jeudi 14 octobre 2010

Game is over

mercredi 13 octobre 2010 - 09h:14
K. Selim - Le Quotidien d’Oran
« Je suis prêt à suspendre la colonisation de ce qui vous reste encore de terres si vous décidez de me donner une couverture politique et juridique pour mener une nouvelle épuration raciale contre les Palestiniens de 1948 qui ont échappé à celle de la Nakba ». C’est « l’offre » faite par Benyamin Netanyahu à Mahmoud Abbas !
Dans les faits, l’épuration raciale est en marche et les Palestiniens qui refuseront de prêter serment à l’Etat juif sont déjà expulsables vers le néant. Un Premier ministre israélien étant assuré de ne jamais être traité comme l’est Ahmadinejad (même quand il ne fait que constater que la terre est ronde, cela rend fous furieux les hommes politiques et les médias civilisés d’Europe et d’Amérique et très accessoirement d’Afrique), il peut donc énoncer les affirmations les plus racistes sans choquer.
Il y a quelques jours, on soulignait ici que le mois de « sursis » accordé par la Ligue arabe aux Etats-Unis était en fait un mois de réflexion donné à Mahmoud Abbas pour tirer les conclusions les plus justes d’une impasse dramatique pour les Palestiniens. M. Netanyahu, en raciste qui cherche à flatter des Israéliens encore plus racistes que lui, vient encore d’abréger le délai pour M. Abbas. Non seulement il lui est exigé, contre une suspension de la colonisation, de reconnaître Israël comme Etat juif, mais il est informé que tout accord que Netanyahu signerait avec lui serait soumis à un référendum. Donc assuré de ne jamais passer.
Le Premier ministre israélien croit surtout,– ou peut-être s’en moque-t-il totalement,– que M. Mahmoud Abbas et ses éternels négociateurs auraient trop à perdre en tant qu’individus pour ne pas faire semblant de continuer à négocier. Quand M. Abbas demande que les colonisations soient arrêtées comme préalable à la négociation, le Premier ministre israélien lui rend la tâche encore plus difficile. Impossible même.
Il n’est pas besoin pour être édifié sur les intentions de M. Netanyahu d’entendre les réactions des Turcs et des Syriens sur la proposition de reconnaissance d’un Etat juif « pur ».
Notons au passage que cette terminologie raciale ne fait pas sursauter les bonnes âmes et elle ne les amènera pas à faire campagne auprès des Etats abritant des sièges onusiens pour empêcher cet épigone de Goebbels d’y venir ; on n’a pas non plus besoin d’une appréciation du Hamas ou, encore « pire », d’Ahmadinejad.
La presse israélienne est plus éloquente. La demande faite par Netanyahu à Mahmoud Abbas est une « offre de suicide politique assisté », a écrit Haaretz. Plus gentil, le Yediot Aharonot qualifie le Premier ministre israélien de « torpilleur ».
Mahmoud Abbas doit-il pour autant craindre d’être accusé d’être responsable d’un échec des négociations ? C’est ce qu’on lui suggère, et on lui recommande de faire le « sage » et d’éviter de tomber dans le piège de la manœuvre de Netanyahu. Délicieux !
Donc, M. Netanyahu peut énoncer ouvertement une revendication raciste. Mme Ashton a évité de qualifier l’exigence mais elle a fait preuve d’un laborieux effort pour exiger, au nom des Européens, qu’Israël garantisse « pleinement l’égalité de tous (ses) citoyens (...), qu’ils soient juifs ou pas ». Et c’est à M. Abbas de ne « pas tomber dans le panneau » !
Bien sûr, même l’hyperconciliant Mahmoud Abbas n’a pas un gosier assez large pour avaler cette gigantesque couleuvre. Il a clairement dit non. C’est bien. Il lui reste à admettre qu’il n’a même pas besoin d’un mois de réflexion pour constater que, du point de vue d’Israël, il n’y a rien à négocier. Et qu’il est temps de demander aux présidents et rois arabes d’oser enfin déplaire aux Américains, qui ne sont pas loin d’approuver l’objectif d’Etat racial et raciste. Pour cela, Abbas doit dire clairement : « Game is over ».
13 octobre 2010 - Le Quotidien d’Oran - Editorial
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