samedi 9 octobre 2010
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L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a mis en garde Israël contre toute récupération politique de la conférence sur le tourisme que ce club de pays riches a prévu d’organiser à Jérusalem du 20 au 22 octobre prochain.
Dans un courrier à la tonalité plutôt ferme, daté du 7 octobre et que Le Monde s’est procuré, le secrétaire général de l’OCDE, le Mexicain Angel Gurria a fait part à Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, de sa "surprise" et de sa "préoccupation" face aux récentes déclarations de Stas Misezhnikov, le ministre israélien du tourisme.
Dans l’édition du 5 octobre du quotidien Haaretz, ce cadre du parti de droite radicale, Israël Beitenu, avait estimé que le choix de la ville sainte pour la tenue de la conférence constituait "une déclaration d’intention et un sceau d’approbation vis-à-vis du fait que nous avons un Etat dont la capitale reconnue est Jérusalem". Des propos que le patron de l’OCDE qualifie d’"erronés et d’inacceptables".
De fait aucun pays au monde ne considère Jérusalem comme la capitale de l’Etat juif, comme le prouve le fait que la totalité ou presque des ambassades étrangères sont implantées à Tel Aviv. De cette façon, la communauté internationale manifeste son refus de l’occupation et de l’annexion de Jérusalem-est, la partie arabe de la ville, conquise en 1967 par Israël durant la Guerre des Six-Jours et dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.
"De telles déclarations (…) vont à l’encontre de notre objectif commun qui consiste à réussir cette conférence et à poursuivre l’intégration en douceur d’Israël dans le fonctionnement de l’Organisation, écrit Angel Gurria dans sa lettre à Nétanyahou. Elles rendent également plus difficiles la tenue en Israël d’autres réunions." Le secrétaire générale de l’OCDE termine son courrier sur un commandement à peine voilé à l’intention de Stas Misezhnikov : "Afin de poursuivre la préparation de la conférence sur les bases actuelles, le ministre du tourisme devrait corriger les erreurs de perception qu’il a créées et replacer la conférence dans une perspective appropriée."
Au siège de l’OCDE, à Paris, on redoute que les propos de Misezhnikov ne fassent dérailler une conférence qui suscite la controverse depuis que son emplacement a été annoncé au mois de juin dernier. La direction palestinienne qui avait déjà tenté un mois plus tôt de s’opposer à l’entrée d’Israël dans cette institution, avait aussitôt protesté. "Il serait problématique pour l’OCDE d’accueillir un tel événement tant que les négociations entre Israéliens et Palestiniens sur le statut de Jérusalem n’ont pas abouti", écrivait le ministre palestinien desaffaires étrangères Riad Al-Malki, dans un courrier envoyé en juin à Angel Gurria et dont Le Monde a eu connaissance. Le ministre palestinien y expliquait comment l’Etat juif a confisqué à son seul profit de nombreux sites antiques situés en Cisjordanie et comment le secteur touristique israélien a partie liée avec le mouvement de colonisation. Il concluait sa lettre en enjoignant Angel Gurria de sélectionner une autre ville, "de façon à ce que l’OCDE ne soit pas perçu comme le complice de violations du droit international à l’encontre du peuple palestinien".
Cette lettre transmise à tous les Etats membres de l’Organisation et le travail de lobbying mené depuis par l’Autorité palestinienne ont, semble-t-il, convaincu l’Espagne et le Royaume Uni de ne pas participer à la conférence, en dépit du fait qu’Israël se soit engagé à ne pas emmener les délégations à Jérusalem-est. A la faveur des propos du maladroit Misezhnikov, la direction palestinienne a de nouveau interpelé les Etats européens, membres de l’OCDE. Selon Israël, vingt et un ministres, ministres adjoints et responsables d’organisations sont attendus pour la conférence. La France devrait être représentée à un niveau technique, par une fonctionnaire du ministère du tourisme.
(Benjamin Barthe - Le Monde du 09 octobre 2010)Dans un courrier à la tonalité plutôt ferme, daté du 7 octobre et que Le Monde s’est procuré, le secrétaire général de l’OCDE, le Mexicain Angel Gurria a fait part à Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, de sa "surprise" et de sa "préoccupation" face aux récentes déclarations de Stas Misezhnikov, le ministre israélien du tourisme.
Dans l’édition du 5 octobre du quotidien Haaretz, ce cadre du parti de droite radicale, Israël Beitenu, avait estimé que le choix de la ville sainte pour la tenue de la conférence constituait "une déclaration d’intention et un sceau d’approbation vis-à-vis du fait que nous avons un Etat dont la capitale reconnue est Jérusalem". Des propos que le patron de l’OCDE qualifie d’"erronés et d’inacceptables".
De fait aucun pays au monde ne considère Jérusalem comme la capitale de l’Etat juif, comme le prouve le fait que la totalité ou presque des ambassades étrangères sont implantées à Tel Aviv. De cette façon, la communauté internationale manifeste son refus de l’occupation et de l’annexion de Jérusalem-est, la partie arabe de la ville, conquise en 1967 par Israël durant la Guerre des Six-Jours et dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.
"De telles déclarations (…) vont à l’encontre de notre objectif commun qui consiste à réussir cette conférence et à poursuivre l’intégration en douceur d’Israël dans le fonctionnement de l’Organisation, écrit Angel Gurria dans sa lettre à Nétanyahou. Elles rendent également plus difficiles la tenue en Israël d’autres réunions." Le secrétaire générale de l’OCDE termine son courrier sur un commandement à peine voilé à l’intention de Stas Misezhnikov : "Afin de poursuivre la préparation de la conférence sur les bases actuelles, le ministre du tourisme devrait corriger les erreurs de perception qu’il a créées et replacer la conférence dans une perspective appropriée."
Au siège de l’OCDE, à Paris, on redoute que les propos de Misezhnikov ne fassent dérailler une conférence qui suscite la controverse depuis que son emplacement a été annoncé au mois de juin dernier. La direction palestinienne qui avait déjà tenté un mois plus tôt de s’opposer à l’entrée d’Israël dans cette institution, avait aussitôt protesté. "Il serait problématique pour l’OCDE d’accueillir un tel événement tant que les négociations entre Israéliens et Palestiniens sur le statut de Jérusalem n’ont pas abouti", écrivait le ministre palestinien desaffaires étrangères Riad Al-Malki, dans un courrier envoyé en juin à Angel Gurria et dont Le Monde a eu connaissance. Le ministre palestinien y expliquait comment l’Etat juif a confisqué à son seul profit de nombreux sites antiques situés en Cisjordanie et comment le secteur touristique israélien a partie liée avec le mouvement de colonisation. Il concluait sa lettre en enjoignant Angel Gurria de sélectionner une autre ville, "de façon à ce que l’OCDE ne soit pas perçu comme le complice de violations du droit international à l’encontre du peuple palestinien".
Cette lettre transmise à tous les Etats membres de l’Organisation et le travail de lobbying mené depuis par l’Autorité palestinienne ont, semble-t-il, convaincu l’Espagne et le Royaume Uni de ne pas participer à la conférence, en dépit du fait qu’Israël se soit engagé à ne pas emmener les délégations à Jérusalem-est. A la faveur des propos du maladroit Misezhnikov, la direction palestinienne a de nouveau interpelé les Etats européens, membres de l’OCDE. Selon Israël, vingt et un ministres, ministres adjoints et responsables d’organisations sont attendus pour la conférence. La France devrait être représentée à un niveau technique, par une fonctionnaire du ministère du tourisme.
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