Par Rachel Corrie Foundation
(Haïfa, Israël, 7 octobre 2010) – Jeudi, le tribunal de district d’Haïfa a accordé une demande du gouvernement et a autorisé les soldats à témoigner derrière un écran dans le procès intenté par la famille de Rachel Corrie contre l’Etat d’Israël pour son meurtre illégal à Rafah, Gaza.
L’autorisation concerne, entre autres, le conducteur du bulldozer qui a tué Rachel et qui doit témoigner plus tard ce mois-ci. Cependant, le juge Oded Gershon a statué que tant le commandant de l’unité que le second soldat qui se trouvait dans le bulldozer qui a écrasé Rachel témoigneraient à découvert parce que leurs visages étaient déjà connus du public.
Rachel Corrie, étudiante américaine et militante des droits de l’homme originaire d’Olympia, Washington, est morte écrasée par un bulldozer Caterpillar D9R le 16 mars 2003, alors qu’elle protestait pacifiquement contre la démolition de maisons palestiniennes avec d’autres membres de l’International Solidarity Movement (ISM).
En demandant des mesures protectrices très inhabituelles, les procureurs ont fait valoir qu’elles étaient nécessaires pour protéger la sécurité des soldats et empêcher que leurs images ne circulent. Ils ont fondé leur demande sur un certificat de sécurité de portée étendue délivré par le ministre de la défense Ehud Barak en 2008, mais qui ne fournissait pas d’éléments concrets qui les rassurent quant à la sûreté et à la sécurité des soldats.
Les avocats de Corrie se sont opposés à la motion, arguant qu’autoriser les soldats à témoigner derrière un écran enfreignait le droit à un procès public, équitable et transparent. Ils ont demandé le rejet de la demande, déposée seulement 48 heures avant le témoignage du premier soldat. Par ailleurs, les avocats ont demandé au tribunal d’autoriser la famille à voir les témoins même si le public ne le pouvait pas, mais leur requête a été refusée. Les avocats de la famille Corrie envisagent de faire appel de la décision devant la Cour suprême d’Israël.
« Alors que Rachel se tenait devant un mur pour protéger les deux familles blotties derrière lui, l’Etat met maintenant les soldats derrière un mur qui nous empêche de les voir, » a dit Cindy Corrie, la mère de Rachel. « L’Etat d’Israël se cache depuis plus de sept ans. Où est la justice ? »
Le premier soldat à témoigner sous les nouvelles mesures exceptionnelles fut le commandant du second bulldozer. Connu du tribunal sous les initiales A.S., la voix assourdie derrière l’écran, il a dit au tribunal qu’il n’avait pas vu l’autre bulldozer toucher Rachel et qu’il ne souvenait pas bien de cette journée.
Contrairement à sa déposition détaillée signée il y a moins de huit semaines, A.S. a dit qu’il ne savait pas comment Rachel avait été blessée ; qu’il ne savait pas à quelle distance le bulldozer s’était approché de Rachel et qu’il n’avait aucune idée de la hauteur et de la largeur du monticule de terre que le bulldozer était en train de pousser.
Le chef de l’Unité d’enquêtes spéciales de la police militaire, Shalom Michaeli, a également témoigné jeudi. C’est lui qui a supervisé l’enquête sur le meurtre de Rachel. Il a dit au tribunal qu’il s’en tenait à son enquête de 2003 et qu’il ne voyait aucun motif à poursuites.
Michaeli a également été chargé de l’enquête sur le meurtre de Iman al-Hams, la jeune écolière de 13 ans de Gaza qui avait été tuée par les tirs d’un soldat israélien à Rafah alors qu’elle gisait par terre en octobre 2004. Une enquête interne de la police militaire a par la suite trouvé d’importantes défaillances dans l’enquête de Michaeli, disant qu’elle avait été conduite avec négligence et manque de professionnalisme. Le soldat qui a tué al-Hams a été traduit en cour martiale mais par la suite acquitté – en partie à cause de cette enquête bâclée.
Le contre-interrogatoire de Michaeli a révélé des négligences similaires dans l’enquête Corrie. Ces négligences étayent l’affirmation de la famille qu’il y a eu négligence du gouvernement en autorisant des soldats et leurs commandants à agir imprudemment en utilisant des bulldozers militaires blindés sans tenir compte de la présence de civils.
- Michaeli a dit qu’il n’avait ordonné qu’une transcription partielle des transmissions parce qu’il n’avait pas pensé qu’il était important de les retranscrire en totalité.
- Il a dit qu’il n’était pas allé sur les lieux du meurtre de Rachel parce que c’était dangereux, que le terrain avait déjà été modifié et les véhicules enlevés par l’armée israélienne. Il a reconnu qu’il aurait pu aller sur les lieux dans un véhicule blindé, mais qu’il a choisi de ne pas le faire.
