mardi 12 octobre 2010

Le Proche-Orient menacé par le statu quo

12.10.10 | 03h00
Il n’est pas surprenant que des pays n’aient retenu ou voulu retenir de la réunion du Comité arabe de suivi, que ce mois supplémentaire donné à l’Administration américaine pour tenter de sortir de l’impasse le processus de paix. Parce qu’en fait, il n’y a pas que cela dans le communiqué, la rencontre de vendredi ayant été aussi marquée par les propositions faites par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Toujours aussi appliqué depuis qu’il a pris en main le dossier des négociations avec Israël et surtout après avoir affirmé son opposition à ce que l’on appelle l’intifadha armée, Mahmoud Abbas, fort aussi du consensus palestinien en faveur de la suspension des négociations en raison de la poursuite de la colonisation, ne s’est pas contenté d’annoncer son refus et de le faire partager, et même d’obtenir un large soutien au sein de l’opinion internationale. Mahmoud  Abbas, apprend-on, a proposé des alternatives, dont la reconnaissance, par les Etats-Unis, de l’Etat palestinien aux frontières de 1967 avec El Qods-Est pour capitale.
Saeb Errekat qui en a fait état,  a souligné que «au cas où les Etats-Unis d’Amérique demandent des précédents historiques  (pour la reconnaissance de l’Etat palestinien), il est possible de citer le cas du Kosovo» dont l’indépendance, proclamée en février, en dépit de l’opposition de la Serbie, a été reconnue par les Etats-Unis. Ou encore sur «ce que font les Etats-Unis actuellement au sud du Soudan» où se déroulera, le 11 janvier prochain, un référendum d’autodétermination.
Voilà donc pour la première option, même si les deux suivantes conservent tout le cadre politique et juridique, à savoir l’Etat palestinien dans les frontières telles que définies par les instances internationales, celui là même qui avait été proclamé en novembre 1988 à Alger par le Conseil national palestinien (CNP).
Et pour le chef des négociateurs palestiniens de souligner que «si l’Administration américaine ne veut pas ou n’est pas en mesure de le faire, l’autre option consistera à recourir au Conseil de sécurité pour aboutir  à une décision qui appelle les pays membres de l’ONU à reconnaître l’Etat palestinien, dans ses frontières de 1967 avec El Qods-Est pour capitale». C’est enfin «demander à l’Assemblée générale de l’ONU que les Territoires occupés soient mis sous tutelle internationale».
Et c’est, rappelle t-on, Saeb Errekat qui appelait, au début du mois de septembre, le Premier ministre israélien à «choisir entre la colonisation et la paix». Ou la guerre devrait-on dire... C’est Saeb Errekat qui souligne comment le peuple palestinien est prêt à tout, que «toutes les maisons palestiniennes comptent un martyr, un blessé et un détenu», ajoutant que «la résistance des Palestiniens est claire sur le terrain».  
Autrement dit, ils savent ce que c’est. Il reste que la voie pacifique demeure la plus privilégiée, mais les responsables palestiniens entendent prendre le monde à témoin. Ira-t-on alors jusqu’à l’ONU, même avec un risque de voir le débat bloqué ou simplement dévoyé ? S’il y a effectivement consensus en faveur d’un Etat palestinien, très peu évoquent ses contours géographiques et politiques. Pourtant devrait-on préciser, les résolutions 242 et 338 auxquelles les Palestiniens font explicitement référence ont été adoptées par le Conseil de sécurité à l’unanimité de ses membres et qu’elles avaient été retenues par les Etats-Unis comme base de règlement lors des négociations de 1991. Une manière aussi de définir le cadre d’éventuelles négociations. Le message sera-t-il entendu ?
Mohammed Larbi
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