mercredi 27 octobre 2010

Alternative

Face à un horizon totalement bouché, les Palestiniens cherchent leur chemin. La colonisation juive en Cisjordanie a repris de plus belle, à un rythme accéléré, quatre fois supérieur à celui d’avant la fin du moratoire, le 26 septembre dernier. Beaucoup des nouvelles constructions dans les colonies se trouvent dans des zones censées, selon quasiment tous les scénarios de paix, faire partie d’un futur Etat palestinien. Elles pourraient ainsi compliquer un peu plus la délimitation des frontières de cet Etat et le rendre encore moins viable.
La principale alternative examinée ces derniers jours par la direction palestinienne, en cas d’échec des tentatives de relancer les négociations de paix, est de recourir au Conseil de sécurité de l’Onu pour réclamer la reconnaissance d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Cette idée, évoquée il y a un an mais rapidement abandonnée, risque fort de se heurter au veto des Etats-Unis. C’est pour cette raison que le président Mahmoud Abbass a demandé aux dirigeants arabes, lors de leur dernier sommet à Syrte, d’œuvrer pour arracher une approbation américaine, ou du moins une abstention, au cas où l’affaire serait portée devant l’exécutif onusien. Une tâche difficile. Les hchefs d’Etat arabes n’ont d’ailleurs pas donné de réponse immédiate à cette requête, préférant laisser le temps à l’administration américaine de sauver le processus de paix.
Une éventuelle résolution du Conseil de sécurité, qui définissait les frontières d’un Etat palestinien, même si elle ne change pas concrètement la situation sur le terrain, améliorerait la position de l’Autorité palestinienne vis-à-vis d’Israël, accroîtrait la pression sur ce dernier, l’isolerait un peu plus sur la scène internationale et limiterait ses choix politiques et militaires.
En cas de veto américain, les Palestiniens envisagent un recours à l’Assemblée générale des Nations-Unies, dans le cadre de la résolution dite de l’« Union pour la paix », pour obtenir la reconnaissance de l’Etat palestinien. Ladite résolution, adoptée le 30 novembre 1950, étend les compétences de l’Assemblée générale en matière de maintien de la paix, lui permettant de prendre des mesures si le Conseil de sécurité ne parvient pas à une décision en raison du vote négatif d’un membre permanent. Une résolution de l’Assemblée générale sera bien entendu de moindre portée et moins contraignante pour l’Etat hébreu.
L’éventuel recours palestinien à l’Onu ne devrait cependant intervenir, s’il est adopté, qu’à la fin de la période d’un an, fixée par les Etats-Unis pour parvenir à un accord de paix palestino-israélien. L’Autorité palestinienne espère qu’à ce moment-là, et dans le cas d’un échec des négociations en raison de l’intransigeance israélienne, l’administration américaine serait plus disposée à accepter un recours à l’Onu. Le premier ministre palestinien, Salam Fayyad, aurait aussi à cette date terminé son plan de construction des institutions de l’Etat palestinien. Un élément qui devrait encourager plusieurs gouvernements à accepter de franchir une nouvelle étape dans le soutien aux aspirations nationales du peuple palestinien.
Dr Hicham Mourad
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