- Michaeli a attesté dans sa déclaration écrite sous serment que lorsqu’il a inspecté le bulldozer, il n’a trouvé aucune trace de sang ou autre preuve que le véhicule avait blessé quelqu’un. Toutefois, témoignant devant la cour, il a dit que le bulldozer pouvait avoir été nettoyé « ou même repeint » avant qu’il l’inspecte.
- Michaeli a dit qu’il savait, avant l’ouverture de l’enquête, qu’une caméra vidéo filmait le secteur 24h/24. Mais il n’a réussi à avoir la bande que le 23 mars, une semaine après l’incident, parce que des gradés l’avaient prise. Quand on lui a demandé pourquoi il n’avait pas interrogé l’opérateur vidéo, qui avait fait un panoramique des lieux quelques minutes avant que Rachel soit tuée, il a dit qu’il n’avait pas pensé que c’était pertinent.
- Quand on lui a demandé s’il avait interrogé les équipes de conducteurs de bulldozer au sujet d’un manuel militaire israélien sur les conflits à basse intensité qui déclare que les bulldozers ne doivent pas fonctionner près des gens, Michaeli a dit que les manuels n’étaient pas pertinents. Il a ajouté qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que les conducteurs de bulldozer suivent de telles procédures, dans cette zone. Il a continué en disant qu’il croyait que l’armée israélienne était « en guerre » avec quiconque sur la zone, y compris les activistes pacifiques d’ISM.
Michaeli dirige toujours l’Unité d’enquêtes spéciales de la police militaire, mais il a depuis eu une promotion, il est passé de sergent major à adjudant.
« Aujourd’hui, j’ai été frappé par les manquements de l’enquêteur principal, son incapacité à chercher des preuves, à obtenir des preuves, à résoudre des preuves contradictoires, et à présenter ces éléments de preuve au tribunal, » a dit Craig Corrie, le père de Rachel. « On est loin de ce que le gouvernement d’Israël nous a promis, à nous et au gouvernement des Etats-Unis, quand Rachel a été tuée et nous n’accepterons pas ça. »
Des représentants de l’ambassade des Etats Unis ont suivi l’audience de jeudi, comme ils ont assisté à toutes les audiences du procès.
Prochaines audiences : 17, 18 et 21 octobre 2010, entre 9h et 16h, devant le juge Oded Gershon, Tribunal de district d’Haïfa, 12 Palyam St., Haïfa, Israël.
Pour voir les changements d'horaires et vous inscrire pour recevoir les prochains communiqués de presse, consultez www.rachelcorriefoundation.org.
Pour toute demande de renseignements, contactez :
Stacy Sullivan
stacy@rachelcorriefoundation.org
Tel (Israel): 972-52-952-2143
7 octobre 2010
Rachel Corrie, étudiante américaine et militante des droits de l’homme originaire d’Olympia, Washington, est morte écrasée par un bulldozer Caterpillar D9R le 16 mars 2003, alors qu’elle protestait pacifiquement contre la démolition de maisons palestiniennes avec d’autres membres de l’International Solidarity Movement (ISM).
En demandant des mesures protectrices très inhabituelles, les procureurs ont fait valoir qu’elles étaient nécessaires pour protéger la sécurité des soldats et empêcher que leurs images ne circulent. Ils ont fondé leur demande sur un certificat de sécurité de portée étendue délivré par le ministre de la défense Ehud Barak en 2008, mais qui ne fournissait pas d’éléments concrets qui les rassurent quant à la sûreté et à la sécurité des soldats.
Les avocats de Corrie se sont opposés à la motion, arguant qu’autoriser les soldats à témoigner derrière un écran enfreignait le droit à un procès public, équitable et transparent. Ils ont demandé le rejet de la demande, déposée seulement 48 heures avant le témoignage du premier soldat. Par ailleurs, les avocats ont demandé au tribunal d’autoriser la famille à voir les témoins même si le public ne le pouvait pas, mais leur requête a été refusée. Les avocats de la famille Corrie envisagent de faire appel de la décision devant la Cour suprême d’Israël.
« Alors que Rachel se tenait devant un mur pour protéger les deux familles blotties derrière lui, l’Etat met maintenant les soldats derrière un mur qui nous empêche de les voir, » a dit Cindy Corrie, la mère de Rachel. « L’Etat d’Israël se cache depuis plus de sept ans. Où est la justice ? »
Le premier soldat à témoigner sous les nouvelles mesures exceptionnelles fut le commandant du second bulldozer. Connu du tribunal sous les initiales A.S., la voix assourdie derrière l’écran, il a dit au tribunal qu’il n’avait pas vu l’autre bulldozer toucher Rachel et qu’il ne souvenait pas bien de cette journée.
