’est une force majeure et très efficace dans les capitales étrangères dans le monde entier, y compris dans quelques pays arabes, avec environ un million de membres actifs représentant sept millions de réfugiés.
Ce chiffre du nombre de réfugiés comprend ceux qui ont été déplacés en Palestine en 1948 et qui sont restés dans leur propre pays, qui est appelé maintenant Israël, et qui demeurent partie intégrante du peuple palestinien ; leurs dirigeants languissent dans les prisons israéliennes. Bien qu’ils aient été des acteurs clé dans la campagne pour le droit au retour, l’OLP, malheureusement, les ignore et les exclut des « négociations » avec les autorités d’occupation israélienne. L’organisation aurait dû prêter attention aux premiers signes de négligence de la question des réfugiés pendant les négociations, dans lesquelles elle s’est fait remarquer par son absence totale dans les discussions.
Pendant les conférences internationales parrainées par le Canada à la fin des années 90 (j’ai participé moi-même à certaines d’entre elles), les défenseurs du droit au retour étaient des individus et des groupes nationaux, ils étaient contre les Israéliens et contre certaines personnes nommées par l’Autorité palestinienne, dont certaines sont encore en poste aujourd’hui. Ceux qui étaient restés dans l’ancien Conseil national palestinien auraient dû mettre un terme à cette situation dès le début, mais le fardeau a été mis sur les comités populaires pour le droit au retour, qui ont joué un grand rôle partout où se trouvait la diaspora palestinienne.
Revenir aux racines du problème est devenu une urgente nécessité après 18 ans de tromperie d’Oslo et la perte de près d’un quart de siècle dans une lutte nationale qui a produit des institutions nationales qui n’ont pour le peuple aucune crédibilité.
Il faut qu’il y ait maintenant une révolution du peuple, animée par ceux qui ont toujours les clés de leurs maisons en Palestine occupée, d’où ils ont été expulsés en 1948. Ils sont les propriétaires légitimes de la terre sur laquelle Israël est bâti et c’est eux qui souffrent de la perte de leurs maisons et de leurs proches qui sont devenus martyrs dans la lutte pour la justice.
Nous, les réfugiés palestiniens, appelons donc à ce qui suit :
1. Le limogeage immédiat de leurs postes des négociateurs d’Oslo discrédités, et une claire délégitimation de leurs accords, actions et déclarations antérieurs.
2. Une nouvelle conférence pour les « détenteurs des clés » et leurs représentants du monde entier pour défendre leur patrie de Palestine et créer un « Conseil des Réfugiés ».
3. L’actuel Conseil national palestinien, qui manque de légitimité en vertu des faits et de son incapacité à jouer le moindre rôle au cours des deux dernières décennies, doit se réunir et s’auto-dissoudre avant l’élection d’un nouveau Conseil national représentant tous les Palestiniens où qu’ils soient (y compris ceux qui résident dans les territoires palestiniens occupés en 1948, qui devrait bénéficier de dispositions particulières), avec un engagement vis-à-vis de la Charte nationale palestinienne originelle. Il est inacceptable que les autorités actuelles fassent obstruction à une Commission préparatoire aux élections, ou qu’ils prétendent que de telles élections sont difficiles voire impossibles parce qu’ils ne peuvent pas localiser tous les Palestiniens. Ce sont de piètres excuses qui visent à perpétuer le statu quo inacceptable.
4. Le nouveau Conseil national doit créer un tribunal national pour demander des comptes à tous ceux qui, depuis les Accords d’Oslo, ont joué un rôle dans la violation des questions nationales fondamentales, la collaboration avec les Israéliens et la corruption politique et financière.
Les Comités pour le droit au retour dans le monde ont appelé à un programme politique pour inclure les points mentionnés ci-dessus. Il est demandé à tous les réfugiés palestiniens intéressés d’envoyer un message à la Conférence pour le droit au retour ; aucun droit n’est perdu tant que des gens l’exigent et en ont besoin.