Contrairement à sa déposition détaillée signée il y a moins de huit semaines, A.S. a dit qu’il ne savait pas comment Rachel avait été blessée ; qu’il ne savait pas à quelle distance le bulldozer s’était approché de Rachel et qu’il n’avait aucune idée de la hauteur et de la largeur du monticule de terre que le bulldozer était en train de pousser.
Le chef de l’Unité d’enquêtes spéciales de la police militaire, Shalom Michaeli, a également témoigné jeudi. C’est lui qui a supervisé l’enquête sur le meurtre de Rachel. Il a dit au tribunal qu’il s’en tenait à son enquête de 2003 et qu’il ne voyait aucun motif à poursuites.
Michaeli a également été chargé de l’enquête sur le meurtre de Iman al-Hams, la jeune écolière de 13 ans de Gaza qui avait été tuée par les tirs d’un soldat israélien à Rafah alors qu’elle gisait par terre en octobre 2004. Une enquête interne de la police militaire a par la suite trouvé d’importantes défaillances dans l’enquête de Michaeli, disant qu’elle avait été conduite avec négligence et manque de professionnalisme. Le soldat qui a tué al-Hams a été traduit en cour martiale mais par la suite acquitté – en partie à cause de cette enquête bâclée.
Le contre-interrogatoire de Michaeli a révélé des négligences similaires dans l’enquête Corrie. Ces négligences étayent l’affirmation de la famille qu’il y a eu négligence du gouvernement en autorisant des soldats et leurs commandants à agir imprudemment en utilisant des bulldozers militaires blindés sans tenir compte de la présence de civils.
- Michaeli a dit qu’il n’avait ordonné qu’une transcription partielle des transmissions parce qu’il n’avait pas pensé qu’il était important de les retranscrire en totalité.
- Il a dit qu’il n’était pas allé sur les lieux du meurtre de Rachel parce que c’était dangereux, que le terrain avait déjà été modifié et les véhicules enlevés par l’armée israélienne. Il a reconnu qu’il aurait pu aller sur les lieux dans un véhicule blindé, mais qu’il a choisi de ne pas le faire.
- Michaeli a attesté dans sa déclaration écrite sous serment que lorsqu’il a inspecté le bulldozer, il n’a trouvé aucune trace de sang ou autre preuve que le véhicule avait blessé quelqu’un. Toutefois, témoignant devant la cour, il a dit que le bulldozer pouvait avoir été nettoyé « ou même repeint » avant qu’il l’inspecte.
- Michaeli a dit qu’il savait, avant l’ouverture de l’enquête, qu’une caméra vidéo filmait le secteur 24h/24. Mais il n’a réussi à avoir la bande que le 23 mars, une semaine après l’incident, parce que des gradés l’avaient prise. Quand on lui a demandé pourquoi il n’avait pas interrogé l’opérateur vidéo, qui avait fait un panoramique des lieux quelques minutes avant que Rachel soit tuée, il a dit qu’il n’avait pas pensé que c’était pertinent.
- Quand on lui a demandé s’il avait interrogé les équipes de conducteurs de bulldozer au sujet d’un manuel militaire israélien sur les conflits à basse intensité qui déclare que les bulldozers ne doivent pas fonctionner près des gens, Michaeli a dit que les manuels n’étaient pas pertinents. Il a ajouté qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que les conducteurs de bulldozer suivent de telles procédures, dans cette zone. Il a continué en disant qu’il croyait que l’armée israélienne était « en guerre » avec quiconque sur la zone, y compris les activistes pacifiques d’ISM.
Michaeli dirige toujours l’Unité d’enquêtes spéciales de la police militaire, mais il a depuis eu une promotion, il est passé de sergent major à adjudant.
« Aujourd’hui, j’ai été frappé par les manquements de l’enquêteur principal, son incapacité à chercher des preuves, à obtenir des preuves, à résoudre des preuves contradictoires, et à présenter ces éléments de preuve au tribunal, » a dit Craig Corrie, le père de Rachel. « On est loin de ce que le gouvernement d’Israël nous a promis, à nous et au gouvernement des Etats-Unis, quand Rachel a été tuée et nous n’accepterons pas ça. »
Des représentants de l’ambassade des Etats Unis ont suivi l’audience de jeudi, comme ils ont assisté à toutes les audiences du procès.
Prochaines audiences : 17, 18 et 21 octobre 2010, entre 9h et 16h, devant le juge Oded Gershon, Tribunal de district d’Haïfa, 12 Palyam St., Haïfa, Israël.
Pour voir les changements d'horaires et vous inscrire pour recevoir les prochains communiqués de presse, consultez www.rachelcorriefoundation.org.
Pour toute demande de renseignements, contactez :
Stacy Sullivan
stacy@rachelcorriefoundation.org
Tel (Israel): 972-52-952-2143
7 octobre 2010
Traduction : MR pour ISM